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Atlantes, un jeu tout en profondeur

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 703 vues 16 minutes de lecture
Atlantes, un jeu tout en profondeur

Là où certains imaginent un silence absolu, le fond des mer vit des heures mouvementées. En ce jour, le Roi des Océans a convié tous les habitants des abysses. L’effervescence est palpable et il semble évident que quelque chose d’important se prépare. Dans sa tenue pourpre et après une longue attente, le souverain fait son apparition. Courbettes et nageoires recourbées sont de rigueur. Très rapidement, le Roi des océans entre dans le vif du sujet. Et à la surprise générale, voilà qu’il annonce une nouvelle ère de conquête. Pour apporter gloire et prospérité aux habitants du fond des mers, le royaume doit s’étendre. Conques et cornes de brume raisonnent alors dans les profondeurs… Et bien sûr, vous êtes clairement invités à participer à l’extension du Royaume !

Une petite plongée dans les profondeurs, cela vous dirait ? Si vous avez enfilé votre scaphandre et chaussé votre paire de palmes, vous êtes définitivement prêts pour une petite partie du jeu « Atlantes ». Cette nouveauté de la rentrée, localisée par Gigamic, accoste dans tous les ports ludiques du pays. Suivez le guide et surveillez bien votre jauge d’oxygène…

Vous en avez sans doute déjà entendu parler sous le nom d’Aquatica… C’est ainsi que l’éditeur Cosmodrome Games l’a édité l’année dernière dans sa version anglaise et nous avions évoqué ce jeu avec vous lors de notre sélection de titres pour Essen 2019. Visiblement, nous n’étions pas les seuls à l’avoir repéré puisque l’éditeur Gigamic nous avait annoncé le portage francophone du titre en janvier 2020. Aquatica, devenu Atlantes arrive donc dans la langue de Molière et se positionne comme une bien jolie découverte de cette rentrée.

Aux commandes du titre, l’auteur russe Ivan Tuzovsky, qui signe là son premier jeu. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a mis la barre haute avec un opus destiné pour un à quatre joueurs, pour des parties d’environ une heure, accessible à partir de douze ans. Surtout que le jeu s’est rapidement positionné comme un titre proposant une belle accessibilité, mais avec une forte réflexion. Évidemment… un jeu thématisant le fond des mers ne pouvait que proposer une importante profondeur !

Dans Atlantes, vous incarnez un Roi des Océans. Ni plus, ni moins. Et en bon souverain que vous êtes, votre objectif consistera à apporter de la gloire et de la prospérité à votre peuple. Pour parvenir à vos fins, vous devrez accroître votre territoire et recruter différents personnages qui viendront vous prêter main forte. Le système de jeu repose sur des combos de cartes que vous devrez effectuer. Les nouveaux lieux qui seront les vôtres vous permettront de déclencher des actions et vous pourrez mettre en place de puissants combos. Mais vous constaterez que les options qui s’offrent à vous sont bien plus riches que cela… Et quoi de mieux qu’un petit résumé des règles pour vous faire une idée nettement plus précise !

Acheter ou conquérir, il faudra choisir

C’est décidé, le Roi des profondeurs c’est vous ! Et en bon souverain, vous cherchez à étendre votre royaume et à collecter le maximum de points de prospérité, synonyme de victoire. Mais attention, les autres monarques feront de même.

Chacun joue à tour de rôle. Lorsque vous devenez le joueur actif, vous devez effectuer une action principale et autant d’actions secondaires que vous désirez. L’action principale, consiste à jouer une des six cartes personnages de départ que vous disposez en main. Chaque carte vous oblige à effectuer une ou plusieurs actions diverses que nous vous expliquerons ci-après. Puis, vous pourrez effectuer autant d’actions secondaires que vous désirez, sachant qu’elles consistent à utiliser l’un des bonus de vos mantas, ou à exploiter un lieu qui se trouve sur votre plateau individuel.

Maintenant que vous avez appris en quoi consiste le tour de jeu, intéressons-nous aux actions. Dans Atlantes, vous pourrez par exemple recruter de nouveaux personnages qui s’ajouteront à votre main de cartes. Ces personnages se trouvent sur le plateau central et vous les acquérez en payant un coût en pièces d’or. Vous pourrez aussi acquérir un lieu qui se trouve également sur le plateau central. Soit en l’achetant avec de l’or, soit en le conquérant avec des points de pouvoir. Chaque lieu acquis vient ensuite se positionner dans une encoche de votre plateau individuel. Ce qui nous amène à une autre action possible; exploiter un lieu. Chaque lieu dispose de différents niveaux qui s’épuisent lorsque vous les utilisez. Et chaque niveau procure de l’or, des points de pouvoir ou d’autres effets. Quand un lieu est épuisé, une action spécifique permet de gagner des points de prospérité puis le lieu est retiré de votre plateau. A noter que dans Atlantes, vous ne pouvez pas collecter les ressources mais vous pouvez exploiter vos lieux et vos mantas pour cumuler suffisamment d’or ou de pouvoir pour acquérir les lieux et recruter des personnages. Il faudra donc faire comboter certaines actions. Finalement, vous pourrez encore explorer les profondeurs pour renouveler les lieux disponibles sur le plateau central. A noter que quatre objectifs sont présents sur le plateau central et à tout moment, vous pouvez en revendiquer pour marquer des points de prospérité.

Et lorsque vous ne souhaitez ou ne pouvez plus effectuer d’actions, votre tour se termine et c’est au tour du joueur suivant. La partie se termine quand une des pioches est vide ou quand un joueur a revendiqué ses quatre objectifs. On procède ensuite au décompte des points de prospérité et on détermine le vainqueur.

Dans le grand bain des combos…

Atlantes, c’est une belle grosse boîte de jeu et on ne résiste pas bien longtemps à l’envie d’ouvrir le couvercle. A l’intérieur, tout est très bleuté et nous voici immédiatement en immersion totale. On y trouve un grand plateau de jeu, quatre plateaux individuels en carton avec double layers, plus d’une centaine de cartes, quelques jetons en carton, trente-neuf figurines de mantas en plastique très solide, et un livret des règles. Le tout, rangé dans un thermoformage aux couleurs de l’océan; un magnifique bleu ! Une production réussie et un matériel de jeu agréable à manipuler. Les plateaux individuels permettent correctement d’y inclure les cartes de lieux, et mention spéciale pour les petites mantas en plastique qui sont tout simplement magnifiques et très originales. On aurait cependant aimé des aide de jeu, rappelant les actions possibles et les pictogrammes du jeu. Cela est un peu manquant à notre avis. Peut-être que l’éditeur pourrait y penser pour un prochain tirage.

Thématiquement, l’ensemble du jeu se veut très cohérent. Le sujet a été joliment mis en valeur par les illustrations du duo Andrew Modestov et Artur Varenye. Les composants permettent de s’amuser avec le thème des Atlantes – plus généralement avec celui du fond des mers – et on prend du plaisir à évoluer dans ce contexte. On note aussi une bonne adéquation avec le gameplay. Ce n’est pas trop plaqué et on ressent bien, par exemple, le fait d’exploiter des lieux ou même de déclencher des effets dont seuls certains personnages recrutés en sont les gardiens.

Les règles s’articulent dans un livret au format bien plus petit que celui de la boîte de jeu. Le fascicule comporte certes 32 pages, mais il convient de préciser que les informations y sont présentées de manière très aérées, avec généralement peu de texte par page. Par ailleurs, la typographie utilise de grands caractères; c’est plutôt rare dans une règle de jeux, mais tellement agréable à lire. Les informations sont claires, précises et de petits encadrés rajoutent même des notes importantes qui complètent efficacement l’explication de certains points de règle. De très nombreux schémas ponctuent les explications, tout comme une FAQ, un résumé des icônes et deux pages supplémentaires pour les modes avancés et solo. Une règle bien efficace et un bon modèle du genre.

Maintenant que les règles sont assimilées, le matériel peut être mis en place. Comptez quelques minutes, le temps de brasser les cartes, d’en disposer sur le plateau et de donner le matériel de jeu à chaque joueur. Rapide, simple, la partie peut très vite débuter.

Une première partie qui ne comporte pas de grosses difficultés. Le tour de jeu se compose d’une action principale (jouer une carte) et de deux actions secondaires que les joueurs peuvent effectuer autant de fois que souhaité. Rien de compliqué, vous en conviendrez. En revanche, lors de la première partie, il faut assimiler les différents termes employés dans le jeu, tels que exploiter, explorer, conquérir, recruter, élever. Et comme on vous le disait, il n’y a pas d’aide de jeu. Ainsi, on effectue quelques retours à la règle et on feuillette à nouveau les 32 pages du livret pour trouver l’information. Pareil pour les pictogrammes qui aident bien à la prise en main du jeu mais qui sont eux aussi nombreux. Là encore, une aide de jeu aurait été utile. Mais après quelques parties, tout devient beaucoup plus familier et heureusement, le tour du jeu et les mécanismes d’Atlantes restent facilement assimilables.

Dans les profondeurs de l’océan, les joueurs devront déployer tous leurs talents. Ainsi, pour les mécaniques de jeu, on retrouve bien entendu une forte gestion de main de cartes. Une gestion qui se concentre surtout sur l’action principale. Là, chacun devra décider – au fil des tours – dans quel ordre il voudra déclencher les effets de ses cartes, et prendre aussi en compte le fait que d’autres cartes vont s’ajouter à sa main. Utiliser certains effets trop tôt ou trop tard pourrait pénaliser sa progression. Et qui dit cartes, dit également combos. Atlantes en regorge et permet un véritable florilège de combos. Bien sûr, pour le plus grand plaisir des amateurs du genre ! Ainsi, il est possible de mettre en place des combos avec les cartes en main, mais aussi et surtout, avec les cartes des lieux qui se trouvent sur les plateaux individuels des joueurs. Et si vous acceptez d’avoir un peu mal à la tête pendant la partie, vous pourrez facilement déclencher une petite dizaine d’actions à la suite. Cela peut être tout simplement redoutable et terriblement efficace ! Mais comme cela ne suffisait pas, on ajoute encore une légère gestion de ressources. En effet, pour prendre possession d’un lieu ou pour recruter de nouveaux personnages, les joueurs devront s’acquitter d’un coût. Soit en espèces sonnantes et trébuchantes, soit en points de pouvoir. Sauf qu’il y a une petite subtilité. Dans Atlantes, vous ne retrouverez aucun « jeton » de ressources; tout se retrouve mentionné sur les cartes ou sur les mantas. Cela peut paraître un peu déroutant au premier abord, mais il s’agit là d’une très belle originalité. Ce petit twist force les joueurs à planifier de manière encore plus précise, l’épuisement de leurs cartes et même de leurs mantas. On a vraiment adoré ce principe ! Et plus la partie s’accélère, et plus les joueurs auront à cœur de compléter les objectifs présents sur le plateau central, ou de scorer un maximum de lieux sur leurs plateaux individuels. Ou les deux ! Une sorte de course finale qui prend son sens dans les derniers tours de jeu. Pas mal du tout ! Au final, en terme de gameplay, il faut bien reconnaître que l’ensemble fonctionne à merveille. La gestion des ressources se décline de façon originale et après quelques tours de jeu, on se délecte d’une jolie fluidité avec de magnifiques combos. Tout cela, avant le sprint final.

Nous avons déjà abordé quelques originalités en matière de gameplay. Le fait qu’il n’y ait pas de jetons de ressources. Mais aussi les nombreux enchaînements possibles dans les actions du jeu. On pourrait aussi citer le thème, certes moins original, mais finalement assez peu exploité dans le secteur du jeu. En revanche, on se doit de mettre un bon coup de projecteur sur les plateaux individuels et sur les lieux que les joueurs peuvent acheter aux autochtones. Acheter un lieu consiste à prendre sa carte puis à l’insérer dans les encoches du plateau individuel. Lorsqu’une action est ensuite accomplie avec ce lieu, la carte remonte à l’intérieur de cette encoche, jusqu’à être presque totalement masquée, pour au final, permettre de marquer des points de victoire. Naturellement, il serait réducteur d’affirmer que cette particularité fait toute l’originalité du jeu. Néanmoins, voilà une bien jolie innovation qui ajoute clairement un plus au jeu. Durant toute la partie, chacun utilise et manipule régulièrement les cartes lieux à l’intérieur des encoches. C’est malin, amusant et efficace !

Un tour de jeu, consiste en une action principale et quelques actions secondaires. Cela a déjà été évoqué dans ce sujet. Précisons cependant qu’une fois pris en main, le tour va proposer une excellente fluidité. Rapidement, les joueurs mettront en place un moteur de jeu qui va permettre de cumuler des ressources, acheter ou conquérir différents éléments et générer des nouvelles possibilités. Tout cela de manière agréable et instinctive. Mais qui dit combos, dit aussi risque d’analysis paralysis. Et compte tenu que les possibilités de combos sont grandes, les risques de s’y perdre – pour certains joueurs – le sont également. A ce propos on aurait clairement envie de vous rendre attentifs à ce point en vous conseillant de bien choisir les joueurs avec qui vous entamerez une partie. Pour la grande majorité cela ne posera pas de problème… mais attention aux « optimisateurs » compulsifs. En outre et de notre point de vue, Atlantes se pratique aisément en solo, à deux ou à trois joueurs. Dans sa configuration maximale, l’opus reste excellent mais les tours de jeu ont tendance à s’éterniser et on reste de longues minutes à attendre que les autres réfléchissent et agissent. A quatre d’accord, mais alors avec des joueurs qui savent prendre rapidement des décisions !

Pas de trop de (mauvaises) surprises en ce qui concerne la rejouabilité. Aucune même ! Le jeu propose un vaste panel de possibilités avec des cartes qui ne sont pas toutes utilisées lors d’une même partie. Par ailleurs, les lieux et les personnages sont piochés de manière aléatoire ce qui contribue parfaitement au renouvellement. Et on pourrait encore citer les objectifs qui peuvent être changés grâce à de petits jetons interchangeables. In fine, avec les nombreux choix effectués par chacun, on ne se retrouve pas du tout avec un sentiment de déjà vu et chaque partie est unique.

Concernant l’interaction, vous vous en doutez, nous ne sommes clairement pas dans un party game. Loin de là ! Dans Atlantes, on interagit avec les autres joueurs, uniquement sur le plateau central, où on rivalise pour s’emparer des meilleures cartes. Celles qui seront le plus en adéquation avec notre stratégie. Puis, le moteur de jeu se constitue avec nos cartes et sur le plateau individuel où les autres ne peuvent pas appliquer leur influence. Sauf peut-être avec un ou deux effets présents sur des cartes bien spécifiques, mais vous le découvrirez par vous-même…

Évoquons encore brièvement la variante solo du jeu. Dans ce mode, on se retrouve face à une sorte d’IA qui ne cherche qu’à accélérer la fin du jeu. En effectuant certaines actions, l’adversaire virtuel s’empare petit à petit des quatre objectifs, pour finalement mettre fin au jeu. Il n’engrange aucun point. Jamais. Mais il réduit le temps que vous avez à disposition pour vous développer et marquer des points de victoire. Ce n’est pas un mode de jeu qui pourra convenir à tout le monde car seul un barème évaluera votre manière de jouer. Et de parties en parties, vous chercherez à améliorer ce score. On peut néanmoins préciser que la partie en solo ne manque pas de challenge et nous sommes dans de l’optimisation pur et dur en fonction des cartes et des possibilités qui s’offrent à nous. Ce n’est sans doute pas le meilleur mode de jeu, mais il a tout de même l’avantage d’exister et surtout, il permet de retrouver les mêmes sensations qu’en multi-joueurs. Et cela, c’est tout de même pas mal du tout. Même si vous n’aurez pas la satisfaction d’avoir mis la raclée à votre voisin de droite… Ou devrait-on plutôt dire, la mouillée, pour rester dans le thème.

Au final, après plusieurs parties, Atlantes nous laisse une très belle impression et une forte envie d’y rejouer. La production nous plait, le thème nous offre une jolie immersion et le gameplay nous invite à (re)plonger dans le bain ! Ou plutôt, au fond des mers. Car oui, sans mauvais jeu de mots, l’opus permet une belle profondeur de jeu. A chaque fois, on retrouve les mécanismes de base mais on prend plaisir à devoir s’adapter aux cartes qui s’offrent à nous. Il faut faire preuve d’opportunisme et de créativité pour mettre rapidement en place un moteur de jeu efficace. Surtout que la fin de partie peut très rapidement s’accélérer. De tours en tours, on prend beaucoup de plaisir à manipuler nos cartes, à les faire évoluer et à progresser jusqu’à accumuler un maximum de points de victoire. Et il y a aussi cette petite frustration qui peut se produire lorsqu’on a repéré une carte qui ferait clairement notre affaire, mais qu’on se fait subtiliser par un autre joueur. A la fois frustrant et savoureux ! Quoi qu’il en soit, l’ensemble nous a clairement convaincus et on vous invite chaudement à faire le pas et sauter à l’eau !

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
Un explicatif vidéo par les copains de Es-tu Games ?
Atlantes sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Gigamic

Rédacteur de l’article : Léo

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