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Photosynthesis, faites-vous une place au soleil

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 351 vues 9 minutes de lecture

Cela fait déjà quelques semaines que je sens mes forces diminuer. Et depuis plusieurs heures, un vent froid et sec souffle sur toute la région. D’autres autour de moi sont déjà dans un état presque comateux. Nous n’avons pas bu une goutte depuis un bail et les rapaces volent maintenant au-dessus de nous. Le sol est tapis de feuilles sèches… Mais diable, que suis-je venu faire dans cette forêt ! Je pensais pouvoir y trouver mes racines, revenir aux sources ! Je me suis visiblement trompé. Je vais ainsi m’endormir ici, sans rien pouvoir faire, sans bouger, tel un homme tronc, immobile, et incapable de se tirer de ce mauvais pas. Vous êtes sans doute en train de vous demander ce qu’est toute cette histoire ? Et si je vous dit que je ne suis pas inquiet car au printemps je vais revenir à la vie, comme par magie. Mes feuilles vont se parer du plus beau vert et qui sait, je vais même fleurir à nouveau. Les oiseaux mais aussi quelques écureuils viendront squatter mes plus hautes branches. Là, vous comprenez mieux maintenant ?

Il était très attendu pour cette année 2017 et l’opus a fait une apparition remarquée au festival d’Essen. C’est bien « Photosynthesis », une grosse boîte de jeu proposée par l’éditeur Blue Orange. Avec un visuel particulièrement accrocheur signé Sabrina Miramon, le titre nous emmène sur une petite île, au cœur d’une végétation luxuriante. Là, les différentes essences d’arbres que vous contrôlerez, devront rivaliser pour pousser et contrôler le terrain, sous le regard bienveillant du soleil. Les joueurs mèneront leurs arbres au bout de leur cycle de vie, en se positionnant judicieusement pour s’emparer de précieux points de victoire.

Un jeu tout en finesse, délicat et poétique, prévu pour deux à quatre joueurs. Facilement accessible dès huit ans, les parties dureront en moyenne, 45 à 60 minutes. Et durant les parties, les joueurs manipulent des arbres en 3D, de différentes hauteurs, ainsi qu’un plateau reprenant le soleil, tournant autour de l’aire de jeu.

Disponible d’ores et déjà en plusieurs langues, Photosynthesis ne dispose d’aucun texte sur le matériel de jeu. C’est donc naturellement que les francophones peuvent ainsi s’essayer aux plaisirs arboricoles, dans la langue de Molière. Une véritable escapade vivifiante qu’on vous détaille sans plus tarder, juste après un « Y’a Koi Dedans » !

Y’a Koi Dedans ?

Un jeu pour petits et glands !

Dans Photosynthesis, chaque joueur prend le contrôle d’une essence d’arbre qui rivalise pour grandir et contrôler le terrain d’une petite île ensoleillée. Le but du jeu est d’avoir le plus de points de victoire à la fin de la partie. Les joueurs doivent optimiser la pousse de leurs arbres sur un total de 18 tours de jeu.

Chaque joueur dispose de 6 graines et de 14 arbres de tailles différentes. En début de partie les joueurs peuvent immédiatement utiliser 2 graines, 4 petits arbres et 1 arbre de taille moyenne. Chacun positionne 2 arbres sur le plateau de jeu et la partie peut commencer.

Le jeu se divise en tours comportant deux phases. La première phase est la phase d’ensoleillement. Le premier joueur doit déplacer le plateau soleil d’un quart de tour, dans l’angle suivant de l’hexagone de jeu. Chaque joueur reçoit ensuite des points de lumière pour chaque arbre qui ne se trouve pas à l’ombre d’un autre arbre (en fonction du sens des rayons du soleil).

La deuxième phase du jeu n’est autre que la phase d’action. Le joueur actif peut alors effectuer jusqu’à quatre actions différentes en utilisant les points de soleil qu’il vient de collecter (une seule action possible par case et par tour). La première action possible est l’achat. Contre 1 à 5 points de soleil, un joueur peut acheter une graine ou différents arbres depuis son plateau principal. Ces éléments deviennent ensuite disponibles pour être placés sur le plateau central. La deuxième action possible est de faire grandir un arbre placé sur l’aire de jeu, en dépensant 1 à 3 points de soleil. 1 point de soleil pour faire grandir une graine vers un petit arbre, 2 points de soleil pour faire grandir un petit arbre vers un arbre moyen et finalement, 3 points de soleil pour un arbre moyen vers un grand arbre.

Troisième action possible : planter une graine. Pour 1 point de soleil, un joueur peut planter une graine aux alentours d’un de ses arbres. A une case de distance d’un petit arbre, à deux cases de distance d’un arbre moyen, ou à trois cases de distance d’un grand arbre. Et la dernière action possible est de collecter des points de victoire. La seule façon de collecter des points de victoire sur le plateau central est de mettre fin au cycle de vie d’un grand arbre en dépensant 4 points de soleil. Le grand arbre est alors retiré du jeu et le joueur peut alors s’emparer d’une tuile de score en fonction de l’emplacement de son arbre. En effet, sur chaque case du plateau central, des feuilles y sont indiquées. Et plus la case comporte de feuilles, plus le scoring sera important. Quand tous les joueurs ont effectué leurs actions possibles, le tour de jeu prend fin et un nouveau débute.

La partie se termine quand le soleil a effectué trois tours complets. Les joueurs additionnent alors leurs points de victoire; celles de tuiles de score ainsi que les éventuels lots de trois points de soleil restants.

Les arbres, des rivaux insoupçonnés

Il faut bien le reconnaître, rarement le simple visuel d’une boîte de jeu nous avait autant accroché que celle de Photosynthesis. Bien sûr, chacun ses goûts en matière d’illustration. Mais là « wouaw », quel magnifique travail graphique ! Un petit arbre, au cœur d’une forêt, reçoit la chaleur et la lumière des rayons du soleil. C’est bon ! Nous voilà immédiatement plongés dans l’ambiance et dans la thématique du jeu.

A l’intérieur de la boîte de jeu, uniquement des éléments en carton ainsi que la règle du jeu disponible en plusieurs langues, dont le français. Les arbres sont tous composés de deux parties à assembler pour un joli rendu 3D très immersif. Une fois assemblés, plus besoin de les démonter car l’éditeur a prévu des petits rangements pour y stocker tous les conifères. Et cela, c’est plutôt malin car on sait bien que les éléments 3D en carton ne sont pas prévus pour être assemblés puis démontés à chaque utilisation. Fort de son expérience, Blue Orange a tout prévu !

Côté règle du jeu, on se retrouve avec un petit livret bien rédigé et très vite lu. Ainsi, les joueurs peuvent donc débuter la partie sans trop se perdre dans de longues explications. Même si la règle est très accessible, comptez néanmoins avec une partie de découverte avant de savourer pleinement le jeu et humer à plein poumons l’air vivifiant de la nature. Lors de la partie d’initiation, il n’est pas forcément évident de détecter immédiatement où le jeu va nous emmener et surtout, comment la jouer stratégique pour la fin de partie. Mais une fois le jeu pris en main, c’est une toute autre histoire et on optimise ses actions.

Le tour de jeu n’est pas compliqué et rapide. On fait le plein de soleil puis on se positionne dans la forêt pour scorer au maximum. Aucun hasard dans le jeu, toutes les actions sont contrôlées et doivent être réfléchies. Photosynthesis utilise principalement un mécanisme de placement stratégique. Et ce placement évolue en cours de partie avec la possibilité de faire grandir une petite graine en jeune pousse, puis en arbre… et même en grand arbre. L’immersion est vraiment bien réussie; on aurait presque envie de dire qu’elle est totale ! Même assez amusante si on y réfléchit bien. Des arbres qui se livrent à des rivalités pour se positionner au mieux ! Vous imaginiez cela vous de la part d’arbres ? Ils cachent bien leur jeu, eux !

Et tout au long de la partie, le jeu reste tendu et mieux vaut se positionner intelligemment. Les joueurs devront faire grandir leurs arbres au bon moment faute de ne pas recevoir de lumière du soleil. Et justement, voilà ce qui fait toute l’originalité du jeu : le soleil. Dans Photosynthesis, le soleil tourne perpétuellement autour du plateau de jeu, comme dans la réalité. Et si à un tour certains de nos arbres reçoivent le plein de lumière, le tour d’après cela peut être le contraire. Le jeu s’articule à 360 degrés, rythmé par les saisons qui passent, inlassablement.

Un petit mot encore sur les parties à deux joueurs. Le jeu tient clairement la route dans cette configuration mais il faudra alors que le duo soit bien d’accord de vouloir « s’affronter ». A deux, on peut imaginer de se développer – plus ou moins – chacun de son côté, mais il n’y aurait pas réellement d’intérêt. Si les deux joueurs ont envie de se « taquiner » en essayant de mélanger le positionnement de leurs arbres respectifs, les parties s’annoncent forcément réussies.

Pour nous, l’opus aura donc été une bien belle découverte. Tout d’abord avec son thème poétique, léger et particulièrement bien travaillé. Très immersif, Photosynthesis se prend en main facilement mais n’en reste pas moins stratégique, exigeant et avec une jolie courbe d’apprentissage. D’abord petite graine et finalement grand arbre, on ne peut espérer que la même progression pour ce beau jeu évoluant au rythme de dame nature.

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
La fiche du jeu sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Blue Orange

Rédacteur de l’article : Léo

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