« Monsieur… je me présente, Arthur Hammond. Je suis le fondateur et directeur général du groupe « Bienvenue dans le jurassique ». Ce groupe a été créé dans le but de construire un parc animalier consacré aux dinosaures. Nous possédons l’île de Cabrera dans l’archipel des Baléares et nous avons commencé à y créer les infrastructures de notre futur parc. Celui-ci se présentera en deux parties. Une pour les attractions où nous accueillerons des visiteurs et une partie plutôt scientifique pour l’étude comportementale et paléontologique. Dans cette seconde partie, nous avons prévu d’ériger une université afin de former des chercheurs en paléontologie au plus proche des dinosaures. Un Ross Geller des temps modernes ! Si je me présente à vous aujourd’hui c’est parce que nous souhaitons faire appel à la technologie des laboratoires de Dinogenics IOM afin de rendre ce projet concret. Voici tous les documents concernant notre projet que je vais vous présenter plus en détails…»
Le thème des dinosaures n’était pas jusque-là un thème très présent dans le monde ludique des « gamers ». Nous avions Evo qui était peut-être la référence sur le thème. Depuis 2017, nous avions vu grâce à la plateforme de financement participative Kickstarter, deux projets similaires sur la gestion de parc d’attractions autour des dinosaures. Ces jeux s’inspirent largement du très célèbre Jurassic Park, œuvre littéraire de Michael Crichton et adapté au cinéma par le grand Steven Spielberg. Le premier est « Dinosaure Island » de Jonathan Gilmour et Brian Lewis (chez Pandasaurus Games) et le second « DinoGenics » de Richard Keene (chez Ninth Haven Games).
Et c’est bien vers DinoGenics que nous allons nous diriger. Un jeu fraîchement arrivé dans les boîtes aux lettres des backers depuis la fin du mois de janvier 2019. Nous reviendrons prochainement sur Dinosaure Island, notamment lors de sa sortie dans la langue de Molière, avec une édition qui fera son apparition au catalogue d’Asmodee via EDGE.
Mais… revenons à nos Raptors. DinoGenics est un jeu de placement d’ouvriers qui vous poussera, que vous soyez seul ou jusqu’à 5 joueurs, à prendre la tête d’une entreprise ayant pour but de créer un parc zoologique avec des dinosaures. Grouuuuaaaaaw ! Ce jeu de Richard Keene a donc été financé avec succès grâce aux plateformes de financement participative Kickstarter et CrowdOx. La société d’édition Ninth Haven Games fût même spécialement créée pour porter ce projet. Ce titre dont la campagne de financement a commencé en octobre 2017 s’est vu financée avec succès début novembre 2017 à hauteur de 240’742$ (sur 30’000$ demandés), par plus de 3’000 contributeurs. Les parties sont prévues pour durer entre 90 à 120 minutes.
Nous avions déjà évoqué DinoGenics lors de sa campagne participative, nous y revenons maintenant afin de pouvoir vous donner un avis complet. Mais avant tout, regardons rapidement de quoi il est question avec la règle du jeu.
Un dino c’est bien, deux crétacés, trois c’est trop…
Une partie de DinoGenics se déroule en 6 saisons auxquelles on ajoute une pré-saison permettant de placer les bases de notre parc avant l’arrivée des visiteurs. A la fin de la sixième saison, on calcule les points de victoire en ajoutant ceux acquis durant la partie, les points des bâtiments, les divers bonus et on soustraira des points de victoire par scandales. Une fois ce décompte effectué, le joueur ayant le plus de points de victoire gagne la partie. Original non ?
Les saisons sont découpées en deux phases. Une phase d’ouverture et une phase d’entretien. Dans la phase d’ouverture, les visiteurs arrivent dans nos parcs en fonction de la réputation de ce dernier et des hébergements disponibles. Ces visiteurs sont la principale source de revenus de nos entreprises. Il faudra donc penser à bien les traiter ! La réputation est très importante car elle permet notamment de désigner le premier joueur, ce qui est un avantage considérable. Cette dernière évolue en fonction des dinosaures que nous créons et que nous plaçons dans notre parc.
Une fois les visiteurs acquis, nous allons affecter nos ouvriers à des tâches sur le continent, permettant entre autre la récupération des bâtiments, des enclos, de l’ADN permettant la création de dinosaures ou encore la récupération de chèvres. Oui, des chèvres ! Maaaaaiiis… Non, il n’y a pas de maiiiis ! Les chèvres sont la principale source d’alimentation de nos joyeux carnivores. Rappelez-vous cette scène dans Jurassik Parc où la chèvre descend dans l’enclos du T-Rex…
Durant la phase d’entretien, nous devons vérifier si les dinosaures s’adaptent à nos parcs. Nous allons nourrir les carnivores et vérifier que les installations conviennent à chaque espèce. Attention, si les dinosaures ne s’adaptent pas, alors il y aura des conséquences négatives. Ils risquent de détruire votre parc et même tuer des visiteurs ce qui provoquerait des scandales ! Une fois cela vérifié, chaque joueur gagne des points de victoire grâce aux visiteurs présents dans le parc, aux dinosaures et à certains bâtiments.
Il y a le p’T-Rex et le Grand Rex !
Il est difficile de décrire ce que l’on ressent lorsqu’on ouvre la boîte du jeu de Richard Keene si ce n’est… « Whoua » ! Clairement nous avons affaire à un travail d’édition de grande qualité. Et pour notre plus grand plaisir ! C’est un peu la magie d’une campagne Kickstarter réussie. Au niveau des plateaux de jeu, nous avons donc un très beau plateau central pour les actions des ouvriers, un plateau visiteurs double couches avec incrustations pour les différents marqueurs (à l’instar de Scythe) et 5 plateaux joueurs eux même double couches avec la même caractéristique. De plus, plus de 130 cartes toilées, 30 meeples visiteurs, 25 meeples ouvriers, 90 clôtures en bois, 30 meeples chèvres (oui oui !) et surtout 54 meeples dinosaures représentant les 8 espèces de dinosaures présentes dans le jeu. A cela s’ajoutent quelques jetons d’obstructions en cartons, des jetons scandales ainsi que des cubes et jetons en bois pour les factions. Pour finir de remplir la boîte, nous avons des jetons crédits (argent du jeu) en carton ainsi que des tuiles Installations et un sac en toile pour les piocher aléatoirement. La boîte est bien pleine et contient un thermoformage pratique.
Les choix d’illustrations réalistes réalisées par l’équipe graphique nous donnent un résultat époustouflant. De la boîte, aux cartes, nous ne pouvons que nous extasier devant le rendu de ces illustrations. De plus, nous ne pouvons pas ignorer le découpage particulier des meeples dinosaures ou des ouvriers qui permettent d’adhérer davantage à la thématique du jeu. Un système de pictogramme simple et lisible est également présent afin de pouvoir comprendre les effets des tuiles ou actions mises à disposition. A savoir qu’il y a beaucoup de texte sur les cartes afin d’expliquer les effets des événements ou des cartes manipulations.
Le jeu prend véritablement appui sur sa thématique. Que ce soit les mécanismes de déchainement des dinosaures s’ils ne sont pas dans un environnement adapté ou la manipulation d’ADN afin de créer les dinosaures. Et même encore le fait de ne pas oublier de nourrir un carnivore sous peine de voir un visiteur devenir le casse-croûte de cette sympathique bestiole. Durant une partie on ressent vraiment le fait de construire et gérer notre parc préhistorique; c’est très grisant !
La règle du jeu est disponible en français, en pdf sur le site de l’éditeur et a été fournie aux souscripteurs francophones de la campagne qui l’ont demandée sous format papier glacé (à l’instar de la règle en anglais). Elle est fluide et très aérée avec de nombreuses illustrations ce qui la rend facile à prendre en main. Elle est organisée de façon peu commune avec une mise en avant des principaux concepts clés et focus sur les mécanismes (visiteurs et déchainement de dégâts par exemple). La partie relative au déroulement du tour est décrite sur une seule page et les focus permettent une bonne précision des mécanismes. Une description précise des dinosaures ainsi que des tuiles installation est présente ce qui est forcément très pratique. Il y a de nombreux textes d’ambiance dans la règle permettant encore une fois d’asseoir la thématique, ce qui est à notre avis un grand point positif.
De la mise en place à l’explication des règles, DinoGenics s’appréhende facilement. On comprend assez aisément les mécanismes et la jouabilité. Ces mécanismes sont d’ailleurs très simples tout compte fait. Placement d’ouvriers, gestion de main de cartes et organisation du territoire (concernant les enclos des dinosaures). C’est un jeu qui ne plaira pas aux grands calculateurs car il y a quand même beaucoup d’aléa entre les événements et les différentes cartes à acquérir. Mais le chaos a du bon et permet de vraiment renouveler les parties et forcer les joueurs à s’adapter.
La fluidité des tours de jeu est un réel atout à ce titre. Lors d’une partie, pas de temps mort. Ça va même très vite. Cependant, si au bout de deux saisons de jeu nous pouvons avoir le sentiment d’un jeu trop court, en fin de partie, on se rend compte qu’il est bien équilibré et que les 6 saisons permettent de créer notre parc sans avoir de frustration d’une partie trop courte. Les interactions entre les joueurs sont également au centre du jeu, il n’y a pas assez de place sur les actions pour tous les joueurs ! Ainsi, il faudra bien gérer ses choix d’actions de façon à ne pas se retrouver avec celles qu’on souhaitait faire bloquer par un autre joueur. Par ailleurs, les cartes manipulations pourront permettre des coups bas envers les autres joueurs ou encore se servir d’eux pour se booster et souvent combler son retard. Et cela sans compter le fait qu’on va se battre afin d’avoir la meilleure réputation ! Car cela est synonyme d’être premier joueur et apporte des avantages considérables.
La rejouabilité de DinoGenics est un autre point fort du jeu. Le tirage des tuiles (21 sur une quarantaine par partie), les nombre d’événements (6 sur une vingtaine) permettent de n’avoir aucune partie qui ressemblera à une autre ! De plus, les différents tirages de cartes ADN et opportunités de création de dinosaures seront différents et il faudra s’adapter à chaque partie.
Que l’on soit seul ou à 5 joueurs le jeu fonctionne. Une difficulté et un chaos supplémentaire sont à prévoir à 5 joueurs. Selon notre avis, ce ne sera pas le nombre de joueurs optimal, du fait du nombre d’emplacements d’ouvrier saturé. Les quelques adaptations pour 2 à 5 joueurs permettent que le jeu fonctionne bien dans chaque configuration. Les sensations restent intactes et le jeu est toujours agréable à jouer. En tous cas s’il y a un point sur lequel DinoGenics fait preuve d’une grande (très grande) originalité, c’est bien sur son mode solo. Nous avons avec DinoGenics, un mode solo sous forme de scénarios qui nous rappellera nos parties de Them Park ou Roller Coaster Tycoon. Le jeu nous met en face d’une situation et il faudra redresser le parc. Dans certains scénarios, des règles spécifiques et ponctuelles permettent de renouveler ces derniers et apporter des difficultés et problématiques supplémentaires. Nous avons dans le jeu 10 scénarios proposés mais nous n’avons aucun doute sur le fait que la communauté ou les auteurs sauront en proposer davantage.
DinoGenics a d’originalité son thème ainsi que ses composants. S’il ne révolutionne pas le genre du jeu de placement d’ouvriers, il a en revanche pour force son efficacité et sa thématique bien présente, nous rappelant notre enfance à être passionné par ces grands reptiles. Sa rejouabilité est un autre de ses grands points atouts. Si vous aimez les jeux de pose d’ouvriers avec de l’aléatoire – et surtout les dinosaures – vous pouvez foncer sur une boîte de DinoGenics ! De plus, son accessibilité permet de pouvoir le faire jouer à votre entourage.
L’éditeur Ninth Haven Games étant un petit éditeur, il n’a pas eu la possibilité de publier son jeu en France ou même en Europe. Cependant, pour ceux n’ayant pas envie de payer des fortunes sur les marchés parallèles pour se procurer le jeu, une campagne de financement participative via Kickstarter est prévue prochainement pour une seconde édition. Nous suivrons cela de près et espérons que l’opus vienne avec plein de surprises !
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu en français
Une FAQ (en anglais)
Le site de l’éditeur Ninth Haven Games