Quatre-vingts ans après une destruction totale, la Terre subit les effets de l’apocalypse. Des nuages de cendres privent encore partiellement notre planète du rayonnement solaire dont elle a besoin pour renaître. Cependant, un petit groupe d’humains, dont vous faîtes partie, est parvenu à survivre dans les souterrains fortifiés de l’ancienne cité.
La porte du bunker s’ouvre doucement. L’air, encore saturé de vapeurs chaudes, semble néanmoins respirable et quelques individus s’aventurent à l’extérieur après des dizaines d’années passées dans ces couloirs obscures et humides. A chaque pas, un faible crissement se fait entendre et la progression reste encore difficile dans ces rues devenues totalement inhospitalières. Mais à l’horizon, en dehors de la ville, le petit groupe d’hommes aperçoit un semblant de végétation qui paraît renaître, tel un appel vers un nouveau départ. L’incroyable nouvelle se propage rapidement à l’ensemble des survivants. Cette fois la décision est prise; l’humanité va renaître et la civilisation sera reconstruite. Plusieurs petits groupes se forment et tous n’ont qu’un rêve, parvenir à fonder en premier une nouvelle colonie. Mais la tâche ne sera pas si simple car la main d’oeuvre s’avère restreinte et les ressources très limitées.
Édité chez Bézier Games, pour des parties pour un à quatre joueurs d’environ 60 minutes, Colony nous plonge littéralement dans la reconstruction d’une nouvelle colonie après une terrible apocalypse. Colony est un jeu légèrement abstrait car il est composé de cartes et de dés. Chaque carte représente concrètement un élément ou un bâtiment de votre nouvelle colonie. En revanche, les dés blancs représentent les ressources stables dont vous pourrez disposer et les dés transparents, les ressources instables qui seront éphémères d’un tour à l’autre. Les ressources serviront à bâtir votre colonie et à la faire évoluer dans le seul but d’obtenir les points de victoire nécessaires afin de remporter la partie.
Chaque partie se compose de treize types de cartes différentes que vous pourrez acquérir grâce aux ressources à votre disposition. Mais le jeu est bien plus riche que cela et Colony propose presque une quarantaine de cartes différentes que vous pourrez choisir de manière aléatoire à chaque partie. Autant dire que l’expérience de jeu sera très souvent renouvelée. De plus, pour vous aider dans le choix des cartes et dans la mise en place de vos parties, l’éditeur vous propose gratuitement une petite application mobile disponible sur les différents « stores ».
Faut lancer « dédé » !
Chaque joueur va se munir de quatre cartes de base. La première permettra d’entreposer un maximum de six ressources stables. La deuxième offrira la possibilité de construire un nouveau bâtiment ou prendre gratuitement un jeton « Chipi ». Les jetons Chipi sont à utiliser au début de son tour et seront échangés contre une ressource instable (dé transparent). La troisième carte permettra d’échanger deux dés de même valeur contre un dé de ressource stable de la valeur de votre choix. Finalement, la dernière carte fera évoluer vos bâtiments vers une version améliorée « 2.0 ». Améliorer un bâtiment, consiste à retourner la carte choisie pour bénéficier de nouveaux effets et souvent, de points de victoire supplémentaires.
Initialement, tous les joueurs lancent trois dés blancs, lesquels constituent leurs ressources de départ. La partie peut maintenant commencer. Un tour de jeu est constitué de quatre phases. A son tour, le joueur actif récupère toutes les ressources stables (dés blancs) qui se trouvent dans son entrepôt et les place devant lui. Ces dés pourront être utilisés durant son tour. La deuxième étape consiste à lancer trois dés blancs puis il en choisi un qu’il désire conserver. Cette ressource stable est placée devant le joueur et pourra être utilisée à ce tour. Les deux dés restants sont draftés entre les joueurs suivants. A noter qu’à deux joueurs, le joueur actif pourra récupérer deux dés. Tous les dés en possession du joueur actif pourront être utilisés dans le but d’acheter de nouveaux bâtiments ou de les faire évoluer vers une version 2.0.
La troisième phase vous permettra d’activer les différents bâtiments en votre possession en appliquant les capacités spéciales de ces derniers. Vous pourrez également vous défausser d’un bâtiment 1.0 ou 2.0 pour récupérer des dés de ressources stables. À chaque fois qu’un bâtiment est activé, le joueur l’inclinera pour signaler que cette carte a déjà été jouée durant ce tour. Vous pourrez alors faire l’acquisition de nouveaux bâtiments en vous acquittant du coût indiqué en haut de la carte. Mais vous pourrez aussi activer divers effets ou récupérer différents dés en fonction des bâtiments en votre possession. Durant la partie, vous récupérerez également des dés de ressources instables (dés transparents). Ces ressources instables auront la même fonction que les dés de ressources stables sauf que si elles ne sont pas utilisées durant le tour, les dés seront défaussés et ne pourront plus être utilisés aux tours suivants. D’ailleurs, l’entrepôt en votre possession ne vous permet de stocker que des ressources stables. Si aucun bâtiment n’est construit durant votre tour, vous pourrez par ailleurs récupérer un ou des jetons Shipi. Ces jetons seront à échanger au début de votre tour contre des dés de ressources instables.
La dernière phase est la phase de nettoyage. Vous devrez alors redresser toutes les cartes activées durant ce tour. Les dés transparents non utilisés seront défaussés et les dés blancs de ressources stables seront remis dans votre entrepôt. Vous ajusterez également les points de victoire sur le tableau prévu à cet effet et c’est au tour du joueur suivant. Une partie de Colony prend fin lorsqu’un joueur a atteint 20 points de victoire (à deux joueurs), 16 points de victoire (à trois joueurs) ou 15 points de victoire (à quatre joueurs). Le gagnant sera alors certain d’être le premier à avoir fondé une nouvelle colonie !
Colony ou coolony ?
A notre avis, Colony pourrait tout à fait s’appeler Coolony ! Oui, parce qu’on a là un jeu plutôt « Cool ». Niveau matériel, une quantité de jolis dés, des matériaux de qualité et des cartes dont les illustrations collent bien à la thématique du jeu, dans un esprit très « cité ravagée ». On aurait pu imaginer des dés plus colorés afin que le jeu soit davantage vivant mais cela n’enlève rien à la qualité de Colony. Une mention toute particulière pour le thermoformage de la boîte qui se compose de quarante petits espaces de rangement pour les cartes (même sleevées !) avec une liste des composants pour le rangement. Sous la plaque des composants, tout le reste du matériel peut y être stocké sans problème sans que cela ne se déplace durant le transport. Et on peut vous garantir que l’on a passablement « secoué » la boîte, rien ne bouge ! Bien joué Bézier Games !
La règle du jeu est relativement vite lue avec ses sept pages d’explication. Le reste du document détaille chaque carte du jeu ce qui est particulièrement pratique quand on souhaite obtenir des précisions sur l’effet d’un bâtiment. En outre, des petites aides de jeu sont disponibles dans la boîte. On s’en passe très vite après quelques tours de jeu mais dans les première parties, cela s’avère bien pratique. L’éditeur a encore une fois orienté son matériel pour que les joueurs s’y retrouvent facilement.
Un tour de jeu se déroule simplement; on lance ses dés, on effectue sa sélection, on procède aux activations et aux achats puis on prépare son prochain tour et on note les points de victoire. Que c’est simple ! Que c’est fluide ! Les tours de jeu s’enchaînent donc rapidement et quand ce n’est pas son tour, on ne reste pas oisif. On sélectionne ses dés lors des lancés des autres joueurs et surtout, on surveille les stratégies mises en place par les autres pour s’adapter et réagir au bon moment; c’est essentiel ! Au fur et à mesure de la partie, on se retrouve complètement plongé dans une optimisation de ses ressources et dans la meilleure façon d’accumuler des points de victoire. Les cartes vont devoir comboter pour récupérer de plus en plus de ressources et gagner le plus rapidement possible des points de victoire. Colony est donc un excellent mélange entre collection, jeu de dés, optimisation, combot, où le hasard n’a que très peu de place. Si on devait trouver un léger point négatif, ce serait le fait que durant la partie, nous sommes tellement absorbés par les optimisations des ressources, qu’on en oublierait presque la thématique du jeu et le fait que l’on achète pas « juste des cartes » mais bien des bâtiments dans le but de créer une nouvelle colonie.
On vous conseille finalement d’utiliser la petite application mobile pour la mise en place de vos parties, ce qui est bien pratique quand on veut personnaliser son jeu. Pour des parties à deux joueurs, vous allez vite vous rendre compte que certaines cartes sont à retirer (comme par exemple les cartes violettes permettant des échanges) car elles prennent tout leur sens uniquement pour des parties à trois ou quatre joueurs. Mais cette personnalisation du deck est plutôt intéressante si on y réfléchit bien.
A noter que pour l’instant (janvier 2017) Colony n’existe pas en français et qu’aucune traduction francophone des règles n’est disponible. Le jeu comporte néanmoins très peu de texte sur le matériel et on vous donne quelques vidéos sympas, ci-dessous, pour pouvoir y jouer sans soucis. Merci à Davy de DéludiK et à Zone jeu de société.
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
Le site de l’éditeur Bézier Games
La fiche du jeu sur Boardgamegeek
La vidéo d’explication en français par Déludik
Une cession de jeu signée « Zone jeu de société » (suite dans la vidéo no. 2)
L’application Colony Setup pour iOS et Android