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The Gallerist, l’Art ludique vous connaissez ?

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 727 vues 12 minutes de lecture

Le père de Till a profité de leur petit séjour dans la Capitale pour l’emmener au Musée d’Orsay. Dans l’ancienne gare Parisienne, l’enfant est émerveillé devant le nombre d’œuvres, structures ainsi que devant l’architecture de cette gare. Vers la fin de la visite, au niveau supérieur du musée, le père et le fils entrent dans la salle 29 où les œuvres de l’impressionniste parisien Claude Monet sont exposées. Ils contemplent ces dernières et leur regard s’attarde sur le tableau nommé « Coquelicots » peint en 1873. Le père de l’enfant explique que l’œuvre est inspirée des paysages lumineux que l’auteur trouva à proximité d’Argenteuil, le lieu de résidence de ce dernier. Cette peinture est une des œuvres majeures de la période impressionniste et également l’une des plus célèbres de l’auteur. L’enfant se mit à rêver devant le tableau et suite à la visite au musée, il se dit que quand il serait grand il aimerait bien travailler au milieu de si belles œuvres !

En juin 2015, la plateforme de financement participative au grand K vert voyait arriver un nouveau projet ludique. Celui-ci est le fruit d’un auteur portugais connu à l’époque notamment pour ses jeux Vinhos, CO2 et Kanban. Vous avez trouvé ? En effet il s’agit de Vital Lacerda avec le jeu The Gallerist. Il est édité par Eagle-Gryphon Games et illustré par le tout aussi connu illustrateur australien, Ian O’Toole.

Ce projet de jeu fut financé avec succès alors que la plateforme n’était pas aussi populaire que de nos jours avec un financement total de plus de 119’000 dollars et pas moins de 1’600 contributeurs.

Prévu pour 1 à 4 joueurs pour des parties allant d’une à trois heures de jeu selon le nombre d’artistes attablés, The Gallerist vous propulse à la tête d’une galerie d’art. Dans ce jeu expert, vous devrez attirer des visiteurs dans celle-ci, découvrir de nouveaux artistes et faire prendre de la valeur à leurs œuvres de façon à les revendre avec de beaux bénéfices. Mais attention la concurrence est rude et vous n’êtes pas le seul à vous arracher les plus belles œuvres du marché.

Manet ou Monet ?

Votre objectif dans The Gallerist est d’être le gérant de galerie le plus riche à la fin de la partie. Pour cela vous allez jouer une succession de tours jusqu’à ce que la fin du jeu soit déclenchée. A l’issue de celle-ci, un décompte final à lieu et celui d’entre vous ayant la galerie la plus attractive et lucrative sera couronné vainqueur.

Le principe est assez simple. A votre tour, vous devrez déplacer votre galeriste sur l’un des 4 emplacements du plateau principal. Puis, vous devrez choisir l’une des deux actions de l’emplacement choisi et exécuter cette action. En plus de cette action, vous pouvez faire une action bonus avant ou après l’action principale. Egalement, si vous vous déplacez sur un lieu où se trouve un autre joueur, vous le remplacez et lui donnez la possibilité de faire une action dite de remplacement.

Les quatre emplacements de jeux sont la résidence des artistes, le bureau commercial, le centre des médias ainsi que le marché international. Dans le premier, vous avez la possibilité de découvrir des artistes ou d’acheter des œuvres d’art pour les exposer dans votre galerie. La seconde zone, vous permet de récupérer un contrat de vente ou de vendre une œuvre exposée. La suivante a pour but de promouvoir un artiste faisant augmenter la valeur de ses œuvres ou de récupérer des assistants vous aidant dans vos diverses tâches. Le dernier emplacement permet d’envoyer des assistants afin de récupérer des bonus ou de se placer pour enchérir lors de la vente aux enchères finale.

Une des clés de ce jeu est de déplacer les visiteurs de la place centrale vers les lobbies (entrées des galeries) et surtout dans votre galerie d’art. Pour cela, tout au long de la partie, vous récupérez des tickets que vous pouvez défausser comme action bonus de façon à déplacer un visiteur de la couleur du ticket d’une zone vers votre galerie : place > lobbie > galerie.

Surréaliste, impressionniste…

Nous avons été habitués par une très grande qualité d’édition des jeux de Vital Lacerda, avec le mélange Eagle-Gryphon Games pour l’édition, Ian O’Toole pour la partie graphique et une plateforme Kickstarter pour financer le tout ! Et au final, nous sommes vraiment séduits. Une grande boîte de jeu avec un insert termoformé très bien pensé. Un très beau plateau, des tuiles œuvre d’arts en carton bien épais, des jetons et des pièces en carton tout aussi épais et un certain nombre de meeples et jetons en bois colorés de très bonne facture. A cela, on rajoute quelques cartes toilées et des plateaux de joueurs de qualité tout aussi égaux au reste du matériel. Nous avons un très bon mélange améliorant grandement le plaisir de jeu ! Et oui le plaisir passe également par le matériel et pour The Gallerist nous sommes ravis de celui-ci !

Au niveau du graphisme, l’ensemble est très harmonieux et les illustrations de Ian O’Toole sont tout simplement magnifiques. Le petit plus est que chaque œuvre d’art est unique et on peut trouver la provenance et l’auteur en fin de livret des règles. Au niveau de la lisibilité du jeu, cela est très agréable car il n’y a pas de texte sur le matériel, seulement un ensemble de pictogrammes facilement compréhensible. Ce qui fait que bien que le jeu soit en anglais, avec la règle française existante (fan made), tout le monde peut la comprendre sans aucun problème.

Dans The Gallerist on se prend vraiment à jouer un conservateur et un marchand d’art. Tout se prête à l’immersion; des graphismes, aux actions possibles, on a vraiment l’impression de participer à cette activité.

The Gallerist est un jeu original de par son thème peu exploité dans le secteur ludique, mais également de par la qualité de ses composants. Même si entre l’auteur et l’éditeur, on commence à être vraiment habitué. Et pour notre plus grand plaisir !

Pour des joueurs avertis, la règle du jeu est assez facile à prendre en mains, en tout cas pour un jeu expert. Attention quand même, nous sommes sur un jeu expert qui ne se destine absolument pas à des joueurs débutants. Une certaine pratique des jeux de société est de mise. Non pas que la règle soit difficilement compréhensible, mais la multitude de paramètres et de mécanismes à gérer, demandent un peu d’expérience. Bien que de base, le document soit en anglais, il existe des traductions faites par des fans avec une mise en page équivalente à l’originale permettant de pouvoir la comprendre dans la langue de Molière. Si la règle paraît tout de même complexe, une fois comprise elle s’explique assez facilement mais il faudra tout de même compter une bonne vingtaine de minutes avant que votre tablée puisse être prête à commencer une partie.

Au niveau de la mise en place, elle est relativement courte. Comptez environ cinq minutes. Cela se justifie par le thermoformage intelligent permettant de récupérer rapidement les divers éléments de jeu et de les placer à leurs emplacements respectifs.

Une fois les règles assimilées et la mise en place effectuée la prise en main demande un peu de temps. On peut se sentir perdu au début de notre première partie. On connait le but du jeu mais on ne sait pas trop par quel bout commencer et il faudra quelques tours de jeu – voire même une partie de découverte – afin de pouvoir tenter de mener une stratégie vers la victoire. Cela n’est pas dû à la complexité des mécanismes de jeu qui sont assez accessibles (placement d’ouvrier et utilisation de bonus) mais plutôt par le système de scoring qui est multiple et parfois même un peu obscure. Lors de notre première partie, on voit apparaître – ou pas – des points de victoire plutôt non prévus.

Lors d’une partie de The Gallerist, les tours sont très brefs. On effectue notre action et de temps en temps l’action bonus et c’est au tour du joueur suivant. Cela est intéressant car il n’y a pas de temps mort et on ne voit pas le temps passer. Ces tours sont assez intenses car clairement, on n’a pas le droit à l’erreur. Il faut optimiser au maximum les actions choisies. De plus, les interactions sont légion, d’ailleurs plus il y a de joueurs autour du jeu et plus les interactions sont nombreuses. Que ce soit sur le nombre d’emplacement d’actions disponibles, sur le partage des auteurs et leur notoriété ou encore la zone du marché international. On doit vraiment avoir l’œil sur nos concurrents et se montrer opportuniste par rapport à eux si on souhaite accéder à la victoire. Ces interactions incessantes apportent à The Gallerist une forte tension lors des parties en cours.

Ce qui est bien avec les œuvres du « Senhor Lacerda », c’est qu’il y a souvent une très grande rejouabilité et ce titre ne fait pas exception. Le nombre d’œuvres à disposition, le fait qu’on choisisse aléatoirement quelques artistes parmi l’ensemble à disposition ou encore les différentes interactions, toutes ces raisons participent à une grande rejouabilité.

En solo dans le musée

Dans les règles de The Gallerist, une variante solo est disponible. Dans cette variante, le joueur affronte un bot (Lacerda) qui va voir son pion d’action faire le tour du plateau de jeu en cherchant à vous mettre des bâtons dans les roues. Si ce bot n’effectue pas d’actions à proprement parlé (mis à part se placer sur les bonus et sur les enchères), il fera tout pour accélérer la partie vous forçant à prendre des décisions le plus rapidement possible.

Le but d’une partie en solitaire est de pouvoir réussir un certain nombre d’objectifs. Il y a 3 niveaux prévus augmentant les objectifs ciblés ainsi que leur difficulté.

La variante est très agréable à jouer et le ressenti est qu’il y a beaucoup de tension durant la partie. Lacerda est terrible et on a constamment le sentiment qu’il nous manque du temps pour pouvoir atteindre les objectifs déjà difficilement atteignables.

Les parties solitaires durent entre 45 minutes et 1h ce qui rend le jeu particulièrement accessible dans ce mode de jeu.

1, 2, 3… on Louvre !

Que l’on soit seul ou à plusieurs, le plaisir de jouer à The Gallerist est réel. L’ambiance est vraiment agréable et on va pouvoir titiller facilement nos partenaires de jeu lorsqu’on leur chipera le bonus tant convoité. Mais il est évident que le sérieux et la réflexion seront tout de même les clés de la partie.

Encore une fois, on peut dire que l’auteur a réussi avec The Gallerist un œuvre ludique de très grande qualité. Nous avons envie de jouer et rejouer à ce jeu qu’on soit seul ou plusieurs. Il fait partie à notre avis des jeux qui même s’ils ne sortent que rarement, trouvent toujours une place dans une ludothèque et souvent à côté d’autres jeux de l’auteur !

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
La fiche du jeu sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Eagle Gryphon Games

Rédacteur de l’article : Sylvain

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