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Notre Dame, luttes de pouvoir et corruption à l’ombre de la cathédrale

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 446 vues 11 minutes de lecture

Depuis le deuxième étage, la vue sur l’île de la cité est magnifique mais ce matin, un vent froid me glace les os. Le soleil n’est pas encore levé et les premières lueurs du jour laissent déjà apercevoir les ombres des gargouilles. Des ombres terrifiantes qui m’ont toujours donné l’impression que ces géants de pierre pourraient à n’importe quel moment prendre vie et venir hanter mon modeste chez moi. Un logis que j’occupe sous les toits, soumis aux intempéries et que parfois je partage même avec les volatils venus nicher dans « La Belle » voulue par De Sully. Mais à peine réveillé, il me faut me hâter car le bourdon doit résonner à l’heure faute de quoi le cardinal de Paris me jettera dans la rue. D’un geste ferme j’attrape la corde et même si mon dos me fait toujours affreusement souffrir, je m’y suspens de toutes mes forces. Il me faudra plusieurs impulsions pour que le balancier fasse résonner un puissant et magnifique fa-dièse. Le concerto que j’ai mis en marche résonnera encore pendant plusieurs minutes dans les tours de Notre-Dame, parole de Bossu !

Le matériel de jeu

Et puisque l’on évoque la cathédrale, l’un des symboles de la ville lumière, arrêtons-nous sur le titre du même nom, imaginé par Stéphane Feld. « Notre Dame » paru en 2007 nous revient dans une édition 10ème anniversaire, chez Alea, le studio core gamer de Ravensburger. La première édition avait été un succès et s’est imposée comme un véritable classique, limite un indispensable pour tous ludistes avertis. Dans cette réédition, on compte bien évidemment tout le matériel de base mais également une extension qui apporte de nouveaux personnages afin de renouveler l’expérience de jeu. Et l’éditeur a même ajouté à cette boîte événementielle, douze cartes « les routes commerciales » pour le jeu « Les Châteaux de Bourgogne », également disponible dans le catalogue Ravensburger. Mais revenons dans la capitale française où on vous précisera encore que Notre Dame se pratique de deux à cinq joueurs, pour des parties d’environ une heure, à partir de dix ans.

Mais alors, de quoi est-il question dans Notre Dame ? Flash back et retour au quatorzième siècle où vous incarnerez d’influents citoyens parisiens, rivalisant pour la prospérité et recherchant une plus importante renommée. Concrètement, vous chercherez à acquérir des points de prestige en vous lançant par exemple dans la construction d’une banque ou dans le subventionnement d’une résidence. En tant qu’homme influent, vous pourrez également corrompre de nombreux personnages pour bénéficier de leurs aptitudes. Mais au quatorzième siècle, la peste fait des ravages et vous devrez également veiller à la propagation de ce fléau. Le gagnant sera celui qui aura assuré le meilleur développement et la meilleure prospérité de son quartier parisien. Si vous vous sentez de taille à relever le défi, on vous résume sans plus tarder la règle du jeu.

De la corruption tu en feras un jeu…

Les cartes d’action

Une partie de Notre Dame se joue en trois manches et chaque manche se découpe en trois tours.

La première phase du tour consiste à révéler trois cartes personnages que vous pourrez corrompre en fin de tour. Tous les joueurs piochent ensuite les trois premières cartes action de leur deck et en prennent secrètement connaissance. Vient ensuite une phase de draft dans laquelle les joueurs conservent une carte, puis remettent le solde à leur voisin gauche. Le draft se termine lorsque tous les joueurs disposent de trois cartes en main.

Le premier joueur peut ensuite débuter sa phase d’action en posant une carte et en réalisant l’action correspondante (on vous détaille les actions un peu plus tard). Très souvent, il devra alors poser des cubes d’influence dans les divers emplacements de son quartier ou déplacer son pion « confident » pour réaliser l’action de son choix. C’est ensuite au joueur suivant d’effectuer son action, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les joueurs aient posé deux des trois cartes dont ils disposent. La dernière carte ne sera pas jouée, simplement défaussée.

Touchez ma bosse mon Seigneur…

Une fois la phase d’action terminée, pour une pièce d’or, les joueurs pourront décider de corrompre l’un des trois personnages disponibles pour ce tour. Chaque personnage dispose d’une capacité spéciale. Lors de la corruption, le joueur effectue immédiatement le privilège qu’il vient d’acquérir. Mais sur chaque carte de personnage pouvant être corrompu, un indicateur de peste est présent. Tous les joueurs vont alors voir leur épidémie se propager dans leur quartier en fonction du nombre total de rats indiqués sur les cartes de personnage. Et malheur à celui qui atteint la case 9 du niveau de poste. Le joueur en question perdra alors deux points de prestige ainsi qu’un cube d’influence du secteur majoritaire de son quartier.

Quand le tour est terminé, on renouvelle les cartes de personnage, le pion du premier joueur est remis au suivant et un nouveau tour peut débuter. Quand les trois tours d’une manche sont terminés, on évalue alors l’influence des joueurs présents sur la tuile de la cathédrale Notre Dame. Les joueurs se voient alors attribuer des points de prestige en fonction de l’importance de leur influence.

Finalement, le jeu se termine à la fin de la troisième manche et celui qui dispose du plus de points de prestige est déclaré vainqueur.

Quelques personnages

Revenons maintenant à la phase d’action, celle où vous devez jouer des cartes et poser des cubes d’influence dans les divers emplacements de votre quartier (séminaire, banque, résidence, relais de calèches, auberge, parc, hôpital et finalement, à Notre Dame). Le fait de poser des cubes sur vos quartiers va vous permettre par exemple de recevoir  autant de cubes d’influence de votre couleur que le nombre de cubes déjà présents sur votre séminaire. Idem pour les pièces d’or ou pour les points de prestige (banque, résidence ou auberge). Au relais de calèches, vous pourrez déplacer votre pion calèche sur un relais et bénéficier immédiatement de la récompense présente. Au parc ou à l’hôpital, vous pourrez aussi faire diminuer votre niveau de propagation de peste et réduire son étendue. Sur la tuile Notre Dame, vous offrez de l’or à l’Eglise en échange de points de prestige. Plus votre offrande est généreuse et plus votre récompense sera importante. Reste encore la dernière option possible, celle du pion Confident. Le confident se joue en lieu et place d’un cube d’influence sur n’importe quel emplacement de votre quartier. Vous réalisez ensuite normalement l’action correspondante. Lors de la prochaine sélection de cette action, le pion du confident devra néanmoins être obligatoirement déplacé.

Il ne vous reste maintenant plus qu’à débuter une partie…

Un indispensable du cube en bois

Le matériel de jeu (suite)

Tout juste revenu du 4e arrondissement de Paris, on se remet de nos émotions pour vous parler de Notre Dame. Une boîte signée Alea (Ravensburger) et illustrée de manière très originale. Au niveau de la couverture, un sympathique visuel représentant la cathédrale et pour les plateaux de jeu, des quartiers de Paris, façon plan, autour de Notre Dame. On relève au passage, la sympathique découpe des quartiers qui permettra de les placer de façon modulaire en fonction du nombre de joueurs. Mais le matériel de jeu c’est surtout des cartes, dans un style visuel particulier, qui exprime bien l’atmosphère graphique d’autrefois. On le répète c’est particulier, mais en se laissant prendre par la thématique, l’ensemble s’avère très cohérent.

Au niveau du matériel de jeu, on notera simplement que l’éditeur aurait pu imaginer des composants plus épais pour gagner en qualité. Mais une fois dépunché, tout s’utilise sans aucune difficulté. Petits personnages, calèches et cubes en bois, associés à une soixantaine de cartes et même le Bossu sur son support en plastique; tout y est !

Un thème bien exploité !

La règle du jeu se lit aisément et malgré le fait que nous sommes sur un euro-game stratégique, il n’y a vraiment aucun problème de compréhension. La prise en main de Notre Dame est aisée car les actions s’enchaînent très logiquement. Il faut néanmoins prendre le temps de consacrer quelques minutes lors d’une première partie pour comprendre comment les actions vont s’enchaîner. Notre Dame implique que le joueur mette en place divers mécanismes par activer certaines actions, lesquelles vont en activer d’autres etc. A chaque action, les joueurs devront optimiser leurs coups pour maximiser leurs chances d’obtenir des points de prestige. Et il faut bien avouer que Notre Dame est plutôt bien pensé car il permet de varier les stratégies. Le déplacement des calèches peut être un excellent moyen d’obtenir des récompenses, mais la tuile Notre Dame s’avère aussi un excellent générateur de points de prestige. A contrario, certains emplacements des quartiers seront plus intéressants en fonction de la direction que le joueur aura décidé de prendre. Est-il plus approprié de poser des cubes pour générer de l’or ou faut-il se concentrer sur le niveau de propagation de la peste qui augmente dangeureusement ? Tout le jeu sera ainsi de suite une éternelle pesée d’intérêts. Une très jolie profondeur de jeu, vous l’aurez compris, car il faudra obligatoirement s’orienter vers une façon de générer du prestige ; tout faire sera clairement impossible et bien entendu, contre-productif.

Dans Notre Dame, l’interaction avec les autres joueurs se fait régulièrement et de manière positive. Les joueurs ne s’affrontent pas directement mais se livrent à une véritable compétition aux points de prestige tout au long de la partie. Se faire trop distancer durant le jeu sera clairement de mauvais présage et le jeu demeure constamment « tendu ». Les joueurs seront même parfois forcés d’effectuer des actions en fonction des choix des autres compétiteurs. Par exemple, lors de la phase de corruption qui pourra être génératrice de nombreux points, surtout lors des derniers tours.

Un quartier, proche de Notre Dame

Le gameplay intéressera donc forcément les amateurs de « cube en bois » et les mécanismes qui pourront être mis en place sont vraiment bien pensés et fonctionnent à la perfection ! On comprend aisément que Notre Dame se soit imposé comme une évidence dans toute bonne ludothèque. Interaction, gestion de main et gestion de ressources, positionnement sur le plateau… Bref, nous avons clairement là, un jeu travaillé et très complet, qui n’est cependant pas des plus compliqués à prendre en main. Notre Dame, un excellent titre pour s’amuser et pourquoi pas se lancer dans la passion des « euro-game » !

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La fiche du jeu (10ème anniversaire) sur Tric Trac
La règle du jeu en français
Le site de l’éditeur Aléa, le studio de Ravensburger

Rédacteur de l’article : Léo

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