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Goryō, chat va enquêter au Palais Impérial !

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 664 vues 12 minutes de lecture
Goryō, chat va enquêter au Palais Impérial !

Le Palais Impérial était plongé dans l’obscurité. Un bref regard à gauche, puis à droite. Rien ! La voie semble dégagée. Seul un léger crissement du sol en bois se fait vaguement entendre. Les ombres des pièces de collection rajoutent une atmosphère pesante. Surtout, ne pas se faire voir ! Entrer par effraction dans les lieux n’aura pas été chose simple, mais à présent, tout le Palais semble à portée de main. Il ne suffirait que de se servir. Ou alors de casser chaque pièce l’une après l’autre. Mais soudain, une présence ! Il n’y a pourtant pas eu de lumière ! Cela dit, il y a bien quelqu’un… Le temps de se retourner et un paire de yeux, noirs, brillent dans la pénombre. Catana à la main, un Samouraï vient de repérer le bigandage, et son regard agressif en dit long sur ses intentions.

Direction l’Asie avec « Goryō », le nouvel opus qui vient d’être ajouté au catalogue d’Ôz Editions. Comme vous êtes l’un de nos fidèles lecteurs, vous commencez à bien connaître cette petite maison d’éditions qui a établi ses quartiers en Helvétie, non loin du Lac de Neuchâtel. Et donc, vous ne serez pas surpris de retrouver un jeu asymétrique, prévu exclusivement pour deux joueurs dont la partie est estimée à trente minutes environ. Pour la France et les autres pays francophones, Goryō est distribué par Paille Éditions.

Après Tiki, Kiwara, Crypt, Shy Monsters et Goblivion, c’est donc un sixième jeu qui vient s’ajouter aux références d’Ôz avec une localisation, pour un titre qui a été initialement édité chez GateOnGames en Italie. Goryō a été créé par Andrea Candiani et illustré par Nicola Angius, et les joueurs devront mener l’enquête et faire preuve de déduction, au cœur du Palais Impérial dans le mystique Japon féodal.

Concrètement, un joueur endossera le rôle des Samouraïs chargés de garder le Palais Impérial et d’en surveiller les précieux objets. Sa mission consistera à chasser un terrible esprit vengeur, le Goryō, incarné par l’autre joueur. Le Goryō, associé à un type d’objet, se déplacera secrètement dans le palais, cassera des pièces de collection et l’adversaire sera en charge de retrouver sa trace et de mettre définitivement fin à cette traque avant qu’il ne soit trop tard.

Avant de vous expliquer pourquoi nous avons décidé de vous en parler, regardons ensemble les grandes lignes de la règle du jeu.

Sa mouraï n’est pas infranchissable !

Bienvenue au Palais Impérial ! Dans cet opus, l’un des joueurs va incarner le Goryō, un esprit vengeur apparaissant sous la forme d’un chat et qui doit détruire cinq types d’objets dans les différentes salles du Palais. L’autre joueur doit l’en empêcher en prenant le contrôle d’une équipe de quatre Samouraï qui vont arpenter les lieux. Le jeu se déroule en quatre manches.

Avant de débuter la partie, le Goryō doit être lié à un type d’objet présent dans le palais, au moyen d’un jeton pioché au hasard. A chaque manche, les deux joueurs jouent successivement. Le Goryō, caché derrière son écran, commence par planifier le déplacement de sa figurine qui s’effectuera sur le plateau principal. Pour se faire, il place quatre cubes de déplacement sur la reproduction du plateau central qui se trouve derrière son paravent. A noter que le Goryō dispose de deux cubes spéciaux; l’un vert permettant de mettre l’autre joueur sur une fausse piste et l’autre gris pour un déplacement supplémentaire. L’autre joueur doit ensuite utiliser des actions pour déplacer ses Samouraï et décider d’enquêter sur une des cases des salles du Palais. Enquêter consiste à demander au Goryō s’il est passé par là. A chaque bonne réponse, les Samouraï récupèrent des actions pour les prochains tours.

Finalement, le Goryō déplace son écran pour révéler son déplacement. La case d’arrivée représente l’objet qui est alors brisé par le Goryō et une nouvelle manche débute. Si à la fin des quatre manches, le Samouraï ne parvient pas à déterminer à quel type d’objet le Goryō était lié, il perd la partie. Et si le Goryō parvient à briser ses quatre objets sans que le Samouraï ne satisfasse aux conditions de victoire, il remporte la partie.

Esprit vengeur es-tu là ?

A l’ouverture de la boîte de Goryō, il faut bien reconnaître que nous avons été surpris. Mais en bien ! Le titre se destine à deux joueurs via un gameplay relativement simple mais non dépourvu de quelques twists. Nous nous attendions donc à un jeu travaillé mais sans trop de fioritures. Visiblement nous étions dans le faux car la production a été poussée et les composants sont d’une très belle qualité. Cela débute par un vernis sélectif pour la boîte de jeu. A l’intérieur, on retrouve un plateau cartonné plié en deux, deux plateaux « joueurs » (un pour le Samouraï et l’autre pour le Goryō), des gemmes et une panoplie de jetons et tuiles en carton bien épais. Mais encore une trentaine de cubes et marqueurs en plastique, un feutre effaçable, de jolis meeples à l’effigie des Samouraï et du Goryō, un écran en carton, un sac en tissu brodé et la règle du jeu. Comme on vous le disait, quelle agréable découverte que ce joli matériel de jeu !

Avec son thème, Goryō nous emmène en plein cœur du féodalisme japonais. Une histoire de légende, des emblèmes de la culture Nippone, sans oublier le fameux Palais Impérial… on vous laissera juger si la thématique « vient vous chercher ». De notre côté, on relève une bonne originalité avec cette histoire peu commune même si nous avons eu un peu de mal à entrer dans le thème. Surtout que la règle du jeu n’aide pas à cela ; vous allez comprendre. Mais cette conclusion est plutôt personnelle et quelque peu subjective. C’est à vous de juger.

La mise en place de Goryō ne vous prendra guère plus de cinq minutes. Les composants sont clairs et faciles à installer. Ainsi, vous pourrez rapidement soit débuter la lecture des règles du jeu, soit placer un bandeau de Samouraï et vous lancer directement dans la partie !

La règle du jeu tient sur dix pages pour un petit fascicule au format A5. Plutôt bien fournies en explications, les règles sont ponctuées de quelques illustrations et d’exemples. L’éditeur originel a certainement voulu bien faire en utilisant dans la règle de nombreux termes propres au jeu Goryō. Trop sans doute ! Car force est de constater que cela ne facilite pas vraiment la prise en main. Ce qui est plutôt paradoxal car le gameplay – une fois assimilé – n’est de loin pas compliqué. Ainsi, tout comme nous, vous risquerez peut-être de vous retrouver quelque peu perdu après une première lecture. A tout le moins, face à plusieurs questions en suspens en raison d’une approche d’apprentissage un peu abrupte. Mais pour une fois, la traduction francophone du jeu a du bon ! En effet, l’éditeur Ôz Editions, qui ne s’est pourtant chargé que de la localisation du titre, a également effectué ce constat et n’a pas attendu pour réagir très rapidement. Ainsi, un guide stratégique et une FAQ ont d’ores et déjà été mis en ligne. Avec ce petit feuillet de deux pages, (on vous met le lien au bas du sujet) l’approche est ainsi beaucoup plus simple et les questions qui méritaient des éclaircissements trouvent à présent leurs réponses.

Une fois la règle comprise et assimilée, il ne suffit que d’un seul tour de jeu pour saisir les mécanismes principaux de Goryō et pour comprendre où le jeu souhaite nous amener en fin de partie. Cependant, il faudra quand même compter avec une certaine courbe d’apprentissage. Et ceci de manière différente pour l’un et l’autre des joueurs vu que le titre est totalement asymétrique.

Sous ses airs de « petit jeu », l’opus cache un gameplay qu’il faudra apprendre à dompter. Rien de bien méchant rassurez-vous ! Néanmoins, le Goryō aura la tâche facile en début de partie, mais plus le jeu se déroulera et plus l’inverse se produira. Ainsi, il ne faudra pas hésiter une seconde à désorienter l’adversaire, notamment avec les effets de ses cubes, et ne pas oublier que certains endroits du plateau deviendront inaccessibles aux Samouraï. A contrario, les Samouraï se sentiront sans doute impuissants en début de jeu, tâtant le terrain autant que faire se peut. Mais en effectuant les bonnes déductions et en gardant en tête que l’ennemi n’a le droit que de se déplacer de quatre cases (sans l’utilisation de ses pouvoirs), il y aura moyen d’augmenter ses chances de victoire.

Les mécanismes de jeu reposent principalement sur du placement pour l’un des joueurs, et de la déduction/enquête pour le second. Une petite forme de gestion de ressources est également à relever avec les effets qu’il faudra « dépenser » au bon moment pour le Goryō, et les cubes d’action à utiliser avec réflexion et stratégie pour les Samouraï. L’ensemble, qui fait travailler les méninges, fonctionne cependant très bien et le système de jeu ne manque vraiment pas d’efficacité même si la base des mécanismes reste simple.

Pendant la partie, le tour de jeu propose une excellente interactivité. On ne reste jamais à rien faire et quand l’autre joue, soit on prépare sa stratégie soit on répond aux questions de l’adversaire. Goryō cultive donc un très bon dynamisme et les temps passe vite dans ces mystérieuses salles du Palais Impérial…

En termes de rejouabilité, aucune partie ne ressemblera à une autre. Grâce aux jetons tirés au hasard du sac, les deux joueurs doivent constamment chercher à innover pour mettre l’autre en déroute. Tout comme le Goryō qui n’est jamais lié au même objet.

Au final, la surprise aura été des plus intéressantes avec un matériel de jeu que nous avons beaucoup apprécié. Le thème n’est pas évident à aborder surtout que la règle du jeu ne contribue pas à cela. En tous cas lors de l’approche initiale. Mais il n’y a pas de quoi rester sur cette impression en demi-teinte car l’éditeur a su être à l’écoute des joueurs et n’a pas manqué de réagir en quelques jours pour remédier au problème. Et cela, c’est plutôt admirable ! Puis vient la prise en main et la découverte du jeu avec un opus qui ne manque pas de stratégie. Soit pour le Goryō, soit pour les Samouraï ! Ce n’est pas toujours évident à maîtriser un jeu résolument asymétrique, mais celui-ci propose un vrai plaisir ludique et un challenge tout aussi passionnant pour les deux protagonistes. Entre le fait de se déplacer de manière stratégique, de chercher à mettre l’autre en déroute ou de jouer les enquêteurs émérites, une partie propose véritablement de quoi s’amuser à deux. Bien dosé et pas trop long à jouer, Goryō est définitivement un compagnon idéal pour un duo appréciant le jeu avec stratégie mais légèreté.

Relevons encore que des variantes officielles sont également disponibles en ligne. Ces dernières apportent une façon sympathique de renouveler le jeu, mais surtout d’offrir une approche un peu différente. Avec la variante de « l’objet maudit », le Goryō peut se déplacer de façon beaucoup plus « brutale », sautant d’un objet à l’autre ce qui compliquera d’autant plus la tâche des Samouraï. Et pour la variante « Genjutsu », les cubes gris et vert proposent de nouveaux effets. La fausse piste ploque des actions du Samouraï alors que le bond devient un déplacement qui ne sera pas annoncé au Samouraï si celui-ci enquête sur une case désignée. Deux variantes vraiment sympathiques !

Maintenant, c’est à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
Le fiche de Goryō sur Board Game Geek
Le guide stratégique et la FAQ en français
Les variantes officielles, également en français
Le site de l’éditeur Ôz Editions
Le site de Pailles Editions

Rédacteur de l’article : Léo

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