L’univers est vaste. Immense. Des millards d’étoiles et d’innombrables galaxies. Autant de mondes et de territoires inconnus. Peuplés ou désertiques, inhospitaliers ou familiers, les possibilités et les rencontres sont infinies en ces lieux méconnus de tous. Mais depuis que le multivers a été développé, les chercheurs du monde entier sont passés de la théorie à la pratique. Et finalement, ce n’est pas le voyage dans l’espace qui aura pris vie. Non. Plutôt le voyage par des portails temporels via téléportation. Néanmoins, personne ne s’attendait à cela. La surprise aura été totale ! Les uns imaginaient déjà des planètes regorgeant de ressources. Les autres misaient sur des sociétés avancées partageant leurs technologies. Finalement, rien de tout cela. Point de matières premières ou de technologies hybrides. Les portails ne se sont ouverts que sur des lieux infestés de créatures encore plus terrifiantes que dans nos rêves les plus fous. Cruauté, acharnement, horreur… Il est temps de refermer la boîte de Pandore. Et vite !
Parfois, les jeux de société nous proposent de paisibles aventures dans des lieux familiers. Et d’autres fois, c’est la précipitation qui règne en maître pour éviter la catastrophe ! Dans Multiuniversum, on aura à nouveau recours à vos talents pour sauver le monde. Une fois de plus ! Vous commencez à y être habitués n’est-ce pas ? Et ce n’est autre que l’éditeur Board & Dice qui a eu la géniale idée de vous proposer ce défi dans sa version linguistique originelle. Mais cela, c’était avant que les frenchies de Boom Boom Games ne passent par là. Un petit éditeur que vous commencez sans doute à connaître désormais, avec ses localisations réussies de Dice City ou tout dernièrement Set A Watch. Ainsi, c’est donc la version française de Multiuniversum qui débarque désormais dans toutes les bonnes crèmeries.
Derrière cet opus qui risque bien de nous propulser aux confins du firmament, on retrouve l’auteur Manuel Correia. Les ludistes les plus chevronnés auront déjà entendu parler de lui avec le jeu Superhot The Card Games. Pour Multiuniversum, un à cinq joueurs pourront tenter de déployer tous leurs talents dans des parties entre vingt et quarante minutes pour un titre dont l’accessibilité est conseillée à partir de douze ans.
On vous le disait en introduction, des portails temporels ont été ouverts en direction de mondes hostiles, peuplés de créatures qui ne nous veulent pas que du bien. A vous donc de les refermer. Dans ce jeu exclusivement composé de cartes, vous préparerez vos outils dans votre laboratoire pour celer les portails. Encore faudra-t-il agir sur les bons transformateurs qui les alimentent en énergie, et avec les bons outils. Chaque monde ainsi refermé vous permettra de gagner des points de victoire. Si vous vous sentez aptes à relever le défi, on embarque immédiatement dans un résumé des règles du jeu afin que vous puissiez vous en faire une idée plus précise.
Une histoire de transformateurs…
En tant que scientifique, vous faites partie du projet top secret « Multiuniversum ». Comme le projet s’avère finalement dangereux, vous devrez refermer un certain nombre de portails temporels ouverts (différents en fonction du nombre de joueurs), ce qui mettra fin à la partie. En début de partie, cinq mondes sont ouverts en permanence, lesquels sont alimentés par des transformateurs.
Chacun joue à tour de rôle. A votre tour, vous pouvez effectuer jusqu’à trois actions grâce aux cartes que vous possédez en main. Ainsi, vous pourrez par exemple préparer un outil présent sur votre carte en le posant dans votre laboratoire. Vous pourrez aussi effectuer une des actions de la carte. Et finalement, défausser une carte pour en reprendre une autre dans la pioche. Finalement, vous refaites votre main à trois cartes et c’est au joueur suivant de débuter son tour.
Intéressons-nous à présent aux actions des cartes. Pour effectuer une action, il faudra déjà que votre pion scientifique soit positionné sur le transformateur de même couleur que l’action choisie. Alors, vous pourrez par exemple, vous déplacer sur un autre transformateur, prendre deux cartes dans la pioche, remplacer une de vos cartes par une de la défausse, ou effectuer l’action du transformateur. En effet, chaque transformateur propose une action spéciale qui agira principalement sur les cartes des mondes rattachés à chaque transformateur. Subsiste encore une dernière action sur vos cartes, sceller un portail. Cette action est la principale du jeu. Pour sceller un portail vous devrez utiliser les outils que vous avez préparés dans votre laboratoire. Sur chaque carte monde, se trouve une série différente de pictogrammes. Comprenez par là, les prérequis pour sceller le monde. Si vous disposez des bons outils, vous jouez l’action, vous défaussez les outils et vous vous emparez de la carte. Et de ses points de victoire !
Chaque monde scellés rapportera des points de victoire en fin de partie, tout comme certaines séries de mondes qui permettront également de scorer. Les outils restés inutilisés dans votre labo feront perdre des points.
Après le portail, sur votre gauche
Tant d’outils pour refermer autant de portails dans une si petite boîte ? Qu’a cela ne tienne ! A l’intérieur de ce coffret bien rempli, 110 cartes, cinq meeples en bois, douze jetons en carton et un livret des règles. L’éditeur a même pensé au petit sachet zip en plastique; le détail qu’on apprécie toujours. Ainsi, c’est une sympathique production qui nous est proposée là par l’éditeur. Rien de surfait et tout fonctionne parfaitement. A noter que sur la totalité des cartes, vingt-cinq composent l’extension, tout comme les jetons en carton. Car oui, on ne vous l’a pas encore précisé mais la boîte de jeu de Multiuniversum contient de base l’extension du projet Cthulhu.
Si les cartes d’action sont visuellement assez neutres et passe-partout, on aura eu beaucoup de plaisir à contempler les magnifiques illustrations des cartes portails. L’univers visuel du jeu et des mondes inconnus a été finement travaillé et le rendu nous a clairement convaincus. Un univers qui facilite également notre immersion dans Multiuniversum, c’est certain !
Le background de la thématique se veut bien amené avec un ensemble cohérent et plutôt orignal. Nous sommes clairement en pleine science-fiction et le amateurs du genre apprécieront. En revanche, le gameplay s’éloigne un peu du thème avec des actions qui se concentrent surtout sur le système de jeu et moins sur la cohérence de fermer ces fameux portails. Cela dit, on vous rassure, vous prendrez incontestablement du plaisir que vous appréciez le thème, la mécanique de jeu ou les deux !
C’est bien connu, dans les laboratoires, on adore compulser ou même produire des rapports, des documents de synthèse, des études… alors qu’en est-il des règles du jeu ? Le feuillet, du même petit format que la boîte de jeu, tient sur 24 pages, extension comprise. Pas de quoi paniquer, on vous l’a dit, le document est petit et se lit vite. Si la mise en page ne donne pas spécialement envie au premier abord, les informations apportent une clarté sans faille sur la compréhension du jeu. Quelques schémas, des exemples, des explicatifs des pictogrammes… voilà un livret d’une très bonne efficacité ! Ainsi, les joueurs pourront rapidement débuter une première partie, sans même revenir au livret des règles durant leur initiation.
Après une rapide mise en place, consistant uniquement à brasser les decks et à les disposer sur la table, les choses sérieuses peuvent commencer ! Avec son système de jeu facile d’accès, la prise en main de Multiuniversum ne pose aucun problème. On comprend instinctivement les mécanismes à mettre en place et où le jeu va nous en emmener en fin de partie. Tout est très clair rapidement. Pour le coup, tous les joueurs vont entrer dans le vif du sujet sans perdre trop de temps.
Dans Multiuniversum, on retrouve une bonne variété de mécanismes de jeu. Chaque joueur doit récupérer des cartes, utiliser des actions, collecter des outils et se déplacer sur l’espace de jeu. Ainsi, on retrouve essentiellement de la gestion de mains de cartes. Un élément central dans le gameplay. Tout le principe consistera à disposer de la bonne carte – ou des bonnes cartes – au bon moment. Avec les différents outils à collecter, on retrouve une certaine forme de gestion de ressources. Car oui, être en possession des bons outils s’avère vital mais si certains d’entre eux se retrouvent inutilisés, vous perdez des points de victoire. Par ailleurs, Multiuniversum introduit aussi des mécanismes de placement, de déplacement, des combos et de l’opportunisme. Le jeu implique que vous saisissiez les occasions qui se présentent à vous pour fermer les différents portails. Et avec ces cartes portails, on retrouve encore un gameplay qui fonctionne avec le principe des collections. Et bien sûr, chaque collection rapporte des points de victoire. Une petite part de hasard viendra en outre agrémenter les parties vu que le tirage des cartes s’effectue de manière aléatoire. Cependant, le jeu vous permet suffisamment de modifier vos cartes ou de vous adapter en vous offrant de nombreuses possibilités. Ainsi, n’espérez pas trop l’emporter grâce à la chance… Et finalement, on note encore ce que les joueurs passionnés aiment à appeler « in your face » ! C’est-à-dire, un gameplay qui permet de ne pas être forcément amical envers le jeu des autres. En effet, grâce aux transformateurs et à leurs habiletés spéciales, vous pourrez facilement mettre votre adversaire en déroute en remplaçant ou en modifiant les cartes portails actuellement en jeu. Ce qui s’avère assez frustrant et l’esprit de vengeance s’invite alors à la partie.
Avec seulement trois actions rapidement effectuées, vous aurez très certainement compris que les tours de jeu ne manquent pas de vivacité. En effet, une fois que la règle est assimilée par les joueurs, les différentes actions sont effectuées en quelques dizaines de secondes. Pendant le tour des adversaires, chacun surveille le jeu des autres, mais chacun peut aussi préparer ses actions. Au final cela va vite et il ne faut surtout rien lâcher ; la stratégie doit rester aux centre de préoccupations.
Grâce à l’extension Cthulhu, le jeu s’enrichit encore de règles supplémentaires mais surtout d’une bonne dose de chaos avec notamment la « folie » qui entre en jeu. Ainsi, vous pourrez perdre des cartes portails que vous aurez précédemment scellés, avec bien entendu, les points de victoire qui leurs sont assignés. Oui, la vie est parfois injuste !
Pour nous, Multiuniversum aura su tenir ses promesses. A l’intérieur de cette petite boîte, propice à un mode nomade, on retrouve du matériel de qualité et joliment illustré. Facile à prendre en main et facile à expliquer aux autres joueurs, il faudra faire preuve de réflexion. Forcément, fermer des portails vers d’autres mondes dans un laboratoire top secret, ce n’est pas si simple ! Qu’est-ce que vous imaginiez voyons ! Planifier, anticiper, utiliser ou encore taquiner les autres joueurs… si vous aimez les mécanismes multiples, vous allez être servis. Les parties ne sont pas trop longues et le jeu permet de jolis combos, ce qui donne souvent l’envie de proposer une revanche aux autres joueurs. On gardera une bonne impression de Multiuniversum avec ce jeu simple, tactique et qui offre des parties vraiment abordables.
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu en français
La fiche du jeu sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Boom Boom Games