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Azul / Azul Sintra, c’est pour quel motif ?

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 538 vues 17 minutes de lecture
Azul Azul Sintra, c’est pour quel motif

A l’occasion de la sortie prochaine du troisième opus de la série Azul, nous avons eu envie de faire une petite rétrospective des deux précédents jeux à base de carrelage portugais publiés par Next Move. Vamos lá!

Azul est un jeu tactique de draft et pose de tuiles… enfin, devrons-nous dire d’azulejos, qui sont des carreaux de faïence peints, introduits au Portugal et en Espagne par les Maures au XIIIème siècle ; son petit frère Azul : Les Vitraux de Sintra, quant à lui, fera de vous des maîtres-vitriers et reprend la même mécanique de jeu que son aîné, avec quelques twists stratégiques. Ces deux opus, qui sont respectivement publiés par Next Move (le laboratoire de développement des jeux abstraits de Plan B) en 2017 et 2018, nous ont été proposés par Michael Kiesling, un game designer allemand connu pour avoir notamment travaillé sur la « trilogie des masques » (Tikal, Java et Mexica) en collaboration avec Wolfgang Kramer, un autre pilier du game design moderne.

Le succès d’Azul fut tel qu’il lui a permis de rafler une belle brochette de récompenses, comme notamment le prestigieux Spiel Des Jahres 2018 ou l’As D’Or 2018 (pour ne citer que ces deux!). Prévu de 2 à 4 joueurs dès l’âge de 8 ans pour des parties de 45 minutes maximum, ces deux jeux largement plébiscités par tous ludistes confondus sont hissés au rang de classiques à posséder dans sa ludothèque.

Bon alors… Team Evora ?

Dans Azul, vous incarnez des maîtres-carreleurs qui sont chargés d’embellir le Palais d’Evora du Roi Manuel 1er qui, durant une visite en Espagne, fut conquis par les azulejos ornant le palais de l’Alhambra et souhaita la même faïence chez lui. Voilà pour le contexte ; mais parlons un peu mécanique de jeu. Au centre de la table, vous disposez entre cinq et neuf fabriques (suivant le nombre de joueurs) symbolisées par des cercles cartonnés sur lesquels vous disposez quatre tuiles piochées aléatoirement du sac ; celui-ci contient 100 tuiles de couleur (20 de chaque couleur). Chaque joueur possède un plateau de jeu individuel divisé en quatre zones : la piste de score, les lignes Motif, le Mur et enfin la ligne Plancher. Une partie se déroule sur de multiples manches, chacune composée des 3 phases suivantes : l’offre des fabriques, la décoration du mur du palais et enfin la préparation de la prochaine manche.

L’étape de l’offre des fabriques se déroule à tour de rôle ; chaque joueur choisit de piocher des tuiles d’une même couleur soit d’une des fabriques et repousse les autres au centre, soit de les prendre au centre. S’il est le premier joueur à le faire, il doit aussi prendre le jeton Premier Joueur et doit le poser sur la première case de la ligne Plancher. Ce jeton lui donnera un malus lors du décompte des points pour cette manche mais son détenteur aura l’avantage d’être le premier joueur au prochain tour. Les tuiles piochées doivent être placées sur les cases de lignes Motif de droite à gauche ; attention, la même couleur doit être alignée horizontalement ! Si vous piochez plus de tuiles qu’il n’y a de places sur la même ligne, les tuiles excédentes doivent être placées sur la ligne Plancher de gauche à droite ; ce qui vous donnera des points négatifs à décompter en fin de manche.

On passe à l’étape suivante lorsqu’il n’y a plus de tuiles ni dans les fabriques ni au centre. Tous les joueurs résolvent simultanément l’étape de la décoration du mur ; elle consiste à faire migrer une tuile horizontalement sur le Mur pour toute ligne complète et on défausse les autres dans la boîte, en commençant par la ligne du haut. Les tuiles dont les lignes sont incomplètes restent sur les lignes Motifs, en vue d’être complétées à la manche suivante. S’ensuit le décompte des points : chaque tuile posée vous rapporte un point (si elle est seule) et autant de points qu’il y a de tuiles formant une rangée ou colonne adjacente. Il existe des options non-négligeables pour marquer des points supplémentaires en fin de partie : si vous formez des rangées ou des colonnes complètes, voire recouvrez toutes les tuiles de même couleur. N’oubliez pas les malus de la ligne Plancher ! Enfin, la préparation de la prochaine manche : de nouveaux azulejos provenant du sac sont placés aléatoirement sur les fabriques et le jeton Premier Joueur est replacé au centre. Le joueur l’ayant pioché commence la nouvelle manche : la partie se termine lorsque la première rangée d’un joueur est complète !

… Ou plutôt Team Sintra ?

Un an après le succès d’Azul, la maison d’édition Next Move nous proposa Azul : Les Vitraux de Sintra, un spin-off standalone qui renouvelle le genre. Dans ce standalone, vous êtes cette fois-ci des maîtres-vitriers en charge de rénover les vitraux du Palais Royal de Sintra, aujourd’hui appelé Palácio Nacional da Pena, un établissement grandiose et exubérant de couleurs juché au sommet d’un des monts de Sintra, dans le district de Lisbonne, en veillant de casser le moins de verre possible.

En plus d’une piste de points commune à tous (contenant aussi la piste des 6 manches donnant un avantage couleur à chaque manche et une piste « verre brisé » faisant office de malus), chaque joueur possède devant lui un bâtiment composé de huit fenêtres verticales, uniques et recto-verso, comprenant chacune cinq emplacements pour les vitraux. Cette fois-ci, le but est d’être le joueur à avoir rempli le plus de vitraux au bout de 6 manches, donc le plus de points de victoire. Le tout en veillant de ne pas en casser au passage et donc… perdre des points.

A l’instar d’Azul, la mécanique de jeu de Sintra se compose des trois phases que vous connaissez désormais : l’offre des fabriques, la pose de vos tuiles de verre sur les colonnes vitrail et la résolution des points ainsi que la préparation à la prochaine manche. A tour de rôle, les joueurs prennent soit les tuiles de même couleur d’une fabrique (et repoussent les autres au centre de la table), soit les mêmes tuiles du centre. Comme dans une partie d’Azul, le jeton Premier Joueur vous permet de prendre l’avantage à la manche suivante, tout en descendant d’un cran sur la piste des verres brisés. Jusque-là, tudo bem.

Là où la mécanique se twiste, c’est que chaque joueur possède un pion Maître-Vitrier qui se place au-dessus de chaque colonne Fenêtre : vous ne pourrez poser vos verres piochés que sur la fenêtre située au-dessous du pion, ou celles de droite (celui-ci sera donc déplacé pour indiquer sur quelle fenêtre vous souhaitez travailler). Si votre stratégie vous mène à vouloir placer des tuiles sur les fenêtres les plus à gauche, vous serez contraints de perdre un jour de pioche afin de pouvoir déplacer votre Maître-Vitrier à gauche. Si par malchance, vous avez pioché plus de tuiles que d’emplacements disponibles, ces pièces sont considérées cassées et vont rejoindre la tour de verre ; votre piste de malus sur le plateau central descend d’autant de crans que de verres cassés. Arrive la phase de résolution des points : toute fenêtre complète octroie un point par tuile posée ET si des tuiles de couleur correspondent à la tuile-bonus du marqueur de tours, vous gagnez un point supplémentaire. Un verre descend sur les cases du bâtiment du bas pour indiquer que vous avez déjà rénové la fenêtre et vous pouvez retourner celle-ci pour dévoiler sa nouvelle face ; défaussez tous les verres résolus dans la tour de verre.

N’oubliez pas que toute fenêtre déjà remplie vous amène des points supplémentaires à condition qu’elle se trouve à la droite de celle nouvellement rénovée ! Une fois que vous avez pioché tous les verres sur les fabriques et le centre de table et résolu toutes les étapes de points, enlevez un verre sur la piste des six manches, remettez quatre tuiles sur les fabriques et la prochaine manche reprend avec le premier joueur. La partie se termine lorsque vous avez atteint la sixième manche !

Azul, ça casse des briques !

Que ce soit pour le jeu original Azul que pour son successeur Azul Sintra, nous avons affaire à deux très beaux jeux très réussis. La boîte du premier opus magnifiquement illustrée d’azulejos ou la seconde ornée d’un vitrail aux couleurs vives nous plonge directement dans le thème abstrait et très graphique du jeu. Deux belles boîtes carrées et colorées qui iront habiller à merveille votre étagère à cubes suédoise !

L’intérieur n’est pas en reste : Très beau thermoformage en couleur qui rappelle la dominance chromatique du jeu et un estampillage « Azul » ; chaque élément est à sa petite place. Comme on a affaire à un jeu de tuiles qu’il faut drafter, une pochette en lin et imprimée d’azulejos pour les contenir est présente ; bleue pour Azul, rose pour Sintra. Et cela donne vraiment beaucoup de charme à tout l’ensemble ! Les plateaux de jeu ainsi que les tuiles de fabrique sont en carton épais et très joliment décorés. Quant aux pièces représentant les carreaux de faïence ou les vitraux… quelle merveille ! Ces petites pièces carrées sont très esthétiques, magnifiquement parées de couleurs et de décorations rappelant toujours le thème du jeu. Si celles d’Azul respectent les couleurs de la faïence traditionnelle portugaise (du bleu, jaune ou rouge), celles de Sintra ressemblent à des petits bonbons translucides aux couleurs pop et acidulées. Mention spéciale à Sintra qui intègre un mode pour les daltoniens, grâce à des motifs gravés sur les pièces et que vous retrouvez sur le verso des fabriques pour les identifier. Le thème largement graphique donne ainsi beaucoup de profondeur à un gameplay simple à aborder mais qui demeure très tactique.

Dans les deux cas, le livret de règles s’aligne avec le reste du jeu : il est simple, clair, concis et très joliment décoré. Une petite introduction historique pour nous mettre dans l’ambiance du jeu y est présente. De nombreux exemples illustrant les différentes étapes de jeu sont également utiles si l’on n’est pas habitué à décortiquer des règles de jeu.

La mise en place y est extrêmement aisée et rapide : le seul paramètre qui change étant le nombre de fabriques à poser selon le nombre de joueurs. Toutes les pièces dans le sac, un joueur en installe quatre par fabrique et c’est parti ! Par ailleurs, la prise en main est tout aussi rapide ; on sera surpris par sa simplicité ludique et son accessibilité mais également par le potentiel stratégique qu’Azul a à offrir. Car la force d’Azul et d’Azul Sintra réside dans sa courbe tactique qui grimpe au fur et à mesure des manches ET des parties que l’on accumule au compteur ; on appréciera les parties pendant lesquelles on tentera de contrecarrer les stratégies des autres (« si je prends cette couleur, cela empêchera Untel de terminer sa ligne »), ajoutant de l’interactivité au jeu.

Si les joueurs novices trouveront du plaisir à jouer à Azul, les plus experts d’entre nous seront ravis de tourner leur plateau joueur pour découvrir la version « vierge » du mur : plus aucun motif ne vous guidera ; à vous d’être attentif à ne placer une couleur qu’une seule fois par ligne et par colonne ! Réflexion garantie !

Le petit frère Azul : Les Vitraux de Sintra est un poil plus complexe, car il faudra maîtriser l’emplacement du maître-vitrier afin d’optimiser la pose des tuiles et éviter ainsi de perdre un tour. La notion de compte à rebours des six manches, absente dans Azul, permet aussi de construire une stratégie plus offensive dès le premier tour ; on tentera par exemple de prendre les tuiles de la couleur bonus avant les autres joueurs et remplir sa colonne, quitte à sacrifier un tour ou quelques tuiles au passage. Légèrement plus stratégique, le jeu demeure accessible dans sa mécanique et sa fluidité ; il reste un jeu familial, original et subtil. Et c’est tout aussi réussi.

Le succès d’Azul et d’Azul Sintra réside dans la simplicité du gameplay, renforcé par un univers graphique original et soutenu. La mécanique et les méthodes de scoring sont fluides, entraînant des parties rapides et intenses. Vous ne risquez donc pas d’attendre trop longtemps que votre adversaire fasse son action ! Que vous jouiez à deux ou quatre, l’interaction sera intéressante car il faudra constamment vérifier les faits et gestes de vos adversaires. Les plus aguerris d’entre nous pourront corser le jeu d’Azul grâce à un kit de tuiles joker qu’il faudra ajouter dans le jeu en échange de certaines de base. Ces jokers pourront être utilisés à la place de n’importe quelle couleur mais ne serviront pas au décompte des points.

La rejouabilité résidera essentiellement dans l’envie d’explorer les différentes façons de remplir votre tableau et de marquer le maximum de points ; en effet, ces deux jeux deviennent extrêmement addictifs dès la première partie ! A l’instar des Pastéis de Nata, Azul et Azul Sintra ont un furieux goût de reviens-y !

Azul : Pavillon d’Été (Summer Pavilion) : jamais deux sans trois !

En août 2019, Next Moves nous annonçait la sortie prochaine d’un troisième opus de la collection Azul ; bienvenue à Azul : Summer Pavilion ! Et comme la recette fonctionne, Michael Kiesling nous propose à nouveau un jeu dont la mécanique demeurera similaire aux deux prédécesseurs. Comme d’accoutumée, vous êtes au service du roi Manuel 1er qui vous mandate cette fois pour construire sa future résidence de vacances. Summer Pavilion sera joué en six manches, pendant lesquelles vous piocherez dans les fameuses fabriques (que l’on ne vous présente plus !) les matériaux nécessaires à la construction de ce nouveau palais afin de remplir les espaces de votre plateau de jeu.

Ce plateau de jeu se compose de sept étoiles composées de six emplacements pour vos tuiles. Cette fois-ci, lorsque vous piochez des tuiles des fabriques, vous les placez à côté de votre plateau et non pas directement dessus. La façon dont vous remplirez votre plateau influencera évidemment votre score final. Une nouvelle mécanique apparaît : la présence de jokers et le fait que les tuiles contiennent désormais des valeurs numériques ; il faudra défausser certaines tuiles afin d’en placer une valeur équivalente. Par exemple : pour placer une tuile bleue de valeur 5, il faudra défausser de votre réserve 5 tuiles bleues ou des jokers.

Comme dans Azul Sintra, les six manches seront marquées par l’une des couleurs de tuiles et vous servira de joker et bonus pour le décompte des points. Les quelques photos promotionnelles nous promettent d’ores et déjà un matériel de qualité et un gameplay stratégiquement twisté pour un renouvellement haut en couleurs !

Azulément très réussi

Depuis leurs sorties respectives, Azul et son successeur Azul : les Vitraux de Sintra ont été des succès ludiques et commerciaux ; les récompenses gagnées par Azul 1er en attestent éloquemment.

Ces deux opus possèdent des atouts certains pour séduire les ludistes de tous horizons : un gameplay fluide, subtil et à la courbe stratégique intéressante ; c’est simple, efficace et c’est surtout très original. Les joueurs de tous âges et tous niveaux apprécieront de se prendre pour des apprentis-carreleurs ou vitriers. Car la force de cette série est qu’elle s’adresse à absolument tous les joueurs ; nous avons affaire à une mécanique moderne et intemporelle, le tout enveloppé d’un thème abstrait et inédit.

Si vous ne les avez pas encore adoptés, Azul et consorts deviendront rapidement votre classique familial en toutes circonstances. Et si cela est déjà le cas, que diriez-vous d’une petite partie après avoir lu cet article ?

Azul et Azul : les Vitraux de Sintra sont disponibles chez la majorité de revendeurs de jeux ; Azul : Summer Pavilion est actuellement en précommande sur le site de Next Moves et sera disponible physiquement à Essen, puis chez vos crémiers habituels.

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La fiche de Azul sur Board Game Geek
La fiche de Azul Sintra sur Board Game Geek
La fiche de Azul Pavillon d’Eté sur Board Game Geek

Rédactrice de l’article : Warda

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