« Au pays des rêves, nuages et courant-d’air s’en sont allés;
Au pays des rêves, plus rien ne bouge, tout s’est figé;
Jadis, feuilles et brindilles dansaient dans le vent;
Un balai interminable que désormais plus personne n’attend;
Au pays des rêves, la vie s’est mise entre parenthèse;
Au pays des rêves, chacun y va de sa propre thèse;
Cette fois c’est certain on cherche une escape;
Une porte dérobée ou tout simplement un Dreamscape… »
Un premier titre qui s’affiche fièrement au catalogue du tout jeune éditeur Sylex Éditions. Et le peu qu’on puisse dire c’est que le jeu Dreamscape aura fait une entrée remarquée sur la scène ludique avec un opus travaillé et un univers plutôt singulier. Un voyage au pays des rêves pour lequel nous n’avons manqué de faire nos valises.
Issu de l’imaginaire de David Ausloos, l’auteur signe également l’ensemble de la réalisation graphique de Dreamscape. Prévu pour un à quatre joueurs, le titre se targue de réunir autour de la table des passionnés de jeux de société à partir de dix ans et pour des parties estimées entre 60 et 90 minutes selon le nombre de joueurs. Dreamscape a fait ses premiers pas sur Kickstarter où le rêve est devenu réalité et depuis, le jeu est distribué dans toutes les bonnes boutiques sous l’égide d’Atalia.
Dans Dreamscape vous incarnez un rêveur. Un doux rêveur ? Cela c’est à vous de le décider mais votre but consistera à collectionner des éclats de rêves et à créer vos paysages oniriques. Concrètement, vous déplacerez votre rêveur sur le plateau central pour y récupérer différents fragments de rêve de couleur différentes. Et sur votre plateau individuel, vous devrez reconstituer les paysages oniriques selon différents objectifs qui rapporteront des points de victoire. Entre gestion de main, placements et déplacements, votre cerveau endormi risque néanmoins de devoir travailler même au repos. Vous rêviez d’un jeu à la fois stratégique, exigeant et féérique… bienvenue dans un rêve ludique éveillé !
Le rêve de tous les joueurs
En tant que rêveur, vous voyagez à travers 6 lieux pour collecter des fragments vous permettant de construire votre propre paysage de rêve, votre Dreamscape. Le jeu se joue en six cycles. Une fois achevés, le joueur totalisant le maximum de points de sommeil gagne la partie.
A chaque tour, les joueurs utilisent leurs quatre actions disponibles pour se déplacer d’un lieu à l’autre sur le plateau principal mais aussi pour collecter des fragments. En fonction des fragments déjà collectés, certains lieux seront accessibles sans dépenser de point d’action. A ce stade, il sera également possible de déclencher gratuitement certains effets tels que piocher au hasard de nouveaux fragments, réorganiser les fragments sur les lieux, déplacer les fragments sur son plateau personnel etc.
Ensuite, lorsque chacun a voyagé et qu’il a collecté ses fragments de rêve de couleurs différentes, vient la phase dite de création. Tous les joueurs disposent en main de plusieurs cartes rêve proposant des défis de complexité variable. Ces défis doivent alors être réalisés dans le Dreamscape, sur le plateau personnel de chaque joueur. Chacun positionne alors ses fragments pour qu’ils coïncident avec les défis. Certains demandent de bons positionnements sur deux dimensions, d’autres vont aussi impliquer la troisième dimension avec des fragments devant être placés à la bonne hauteur, et certains impliqueront encore le placement d’arbres.
Une fois les six cycles terminés, la partie prend fin. Les cartes de rêve vont rapporter des points de victoire, tout comme des objectifs communs à tous les joueurs.
Nous avons effectué un très bref récapitulatif des règles de Dreamscape, mais le gameplay s’étend bien au-delà de ces quelques informations. Tout comme le jeu de base est également proposé avec une variante « Chauchemar » qui complexifie davantage le jeu. Monsieur Cauchemar va entrer en jeu pour perturber vos déplacements et introduire des fragments de rêve de couleur rouge qu’il faudra mieux éviter. Notez encore que quatre autres extensions, vendues séparément, sont proposées pour Dreamscape : « La Corneille Rouge », « Créatures de Rêve », « Blanc Comme Neige » et « Feux Follets ». Toutes modifient le gameplay du jeu pour apporter une expérience toujours plus renouvelée.
Ludiquement onirique
Le jeu veut nous faire voyager au payer des rêves… Soit ! Mais à l’intérieur de cette grosse boîte de jeu, est-ce que le rêve devient réalité ? Soulevons le couvercle pour y découvrir le matériel. A l’intérieur, on retrouve de multiples composants ; l’effet Kickstarter peut-être ? Quoi qu’il en soit, on est en présence de 4 plateaux individuels, 50 cartes de très bonne facture avec un petit vernis de protection, de nombreux meeples en bois ; il y a même un joli petit réveil utilisé pour le compte-tour. Mais encore des jetons produits dans un carton solide, des tuiles, des plateaux de jeu dont le plateau central qui s’articule en six parties, et une série de composants pour l’extension Cauchemar. Mention spéciale pour Monsieur Cauchemar qui se présente sous la forme d’un magnifique pion en bois, peint, et qu’on n’aurait pas trop envie de croiser dans une ruelle sombre la nuit. Une production qui tient donc toutes ses promesses et surtout, des composants sublimés par de magnifiques illustrations. Des illustrations présentes sur quasi presque tous les composants du jeu et qui apportent un véritable plus à l’immersion. Le rendu est tout simplement sublime ! Rien d’émétique, c’est tout le contraire.
Thématiquement, nous sommes en revanche un peu plus mitigés. L’originalité est bien présente et on relève l’effort de l’éditeur pour que tout soit parfaitement coordonné. Entre les composants en bois aux formes thématiquement parfaites ou tout le background apporté, nous sommes bien dans un monde onirique. Il n’y a pas à en douter. Même s’il convient de faire preuve d’un peu d’imagination pour assimiler des disques en bois à des fragments de rêve… Mais ce qui est un point fort apprécié s’avère aussi être un élément qui nous a donné bien du fil à retordre. Pas évident d’entrer dans cette thématique où tout est nommé de manière précise. Très précise. Trop précise ! Les actions, les composants, les mécanismes de jeu… tout a été nommé pour qu’il y ait un lien avec le thème. Et malheureusement, lors de la prise en main initiale, on s’y perd. Nous mettons cela sur une envie de bien faire pour le premier titre de cet éditeur, mais pour nous, il s’agit d’une petite erreur de jeunesse. Quoi qu’il en soit, des vidéos existent sur le net et cela aide bien pour assimiler correctement le tour de jeu. Surtout qu’au final, après un ou deux tours, tout est parfaitement compris, assimilé et fluide.
D’ailleurs, si la prise en main demande un petit effort aux nouveaux joueurs, on ne peut que relever la qualité des mécanismes de jeu. Le gameplay a parfaitement été pensé et travaillé. Ainsi, on retrouve du placement avec les fragments de rêves et le rêveur qui s’y déplace, mais aussi des déplacements sur les différents plateaux de jeux. Dreamscape inclut également de la gestion de main, de la gestion de ressources et de bons combos sont possibles entre les différents éléments du jeu. On note encore une petite part de chance – pas désagréable – sur laquelle repose le tirage aléatoire des fragments de rêve. Cela dit, il faut composer avec et cet élément rajoute un challenge supplémentaire forçant les joueurs à s’adapter. On a trouvé cela plutôt malin et stratégique. D’ailleurs la stratégie ne manque pas et Dreamscape demande une bonne dose de réflexion à tous les protagonistes. Un opus qui se destine donc à des joueurs avisés, appréciant « pousser la réflexion » et aimant jongler avec de nombreux mécanismes qui fonctionnent très bien entre eux.
Pour rappel, Dreamscape propose une expérience ludique pouvant s’étendre jusqu’à quatre joueurs. De notre point de vue, cette configuration maximale n’est peut-être pas la meilleure car les tours de jeux peuvent devenir un peu longuets. En revanche, le titre dévoile tout son potentiel à deux ou trois joueurs. Et même en solo ! Sachant que Dreamscape se destine avant tout à des « gamers », on sait que ces derniers apprécient d’optimiser leurs coups, de prendre un peu le temps de la réflexion, et donc le temps de jeu s’en ressent évidemment. Mais rassurez-vous, la partie reste véritablement prenante et dans les configurations optimales, le plaisir est bien au rendez-vous. On a adoré cela !
Abordons également une rejouabilité qui n’est pas en reste. De nombreuses cartes de rêve sont présentes dans le jeu, tout comme les objectifs communs à tous les joueurs. Comme ces composants ne sont pas tous utilisés pendant la partie, c’est donc une bonne diversité qui est offerte avec Dreamscape. Surtout qu’il est encore possible de rajouter la règle de Monsieur Cauchemar qui vient pimenter et complexifier le jeu. Tout comme les quatre autres extensions imaginées par Sylex et qui rajoutent alors, un potentiel incroyable à ce bien bel opus !
Dans Dreamscape, nous avons apprécié une interaction qui se concentre principalement sur les premières phases de jeu et sur le plateau central. Une fois cela terminé, chacun peut individuellement, optimiser son jeu sur son plateau personnel. Un très bon mélange et un savant dosage qui renforcent notre impression d’un jeu travaillé dans lequel un grand nombre de joueurs pourront trouver leur compte.
Au final, on aura été intrigué par une boîte de jeu et des composants magnifiquement produits et illustrés. Et notre curiosité aura été comblée par un jeu particulièrement sympathique. Une fois l’étape de la prise en main effectuée, Dreamscape révèle tout le potentiel d’un véritable jeu de gestion, ni trop complexe, ni trop simple, mais qui se destine quand même à des joueurs habitués. Ainsi, nous y avons pris beaucoup de plaisir surtout que les mécanismes de jeu offrent un vaste panel de possibilités. En outre, ce bon mélange entre les phases de placements/déplacements, qui offrent une jolie interactivité, et l’optimisation du jeu sur le plateau personnel, nous ont ravis du début à la fin. Bien sûr, il faut faire preuve de réflexion et d’anticipation pour prévoir ses prochains coups et ainsi mettre en place sa stratégie. Mais tout cela s’effectue de manière fluide sans qu’il soit nécessaire de prévoir une boîte d’Ibuprofène pour les céphalées chroniques. Une excellente chose et in fine une expérience ludique qui ne manquera pas de rester dans notre tête, comme un doux rêve… à n’en pas douter.
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu en français
Les règles de jeu en français pour toutes les autres extensions du jeu
La fiche de Dreamscape sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Sylex