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Le Parrain, des mafieux s’invitent chez vous

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 454 vues 15 minutes de lecture

Un peu de linge suspendu aux fenêtres et une chaleur de plomb. Ce petit village perché à flanc de colline accueille une folle ambiance qui bat son plein. Dans une propriété privée, un peu à l’écart du centre, un mariage y est célébré. Giovani, le petit dernier de la famille y épouse la cadette de la famille Cordani. L’alcool coule à flot et l’ensemble des invités semblent littéralement ivres de joie pour les deux tourtereaux. Mais, c’était sans compter ce qui se tramait « en coulisse ». Déguisés en serveurs, traiteurs et même en musiciens, il semblerait que des invités surprises se soient mêlés à la foule. Et personne n’y a véritablement prêté attention. Encore quelques minutes, un petit regard du coin de l’œil, la clope au bec, et voilà que ces individus sortent de nulle part des carabines Thompson semi-automatiques. La vengeance du clan Genovese débute !

Bon, cette fois les gars, on ne rigole plus ! Vous l’aurez compris, les mafieux sont dans la place et cela tombe bien car on voulait justement vous parler du jeu « Le parrain : l’Empire de Corleone ». Remarquez quand même comme on vous a tout gentiment amené le sujet ! Pas mal, non ? Pour ce jeu de plateau qui reprend directement le premier volet du film « Le Parrain », direction les États-Unis, là où tout a commencé. Car oui, c’est en effet en Géorgie, chez Simone… heu, pardon… chez CMON (Cool Mini Or Not) que la première version, en anglais, a vu le jour. Tout naturellement, le jeu a ensuite été localisé en français chez EDGE et l’opus est désormais disponible dans toutes les bonnes boutiques.

Pour coller au thème, on aimerait vous dire que « Le Parrain » est un jeu pour « la famille » mais… non, pas tout à fait. Prévu pour deux à cinq joueurs, pour des parties entre 60 et 120 minutes, le jeu est conseillé à partir de quatorze ans. Concrètement, le gameplay, facilement accessible, nous paraît tout à fait abordable dès douze ans. En revanche, on aurait envie de rehausser l’âge conseillé. Chacun décidera mais on parle bien de mafieux qui rackettent des commerces, trafiquent des armes et des stupéfiants et liquident des membres des familles adverses.

L’ensemble du matériel de jeu

Et comme souvent chez CMON, le jeu est estampillé « Éric Lang ». Un auteur très prolifique qui a maintenant officiellement rejoint l’équipe de l’éditeur et qui s’est imposé comme une figure en matière de création de jeux de société. On l’a notamment retrouvé aux commandes de jeux comme Arcadia Quest, Star Wars le jeu de cartes, The Others ou plus dernièrement le japonisant Rising Sun. Autant de titres connus et reconnus chez les amateurs d’ameritrash. C’est donc un vrai plaisir de le retrouver sur cet opus qui nous plonge au cœur du crime des années cinquante.

Dans « Le Parrain », chaque joueur prend donc le contrôle d’une famille mafieuse. Trois membres de la famille qui ne seraient rien sans leurs vils hommes de main. En quatre actes, il sera question de racketter des commerces de New York, marquer son influence dans les quartiers de la ville ou s’adjoindre les services de personnes influentes. Les joueurs, mèneront leur petit trafic, accompliront de basses besognes et gagneront de l’argent. Et si certains membres des familles adverses devaient s’avérer un peu trop gênants, n’ayez crainte, le fleuve Hudson les accueillera sans problème ! Avec une mécanique de placement d’ouvriers, seul un vrai ripou pourra l’emporter ! Serait-ce vous ?

Avant de vous dire pourquoi nous avons beaucoup aimé ce titre, on vous résume la règle sans plus tarder. Chapeau sur la tête, costume trois pièces et flingue en poche, on y va les gars…

Vas-y Gino, refroidis ces salopards !

Ça y est ! Vous voilà devenu le « Don » de votre famille. Une famille de mafieux cherchant à étendre son emprise sur le New York des années cinquante. Chaque joueur commence la partie avec un membre de sa famille, des hommes de main, un peu de cash (forcément !), des cartes « boulot », une valise en métal et des marqueurs de contrôle.

Le Parrain, l’Empire de Corleone se joue en quatre actes. Comprenez par là, quatre rounds de jeu. Ces rounds sont eux-mêmes divisés en cinq phases.

Des quartiers très prisés

La partie commence par la première phase qui implique l’ouverture d’une nouvelle affaire. Une tuile « affaire » est alors placée sur un emplacement vide du plateau de jeu. A noter que le plateau comporte déjà, de base, des affaires dans chaque quartier de la ville. Chaque affaire représente un commerce qui pourra être racketté durant la partie.

La deuxième phase est nommée « affaire de famille » ! Il s’agit de la phase la plus importante, celle qui constitue le cœur du jeu, durant laquelle les joueurs vont effectuer leurs différentes actions. A son tour, chaque joueur peut effectuer une action parmi quatre. La première action consiste à jouer un homme de main. Les hommes de main (figurines avec une base carrée) sont utilisés pour racketter directement des affaires. Le joueur positionne la figurine sur une affaire libre de son choix et récupère immédiatement les capacités affichées (par exemple gagner de l’argent, mettre de l’argent dans sa valise, échanger des cartes, piocher de nouveaux boulots, etc.). La deuxième action possible est de jouer un membre de sa famille (figurines avec une base ronde). Les membres de la famille rackettent toujours indirectement les affaires et se positionnent en périphérie des quartiers de la ville. Ainsi, ils marquent leur influence sur les territoires adjacents et y rackettent indirectement toutes les affaires de ces territoires. Comme le racket direct, le joueur récupère alors immédiatement les capacités affichées. Troisième action, accomplir un boulot. Chaque joueur dispose de cartes « boulot » qui lui permettent d’accomplir une action mafieuse. Ces actions auront des impacts directs sur les autres joueurs (liquider des membres de familles adverses, racketter de nouvelles affaires, accumuler de l’argent dans sa valise, etc.). Pour accomplir ces boulots, il faudra défausser des cartes de produits de contrebande. Ces produits s’acquièrent notamment, en rackettant des affaires. Quand le boulot est effectué et que l’effet est appliqué, le joueur gagne également du cash, dont les cartes vont directement dans sa main. Et la dernière action possible est celle de jouer un allié. Un allié est un personnage dont il faudra essayer d’acheter les services et qui procurera une capacité spéciale au joueur le contrôlant.

La troisième phase du jeu est une « guerre de territoire ». Durant cette phase les joueurs vont marquer l’influence qu’ils possèdent sur chacun des quartiers de la ville. Celui qui est majoritaire avec ses figurines (hommes de main et membres de sa famille), place un marqueur de contrôle sur le territoire en question. Au fur et à mesure que la partie se poursuit, les marqueurs de contrôle s’empilent dans chaque quartier.

Quatrième phase, celle de corruption. C’est maintenant le moment d’essayer de s’adjoindre les services de ces fameux alliés. Tous les joueurs, s’ils le souhaitent, peuvent miser de l’argent qui se trouve dans leur valise, pour acquérir une carte d’un personnage devenant allié. Ainsi, il est possible de corrompre le Maire de la ville, le Comptable de la famille, un Agent de police etc.

Dernière phase du round, le Tribut au « Don ». Hé oui, vous ne pensiez tout de même pas vous en tirer à si bon compte ? Durant cette phase, tous les joueurs doivent défausser des cartes de leur main jusqu’à atteindre la limite imposée par l’acte en cours.

Quand le round est terminé, les joueurs devront préparer le suivant pendant l’entracte. Toutes les figurines jouées ou qui se trouvent « zigouillées » et donc dans le fleuve Hudson, sont rendues à leur propriétaire. La figurine de Don Corleone est avancée sur le marqueur suivant. Un nouveau membre de la famille viendra s’ajouter aux personnages disponibles (lors des actes deux et quatre). Les boulots sont réapprovisionnés. Et finalement, de nouveaux alliés sont révélés et pourront être corrompus durant cet acte.

A la fin de l’acte quatre, la partie s’achève. Les joueurs vont alors bénéficier de bonus de fin de partie. Un premier bonus, en cash, est donné aux joueurs qui dominent chacun des territoires. Un deuxième est attribué au joueur ayant accompli le plus de boulots dans chacune des différentes couleurs. Une fois ces bonus attribués, les joueurs comptabilisent l’argent qui se trouve dans les valises, et forcément, le plus riche remporte la partie.

Fais-le pour la famille…

Un jeu inspiré d’un film ? Pourquoi pas ! Il faut dire que la thématique n’a pas manqué de susciter notre intérêt. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la surprise a totalement dépassé nos attentes. En termes de matériel déjà, dont le contenu de cette grande boîte est original et magnifiquement produit. Un grand et beau plateau de jeu, un deck de cartes, des jetons empilables en plastique, une boîte en métal pour chaque joueur et 36 figurines. De jolies figurines presque toutes différentes, finement sculptées et détaillées, pour lesquelles CMON est passé maître en la matière. Honnêtement, c’est superbe ! On vous propose d’ailleurs de les découvrir en gros plan au bas de l’article ; on vous a fait un petit shooting en studio.

Balancés dans l’Hudson

Le livret de règles est un document de 28 pages dont 16 consacrées directement à la règle. Bien aéré, le fascicule est richement illustré et avec des exemples ; il ne manque vraiment rien pour prendre en main le jeu. Une prise en main qui se fait d’ailleurs de manière très intuitive. Il s’agit là d’une des grandes forces de ce jeu qui permet justement de se lancer dans une partie de manière très aisée. Pas besoin d’une partie de découverte, le jeu est clair et tous les joueurs peuvent comprendre facilement la finalité. Finalement, être mafieux, ce n’est pas très compliqué !

Et si on évoque un opus qui se prend facilement en main, ce n’est pas pour autant que Le Parrain est un jeu simplissime. Les tours de jeu sont riches, variés et une salve de coup de mitraillette peut provoquer de jolis rebondissements ! Le titre nous a impressionnés par une profondeur de jeu à laquelle nous ne nous y attendions absolument pas. Il y a de la stratégie dans Le Parrain, de la réflexion, de la recherche de combots dans les actions. Et l’ensemble reste pourtant extrêmement fluide, logique et plaisant à jouer. Là, Eric Lang a effectué un très joli travail d’auteur !

Coté mécaniques de jeu, on se retrouve avec un placement d’ouvriers. Ou plutôt avec un placement de mafieux ! Les joueurs posent leurs figurines, effectuent les actions, puis on « reset » les différents emplacements. Le petit twist de cette mécanique se trouve avec les membres de la famille. En positionnant judicieusement ses personnages, il sera alors possible d’effectuer les mêmes actions qui sont pourtant déjà occupées par une figurine. La règle des territoires adjacents est vraiment maligne et apporte un réel plus au jeu. Associées à cela, on retrouve d’autres mécaniques comme la gestion de main, le positionnement, mais aussi un peu de bluff lors de la phase d’enchère. Dans ce jeu, il n’y a pratiquement aucun hasard. On planifie et on contrôle chacune de ces actions. Du moins, on essaie ! Et même quand on pioche des « boulots », on en prend deux pour conserver celui qui nous sera le plus profitable. Chez les ripoux, il n’y a pas de place pour l’improvisation !

Tous les mécanismes utilisés « matchent » ensemble et en font un système de jeu très logique et intuitif. Par ailleurs, on a été très surpris comme les actions « collent » parfaitement à la thématique du parrain. Par exemple, quand vous liquidez des adversaires, vous ne vous contentez pas simplement de coucher les figurines ou de les rendre à son propriétaire. Non, vous les balancez littéralement dans le fleuve ! Ou lorsqu’un allié est joué sur un territoire, il marquera directement son influence et pourra gêner des adversaires, mais au passage, vous aussi !

En termes de renouvellement, rappelons que nous sommes sur un jeu de placement d’ouvriers. Certaines actions resteront donc toujours les mêmes d’une partie à l’autre. Néanmoins, quatre affaires sont à chaque fois systématiquement piochées au hasard. Et le renouvellement vient essentiellement des différents « boulots » qui arrivent dans la partie de manière aléatoire et qui peuvent changer drastiquement le cours du jeu.

Dans une partie du Parrain, chacun vaque à ses occupations mais on dialogue et on cohmmunique beaucoup. Le jeu est propice à la discussion et à l’échange. On se questionne, on interagit ensemble avec le matériel de jeu, mais surtout, on s’offusque de se faire malmener par les adversaires ! Parce que oui… on vous avait dit que ce titre est particulièrement propice pour se faire des « coups tordus » ? Quoi qu’il en soit vous voilà maintenant prévenus. Même si vous pouviez légitimement vous en douter quand il s’agit d’incarner des mafieux qui essaient de rivaliser entre-eux.

Au final, on ne voit pas le temps passer. Non, vraiment pas ! On se laisse littéralement prendre au jeu et on arriverait presque à se dire qu’être mafieux, c’est plutôt amusant. Chez Jeudéclick, Le Parrain aura été l’une de nos plus belles surprises de ce début d’année 2018. Et on n’exagère pas ! Le titre se prend en main facilement mais offre des parties riches et variées. Le thème est omniprésent et il ne s’agit pas juste d’un placage effectué sur des actions basiques de pose d’ouvriers. Non, l’ambiance et les mécanismes ont été travaillés et cela se ressent indubitablement. Une fois la partie terminée, on veut en enchaîner une autre. Tester de nouvelles variantes, des nouveaux combots… Bref, devenir encore plus ripoux qu’auparavant. On ne peut donc que se féliciter qu’EDGE ait localisé cette petite merveille en français. Un grand jeu dans une grande boîte, l’opus nous tient vraiment en haleine jusqu’à la dernière seconde ! Parole de mafieux !

Maintenant à vous de vous forger votre propre avis.

Un aperçu des figurines

Le Parrain, la chronique du Professeur Board Game
Déballage du Parrain dans la Zone jeu de société
Le jeu sur le site de l’éditeur EDGE
La fiche du jeu sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur EDGE

Rédacteur de l’article : Léo

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