« Monsieur le président, on a un problème ! Je ne sais pas ce qu’il se passe mais il semblerait qu’il n’y ait plus d’électricité nulle part !
Nous avons contacté la Centrale nucléaire de la baie de Daya mais ils sont dans une impasse. Ils ne comprennent pas ce qui se passe. Il semble pourtant que les réacteurs fonctionnent et qu’il n’y ait pas de risques nucléaires.
L’urgence est de sécuriser la ville Monsieur, nous avons des risques de pillages et d’émeutes, pouvons-nous faire appel à l’armée afin de contrôler le tout ?
Merci Monsieur, espérons que nous rétablirons la situation au plus tôt. Nos meilleures équipes sont sur le terrain.»
Le célèbre papa de l’excellent « Great Western » nous revient avec un nouveau titre proposé pour Essen 2018. On a baptisé Blackout : Hong Kong. Ce jeu, savant mélange entre deckbuilding et gestion de ressource vous emmène dans un futur proche, en automne 2020 pour être précis, à Hong Kong. Le pitch est simple mais efficace : durant une nuit, sans que personne ne sache pourquoi, la ville de Hong Kong est plongée dans le noir. Les techniciens et opérateurs tentent en vain de réamorcer l’électricité durant cette nuit. Cependant, tout semble normal et le personnel se retrouve démuni. Au petit matin les habitants découvrent l’incident et ne peuvent plus faire grand-chose, ni travailler et le chaos commence à s’installer.
Durant une partie, vous serez à la tête d’une petite équipe tentant de rétablir la situation, quartier par quartier, ainsi que subvenir aux besoins de la population en détresse. Alexander Pfister signe avec ce titre, illustré par Chris Quiliams, un nouvel opus qui trouvera forcément son public. D’ailleurs l’éditeur allemand Eggertspiele ne s’est pas trompé en accompagnant le projet jusqu’à la réalisation et qui dit Eggertspiele dit Plan B ! Le titre aujourd’hui existant uniquement en anglais et en allemand trouvera vraisemblablement le chemin de la France au cours du premier trimestre 2019. Youpi ! Blackout : Hong Kong est prévu pour être joué de 1 à 4 joueurs pour des parties d’environ 2h de jeu.
Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir
Comme souvent avec ce type d’opus, le but du jeu est… On vous laisse deviner ! Oui, c’est bien de faire un maximum de points de victoire. Bravo à toi à la 3ème rangée de l’auditoire pour cette réponse correcte. Ces points de victoire seront engendrés de plusieurs façons, au cours de la partie ainsi que via un décompte en fin de partie. Les joueurs vont jouer un certain nombre de manches et la partie prendra fin lorsque le deck de cartes est épuisé. Alors les joueurs finissent la manche en cours puis en rejouent une dernière. A l’issue de celle-ci, un petit décompte final afin de déclarer le vainqueur, et le tour est joué !
Plutôt que de vous expliquer les différentes phases de jeu qui sont facilement consultables dans la règle, nous allons vous expliquer les différentes mécaniques qui donnent à ce jeu toute son essence. Vous commencerez tous avec un même deck de cartes comprenant des volontaires (cartes jaune, rouge ou bleu) et des spécialistes (cartes violette). Les premiers servent à récolter des ressources et les spécialistes apportent des actions ou des bonus particuliers. En début de manche des dés présents en trois couleurs bleu, rouge et jaune sont tirés et indiquent les ressources qui seront disponibles pour la manche. Lorsqu’on joue un volontaire on récupère la ressource indiquée par le dé de la même couleur que ce volontaire.
Les ressources ainsi obtenues/récupérées permettent de débloquer d’autres cartes spécialistes ou volontaires qui nous aiderons à mener à bien nos différentes actions. Lorsqu’on débloque une nouvelle carte on va pouvoir agir sur Hong Kong en plaçant une maison sur un emplacement du plateau de jeu. Ce plateau représente divers quartiers de la ville et lorsque tous les emplacements autour d’un quartier sont occupés par des maisons alors les joueurs obtiennent des points de victoire. Cela représente le fait que les différents services ont rétabli la situation sur le quartier.
Tout au long de la partie, les différentes actions permettent de débloquer des bonus, de modifier les ressources (on parlera d’échange) d’augmenter sa possibilité d’utilisation de cartes, etc… Tout cela pour ne pas que ces pauvres habitants imaginaires ne restent dans le noir. C’est gentil de penser à eux.
La tension devient électrique !
On ne vous cache pas qu’il nous tarde d’avoir la version française entre les mains. Cependant, cette version anglaise rapportée d’Allemagne nous permet d’ores et déjà de vous en parler. Bande de veinards ! A noter qu’il n’y a pas de différences entre les éditions anglaise, allemande ou française. Mais intéressons-nous à présent à la boîte du jeu.
La boîte est visuellement étrange, sombre et intrigante. C’est vrai que lorsqu’on l’a entre les mains on ne sait pas forcément à quoi s’attendre. Hmmm… on suspecte quand même que le contenu cache un jeu de société ? Dès l’ouverture, avec ses cubes en bois colorés, ses cartes, ses maisons en bois, on se rappelle que l’on est sur un eurogame ! En plus de ces matériaux en bois, il y a quelques jetons, des pièces de monnaie ainsi que des tuiles en carton. Ajouté à cela se trouvent également 3 dés gravé le de motifs colorés ainsi qu’un plateau de jeu et 4 plateaux individuels.
Le matériel est de très bonne qualité, les cartes toilées sont agréables à manipuler. A noter qu’il n’y a pas de texte sur le matériel. Et ça c’est vraiment super ! Uniquement des pictogrammes facilement appréhendables et dont certains sont similaires à Great Western Trail. Ben alors les gars, on fait du recyclage ?
La règle du jeu est facile à appréhender avec un petit livret de 20 pages dont 8 pour la règle, 2 pour un index sur les éléments de jeu et 3 pour la partie solo et sa campagne. Les règles sont simples et contiennent beaucoup d’exemples ainsi que diverses illustrations. Il est également aisé de les expliquer et bien évidemment de comprendre l’explication. Des cartes rappellent les différentes faces des dés et une aide de jeu est directement intégrée aux plateaux individuels. Plutôt bien vu ! La mise en place est très rapide ce qui est également agréable et la prise en mains est immédiate. C’est beau quand ça se passe comme ça, vous ne trouvez pas ?
Le mélange de mécaniques propre à ce jeu fonctionne vraiment bien. De la gestion de ressource avec du deckbuilding, c’est vraiment un mélange qui nous séduit. Là, Pfister a réussit un magnifique dosage. Ces mécanismes nous forcent à bien anticiper ou s’adapter sur les ressources accessibles à chaque manche. De plus, il faut avoir une bonne vision à court, moyen et long terme sur les cartes que nous allons utiliser et chercher à acquérir. Ajoutons à cela une petite mécanique de course au placement sur le plateau central et nous avons un jeu qui fait le bonheur des joueurs les plus aguerris tout en étant accessible aux novices du genre.
Si la première manche demande aux non initiés quelques précisions sur les différentes actions, le jeu devient très vite fluide. C’est un jeu d’optimisation et on va même se retrouver à calculer les actions de la manche suivante dès le début de la manche actuelle. Il n’y a pas beaucoup d’interactions, les seules interactions se trouvent sur la course aux placements ainsi que sur l’achat des cartes de volontaires et spécialistes. Le fait que cette pointe d’interactions existe permet d’ouvrir le jeu également aux personnes n’aimant pas jouer seul de son côté. Décidément beaucoup de points positifs !
A l’instar de son grand frère, Blackout : Hong Kong, dispose d’une grande rejouabilité car à chaque partie, nos actions, nos cartes obtenues ou autres possibilité seront différentes. Les dés permettent l’accessibilité aux ressources et aident également à apporter de la rejouabilité de partie en partie. Et même si nous avons des dés dans le jeu, cela ne signifie pas que le hasard à une grand part. Il est facile de modifier les valeurs de ces derniers grâce à un bonus facilement accessible permettant de faire des échanges. On se risquerait presque à dire que comme pour le sirop, l’important c’est les valeurs ! Bref, tout est calculé pour qu’on veuille y rejouer et franchement, on ne résiste pas bien longtemps à y remettre une couche ! Bien évidement nous n’avons pas à faire ici à un jeu d’ambiance à proprement parler, mais la rapidité des tours permet de garder une intensité tout du long de la partie. Quand on y joue on ne voit pas les deux heures promises passées.
En ce qui concerne la rejouabilité, le créateur du jeu a rajouté un mode « campagne » de 5 missions légèrement scénarisées où nous devrons jouer à partir du 3ème jour du Blackout jusqu’à la fin de la première semaine. Cette campagne est jouable de 1 à 4 joueurs avec des règles adaptatives selon le nombre. C’est vraiment rare de trouver des modes campagne accompagnant un jeu de gestion. Même si celle-ci est brève, c’est quelque chose de remarquable et nous espérons que d’autres auteurs pourront et voudront tenter de créer de tels modes.
Qu’on soit 2 ou 4 joueurs rien ne change dans le jeu à part le nombre de cartes de volontaires et spécialistes disponibles durant la partie. Pour jouer seul, il faut prendre part à la campagne qui contient quelques adaptations pour la jouer en solitaire. Ainsi, quel que soit le mode de joueurs, le plaisir de jeu est similaire et cela nous permet de pouvoir proposer une partie quel que soit le nombre de protagonistes autour de la table. Bien sûr si on est 5 il faudra sortir un second jeu !
Nous avons vraiment hâte de retrouver Blackout : Hong Kong sur les étals de nos dealers ludiques préférés. Le jeu fait clairement partie des « gros jeux » présentés et sortis cette année à Essen. Ce fut également une grosse et belle surprise car il n’y a eu que très peu de communication sur ce titre avant le salon. Qui a dit que les joueurs étaient blasés et qu’on ne pouvait plus les étonner (en tout cas ludiquement) ? En tous cas, à la rédaction nous ne le sommes pas et on trépigne à l’idée de faire de nouvelles parties. Ainsi que la campagne !
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu (en anglais pour l’instant)
La fiche du jeu sur le site de Board Game Geek