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Lindisfarne, force, honneur et majorité !

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 612 vues 10 minutes de lecture

Réputé pour leur violence, leur bravoure, leurs aptitudes au combat et leur maîtrise de la navigation, les fascinants guerriers-explorateurs venus du Nord se firent connaître sous le nom de Normands, avant d’hériter d’un nom issu du vieux Norrois « Vika » et signifiant « aventuriers » : les Vikings. Et leur histoire débuta à Lindisfarne, le nouvel opus signé Runes Editions.

Lindisfarne : Force, Honneur et Majorité – Thor Aïe !

La Northumbrie du latin « Northumbria » est un royaume médiéval faisant référence aux Terres se trouvant au nord de la river Humber (de l’Angleterre actuel) et qui fut notamment envahie par le peuple des Angles. Une horde de guerriers germaniques probablement originaires de la péninsule d’Angeln aux alentours de 500 après Jean-Christophe.

In facto, le royaume de Northumbrie se constitua relativement rapidement par l’union de la Bernicie et du Deira et acquit sa notoriété du fait de sa participation active à la propagation du christianisme mais aussi et surtout pour Lindisfarne.  Non, pas le groupe de Rock-Folk des années 70 mais bien l’île située sur sa côte…

Accessible à marée basse, un peu à l’instar du Mont Saint-Michel, Lindisfarne abrite un château en ruines et accessoirement un monastère qui fut fondé en 634 par un moine irlandais prénommé Saint Aidan qui, à la demande expresse de ce bon vieux Roi Oswald de Northumbrie, accepta de jouer les missionnaires dans ce petit coin de paradis.

Le monastère devint très rapidement un centre névralgique pour la christianisation du Nord de l’Angleterre. Des moines de la communauté de Iona – de laquelle Saint Aidan était originaire – vinrent très rapidement s’établir sur l’île. Accumulant de vastes domaines fonciers et destinataire de nombreux dons, le monastère gagna peu à peu en importance. L’endroit abrita alors une concentration de richesses de plus en plus importante à la fin du 8e siècle dont les reliques de saint Cuthbert, ancien évêque de Lindisfarne (et le plus vénéré des saints northumbriens) et un manuscrit enluminé connu sous le nom d’Évangiles de Lindisfarne qui n’est autre qu’une copie illustrée en latin des Évangiles de Mathieu, Marc, Luc et Jean (Ils sont venus, ils sont tous là…) et qui fut très probablement réalisé à Lindisfarne par l’évêque Eadfrith au début du 8e siècle.

Malheureusement, ces richesses étaient mal défendues : ce qui en faisait évidemment une cible de choix. Et ce qui devait arriver, arriva. L’incursion totalement imprévue de pilleurs venant du nord eut un retentissement considérable, dont attestent encore aujourd’hui les lettres que le clerc anglo-saxon Alcuin écrivit à ses compatriotes. Il reflétait l’horreur et le désarroi que les locaux éprouvèrent face à l’attaque sauvage et inattendue portée contre un lieu que l’on aurait pu penser protégé par son caractère sacré… Alcuin y vit une manifestation de la colère divine. Mais d’une quelconque manifestion, ce fut surtout la première incursion d’un groupe de joyeux lurons de pirates-explorateurs très probablement issus de Norvège, que l’histoire qualifia sous le terme de Normand avant de lui coller l’étiquette plus généraliste de Vikingar.

Les fameuses lettres d’Alcuin donnèrent le ton quant à la légende des Vikings, dont les descriptions devinrent avec le temps de plus en plus horrifiantes. Cette tonalité dramatico-historique, non sans être saupoudrée d’une bonne couche de fantaisie, influença et influence encore aujourd’hui la perception que nous avons des Vikings. S’il n’est clairement pas établi que le pillage de Lindisfarne fut le premier acte de violence estampillé « viking » dans le nord de l’Angleterre, il marqua toutefois historiquement le début de « L’âge des Vikings », s’étendant entre le 8e et le 11e siècle et reste de nos jours, le pillage plus populaire du fait de la masse de documents qui relatent ces évènements…

L’ambition et la vengeance ont toujours faim

Et c’est justement de Vikings dont il sera question dans Lindisfarne, un jeu de placement de dés, de collection et de majorité conçu par Damien Fleury et Alain Pradet et illustré par Ann & Seb (Time Arena, Nemeton). Prévu pour 2 à 4 joueurs dès 10 ans pour une durée de partie moyenne de 30 à 45 minutes, le jeu est édité par Runes Editions. Disponible en boutique depuis le 9 octobre, le jeu a également été proposé lors de la Spielmesse d’Essen, et en version française bien entendu…

Le 8 Juin 793, le monastère de Lindisfarne est pillé par les Vikings et l’Occident découvre avec horreur l’existence de ces redoutables guerriers venus du Nord. Les raids vont dès lors se succéder dans toute l’Europe pendant plusieurs siècles permettant à ces valeureux Jarls d’accumuler trésors et prestige. Bonne nouvelle : vous êtes l’un d’eux… En tant que chef de votre clan, vous allez participer à la fête pour la gloire de Thor, Odin et ses potes et accessoirement surtout la vôtre. Mais l’imprévisibilité de la mer et vos rivaux soucieux de marquer l’histoire de leur empreinte, ne vous faciliteront clairement pas la tâche. Il vous faudra faire appel à votre qualité de stratège, aux dieux et aussi un peu à la chance. Faut pas déconner non plus, hein !

Les Vikings sont sur le dés-part

On commencera par mettre en place le plateau de jeu en disposant les trois modules disponibles de façon à former une carte maritime qui vous rappellera probablement quelque chose. Chacun des modules est composé d’une grille de trois lignes graduée de 1 à 6 colonnes qui serviront à marquer le passage des joueurs. Mais nous allons y revenir.

Lindisfarne compose avec trois type de cartes : les Cartes « Norvège », qui permettront aux joueurs d’acquérir des effets spéciaux et autres bonus sympathiques, les cartes « Destination » qui serviront à engranger des points de prestige (nous y reviendrons aussi plus tard) et les cartes « Objectifs » qui comme leur nom l’indique, serviront… allez vous avez trouvé ? Ben oui, d’objectif pour les joueurs et permettront également d’engranger des points de victoire en fin de partie. Dans un premier temps, il s’agira de mélanger 8 cartes Norvège aux cartes Destination pour ensuite placer 2 cartes face visible devant chaque module du plateau. Chaque joueur possédera 6 jetons à l’effigie de son clan qui seront utilisés pour marquer le passage des joueurs sur une destination.

Un partie de Lindisfarne se déroulera en 6 manches découpée en plusieurs phases. À son tour, chaque joueur aura la possibilité de choisir parmi 2 actions : soit  préparer une expédition ou rentrer au village.

S’il décide de préparer une expédition, le joueur lancera autant de dés qu’il a de jetons devant lui avant d’en affecter au moins 1 sur un (et un seul) des 3 modules du plateau. S’il n’est pas encore présent sur ledit module, il devra placer un jeton dans la colonne équivalente à la valeur du dé concerné et sur la première ligne inoccupée en partant depuis le haut. Tout jeton posé sur un module signifiera un dé en moins à lancer le tour suivant. Précisons, comme aurait pu dire ce bon vieux Connor Siegfried McLambert, qu’il ne peut y avoir qu’une seule ligne par joueur et par plateau.

S’il décide de rentrer au village, le joueur ne lancera plus de dés, ne partira donc plus en…? En…?  En expédition bien-sûr, on voit que vous suivez, et ne pourra donc plus poser de jetons sur les différents modules. Cependant, rentrer le premier chez Mémé comportera également un avantage dans la mesure où ce dernier deviendra ainsi le premier joueur de la manche suivante et recevra, qui plus est, un jeton « Rune ». Et là, vous allez nous demander, à quoi ces Runes peuvent bien servir… Tout simplement, à modifier la valeur d’un dé en l’incrémentant ou en le décrémentant d’une unité.

La fin de la manche interviendra lorsque tous les joueurs seront rentrés au village. On va dès lors comptabiliser les majorités sur les différents modules. Cependant, c’est là qu’une géniale petite subtilité va intervenir : chaque module sera décompté différemment. Alors que sur le premier module (le plus au nord), le joueur majoritaire sera déterminé en additionnant les valeurs des jetons viking, sur le second module, c’est le joueur avec la suite de valeur la plus longue qui sera majoritaire et sur le troisième et dernier module, c’est le joueur possédant la pile de jeton la plus élevée (indépendamment de la valeur) qui sera majoritaire.

Évidemment, et vous vous en doutez très certainement, être majoritaire sur un module donnera un sérieux avantage ! En effet, le joueur majoritaire pourra en premier choisir entre prendre une des 2 cartes Destinations du module ou piocher une carte Objectif. Les joueurs suivants procéderont de la même manière, ou presque. Dans le cas où les 2 premiers joueurs auraient ponctionné les 2 cartes Destinations, les troisièmes et quatrièmes joueurs ne pourraient alors plus piocher de cartes objectif. Dans tous les cas, un joueur ne pourra récupérer qu’une carte par module.

Une fois les majorités des 3 modules établi et résolus, on défaussera les cartes Destinations restante pour en piocher une nouvelle salve (par module) avant de repartir pour une nouvelle manche endiablée.

Toute bonne chose a une fin, sauf le saucisson qui en a deux

Après 6 manches, il sera temps de déterminer qui deviendra le King, le Big-Kahuna, LE Jarl le plus prestigieux et couvrira son clan de gloire ! Et autant dire que ce sera le Festival du slip en fourrure !

Les cartes « Objectif » remplies rapporteront 10 points, la majorité pour chacune des 6 Destinations rapportera 4 points et chaque carte Destination rapportera elle-même (selon indication) entre 0 et 2 points. Mais les cartes Destination permettront également (toujours selon indication sur ces dernières) de reconstituer des fresques qui rapporteront entre 2 à 20 points selon le nombre de carte détenues pas les joueurs. A tout cela s’ajouteront encore les modifications induites par les potentielles cartes « Norvège ». Il ne vous restera alors plus qu’à joyeusement additionner tous vos points pour déterminer le vainqueur.

Parmi les faibles, le plus fort est celui qui n’oublie pas sa faiblesse

Après l’univers d’Héroic-fantasy anthropomorphique d’Harald, le très médiéval King & Assassins, l’asiatico-kawai Meowtopia et le fantastico-magique Blackwood, Runes Editions, dont le nom n’aura jamais autant été de circonstance, nous propose un petit voyage dans le temps tonique avec cette incursion musclée chez les Vikingar. Nerveux, fluide, frustrant, plus tendu du slip que jamais et superbement illustré, Lindisfarne fait indubitablement mouche et confirme une fois de plus le flair du Jarl de Runes Editions Rémi Herluf Sigval Biarni Gruber pour dénicher les perles ludiques. Si vous aimez les jeux de majorité bénéficiant d’une forte interaction et proposant une pléthore de chemins pouvant vous mener à la victoire, Lindisfarne pourrait bien être votre prochaine escale…

La règle du jeu en français

Rédacteur de l’article : Patrick

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