En ce mois d’octobre 2019, on sent bien que le festival d’Essen rythme notre paysage ludique, avec son lot de nouveautés automnales. Et justement, dans notre sélection du moment, pas mal de titres sortis dans les dernières semaines ou dans les derniers mois… Est-ce que la rentrée proposerait-elle finalement un cru plutôt millésimé ?
Bien entendu, il n’y a pas que les nouveautés qui retiennent notre intérêt. On veille toujours à accorder suffisamment de temps aux jeux déjà édités, déjà disponibles dans nos boutiques, ou même à ceux qui attendent au fond de notre ludothèque. Cela dit, ces derniers mois nous ont surpris par des jeux qui auront su piquer notre curiosité et surtout, nous convaincre !
Chaque année, on se demande toujours comment les éditeurs parviendront encore à nous surprendre et surtout, à innover dans cette masse presque absurde de nouveaux opus ! Et finalement, des titres se détachent, le génie créatif parvient à parler à notre porte ! Mais rassurez-vous, on a quand même quelques jeux que vous devriez aisément reconnaître dans notre cette sélection d’octobre; des jeux qui se trouvent peut-être même déjà sur vos rayonnages.
Sans plus attendre, voici ce qui aura marqué le haut de notre panier en octobre 2019.
Harry Potter – Hogwarts Battle, Defence Against the Dark Arts
Coup de cœur de Warda
Dans la vie, j’ai plusieurs passions. Dont une qui dure depuis trèèès longtemps : Harry Potter. Alors évidemment, comme n’importe quel Potterhead qui se respecte, dès qu’un jeu sur ce thème sort, je suis sur le coup. Avec toujours plus ou moins d’appréhension, car c’est toujours compliqué de faire un jeu au gameplay solide lorsqu’il s’agit d’une licence exploitée. Pour le coup, la maison d’édition The OP (anciennement USApoly), spécialisée en jeux licencés et qui nous a déjà régalés avec le deckbuilding coopératif Harry Potter™ Hogwarts™ Battle ou une adaptation du Codename Duel, nous propose aujourd’hui un nouveau deckbuilding, compétitif cette fois, du même univers : Harry Potter™ Hogwarts™ Battle Defence Against the Dark Arts. Ce nouveau numéro est un standalone compétitif qui se joue à deux joueurs uniquement pour des parties d’une quarantaine de minutes ; vous incarnez des étudiants en cours de Défense contre les Forces du Mal et vous intégrez le club de duel afin d’apprendre à vous défendre. Le but est d’étourdir votre adversaire trois fois pour remporter le duel, grâce à la construction de votre deck, afin d’y améliorer vos attaques, vos défenses et vos aides. Un petit côté Star Realms voire KeyForge, l’univers Harry Potter en plus, qui ravira surtout les fans de la première heure ainsi que les afficionados du premier deckbuilding coopératif. Car c’est vrai que même si les deux jeux sont différents, vous retrouverez l’ambiance du premier jeu, tant au niveau du design graphique que de l’immersion dans le thème. Même le plateau de jeu rappelle la piste de duel du second opus de la saga (coucou Gilderoy Lockhart !). Voilà un petit deckbuilding très réussi qui fera office de madeleine de Proust à tous les adolescents qui n’ont pas eu la chance de recevoir leur lettre pour Poudlard par hibou !
Tapestry
Coup de cœur de Laurent
Mon coup de cœur de ce mois-ci sera pour Tapestry, jeu du génial Jamey Stegmaier, en français chez Matagot. Mais qu’est-ce qu’il nous a pondu là le Jamey ? Quelle bombe ce jeu ! Déjà niveau matériel, tout est magnifique, notamment le plateau modulaire façon Civ avec les pistes de développement autour. Mais aussi les cartes Tapestry et Technologie, les fiches de civilisations, et puis aussi les merveilleux bâtiments miniatures á construire sur sa capitale. Alors on est clairement dans un jeu de broyage de neurones puissance mille, hyper calculatoire, mais avec un brin de chaos et d’interactions quand même. Ce qui fait que les meilleures strategies à long terme devront souvent s’adapter aux actions des autres au moment opportun. Et Il y a des milliards de choses à évaluer, calculer, estimer, planifier dans ce jeu, qui au final semble un poil abstrait même. Ce que j’ai bien aimé est la constante dualité de choix entre la course effrénée sur une piste (ou deux) au détriment des autres pistes pour un gain en bâtiments important. Et à l’opposé, la minutie lente (et l’économie de moyens) permettant de se développer de manière cruciale un peu partout, mais sans apport de bâtiments intéressants. Un autre point original est le timing de changement d’ère, à l’appréciation du joueur qui rend le jeu absolument jubilatoire et extrêmement tendu en décisionnel, avec en plus les pouvoirs singuliers des cartes Tapestry. Grâce à son système de points de victoire exponentiel, le parfait déroulement ordonné des actions à effectuer est essentiel à maitriser pour une progression adéquate de sa civilisation au cours des quatre tours de jeu. Avec une habile fusion de mécaniques sublimées de Tzolkin (les pistes de Civ), de Scythe (le moteur à PV et son coté punitif impardonnable), de Small Worlds (le déclin de Civilisations et son timing), et finalement d’Agricola (la construction subtile de sa capitale), Tapestry va se révéler être certainement un des meilleurs jeux de l’année. Ceci grâce à la puissance de son horlogerie mécanique et ce malgré sa relative faiblesse thématique.
Ceylan
Coup de cœur de Léo
D’habitude, une bonne table de jeu s’accompagne d’une petite bière. Mais finalement, pourquoi pas aussi d’une tasse de thé ? L’un des derniers arrivés dans le secteur ludique, l’éditeur FunnyFox, frappe fort avec la localisation de Ceylan. Un eurogame dans lequel les joueurs s’immergent au cœur du XIVème siècle dans les plantations de thé de ce qu’on connaît aujourd’hui comment étant le Sri-Lanka. A chaque tour, les joueurs choisissent d’effectuer une action – selon les cartes qu’ils ont en main – pour se déplacer sur le plateau de jeu, planter du thé, le récolter, engager des spécialistes, livrer des commandes, développer la technologie, etc. Un système de jeu finalement assez classique mais qui offre une jolie particularité avec le choix des actions qui également permettre aux autres protagonistes de jouer pendant le tour du joueur actif. Ainsi, chaque choix d’action revêt une importance capitale. Entre opportunisme, gestion de ressources, placement, gestion de main… l’opus propose un gameplay très simple mais une jolie courbe d’apprentissage avec des choix constants à effectuer. Un petit aspect course rythme la partie et le système de jeu permet en outre de prendre de vitesse ses adversaires dans les livraisons de thé. Plutôt sympa ! De plus, l’univers du jeu a été subtilement illustré et mis en valeur grâce à un rendu qui donne clairement envie. Les parties sont amusantes, agréables, mais relativement tendues car il ne faut rien lâcher pour espérer l’emporter. Voilà un titre accessible qui plaira aussi bien aux joueurs en devenir qu’aux amoureux des jeux de gestion. A déguster sans modération mais avec un nuage de lait ! Santé !
Goblivion
Coup de cœur de Anne
Goblivion est un jeu de carte solo qui peut également être joué à deux en mode coopératif. L’aventure se déroule dans un univers médiéval-fantastique avec un trop plein d’humour. On incarne un Roi ou une Reine de Goblivion qui devra protéger son peuple de l’invasion de gobelins et de trolls. Pour ce faire, il faudra entraîner ses paysans et les faire évoluer en guerriers prêts à combattre. J’ai beaucoup apprécié ce jeu car il mêle la stratégie, la planification et le deckbuilding. Les phases de jeu sont très simples car elles se répètent jusqu’à la fin de la partie. Lors de chaque tour, il faudra entraîner un paysan, puis l’ennemi avancera et il faudra l’attaquer avec ses nouveaux guerriers et ses machines de guerre. Il sera nécessaire d’épurer le deck au fur et à mesure afin d’affronter les boss en fin de partie. Ce jeu est très intéressant car il permet de jouer selon trois niveaux de difficulté et il fait preuve d’une bonne rejouabilité étant donné que nous n’utilisons qu’une partie des cartes pour créer notre deck de départ et que 5 rôles différents de rois ou reines existent avec chacun leur pouvoir particulier. Les règles sont vite assimilées et la mise en place est très rapide. Idéal pour faire une petite partie quand on n’a pas trop de temps mais l’envie de s’amuser et de se lancer dans un nouveau challenge. Alors… à l’attaaaaqueeee !
Freshwater Fly
Coup de cœur d’Éric
L’opus est un jeu issu d’un Kickstarter sur un thème très atypique de la pêche. Le but étant d’être le premier à pêcher 7 poissons de la rivière pour mettre fin à la partie. Une salade de points de victoire déterminera le vainqueur et couronnera le maître pêcheur. Règles très accessibles et bien écrites, un matériel de grande classe, des illustrations superbement réalisées, un thème très original et une mécanique à base de « dice drafting » qui fonctionne très bien. Un vrai coup de cœur qui donne envie d’y retourner à la moindre occasion. La possibilité de faire une campagne solo est également un argument supplémentaire pour ne pas passer à côté de ce jeu. Même si l’utilisation de dés rime de manière générale avec du hasard, le choix de la mécanique « dice drafting » ainsi que des actions bonus que nous pouvons utiliser durant la partie, vont pouvoir réduire cet aspect qui peut rebuter plus d’un ludo-pêcheur. Après tout, qui a dit que la pêche était une activité facile ? Nous arrivons très facilement à nous mettre dans la peau d’un piscivore du dimanche tout en respectant (dans les grandes lignes) chaque étape de la pêche. Les 2 phases distinctes entre choisir son poisson dans la rivière en espérant qu’il morde à l’hameçon et la phase de moulinage (sur son plateau personnel) pour pouvoir attraper notre poisson contribuent à cette immersion et personnellement j’adore. Chaque joueur aura, en plus des objectifs communs (pour gagner des points de victoire), des objectifs individuels en fonction du plateau personnel choisi. Cela permettra de varier les plaisirs, mais surtout d’orienter différemment notre pêche entre chaque joueur et entre chaque partie. Vous l’aurez compris, Freshwater Fly est une surprise ludique avec un thème fresh-ment nouveau et fun, alors ne le laissez surtout pas filer…
Jetpack Joyride
Coup de cœur de Patrick
En 2011, un studio australien de développement de jeux vidéo prénommé Halfbrick Studios sort un jeu sur plateform iOs appelé Jetpack Joyride qui fit assez rapidement l’unanimité. Raflant même au passage de nombreux prix ! Dans ce jeu à défilement horizontal sans fin, un personnage prénommé Barry Steakfries oeuvre comme vendeur dans une entreprise sur le point de faire faillite. Un jour, alors qu’il procrastine tristement, il tombe par hasard sur l’un des laboratoires « Top Secret » de Legitimate Research et y découvre un Jetpack expérimental. Se rêvant super-héros, il s’imagine revêtir ce dernier pour sauver la veuve et l’orphelin. Le rêve devient plus ou moins réalité avec Barry fuyant le labo à toute bombe, Jetpack sur le dos… Un pitch qui fit manifestement mouche en 2018 auprès de la sympathique équipe de Lucky Duck Games qui s’était déjà fendu d’une première adaptation de jeu vidéo avec Fruit Ninja. Une campagne Kickstarter plus tard, ce nouvel opus débarquait dans nos chaumières et autant le dire tout de suite, ce nouveau portage est bigrement bien réussi. Le jeu est graphiquement attractif et dispose de matériel de qualité. Côté technique, la mise en place est über-rapide et simple et la prise en main est tout aussi aisée et intuitive. On embarque alors dans un tumulte drôle, barré, tendu, stressant, addictif, véritable condensé émotionnel qui conduit inlassablement les joueurs dans une faille temporelle ; celle où le temps s’écoule sans crier gare et dont on sort tout étonné du Momentum passé à ignorer son environnement. Jetpack Joyride est une véritable réussite : une des meilleures adaptations de jeu vidéo qu’il m’ait été donné de jouer. À découvrir de toute urgence si vous aimez le genre…
Sword and Sorcery
Coup de cœur de Vincent
Il y a des mois où le coup de cœur met du temps à se dessiner et puis il y en a d’autres comme ce mois-ci, où une fois la première partie terminée on sait déjà que c’est un énorme coup de cœur. Ce mois-ci mon dévolu s’est jeté sur Sword and Sorcery. Jouable de 1 à 5 joueurs, le titre est un jeu de type Dungeon crawler ou vous devrez explorer différents types de donjon pour affronter des monstres et ainsi gagner des niveaux. Car oui, dans Sword and Sorcery, vous incarnez des âmes qui sont rappelées du monde éthérée pour sauver l’humanité. Pour cela, vous devrez réaliser un ensemble de 7 quêtes (présentes dans la boîte de base). Mais Sword and Sorcery n’est pas qu’un jeu de société, c’est également une sorte de jeu de rôle. En effet tout au long de votre aventure, vous gagnerez des points d’expérience pour l’ensemble du groupe. Il faudra alors déterminer quel joueur montera de niveaux. Et si vous mourrez, vous retournez en forme éthérée et vous retombez au premier niveau. Comme vous l’aurez compris, je suis tombé sous le charme de ce titre alliant jeu de société et jeu de rôle. Hâte de découvrir la suite de l’aventure.
Aqua Mirabilis
Coup de cœur de Sylvain
Ce mois-ci, mon cœur a balancé pour un jeu découvert au Spiel d’Essen. Ce jeu, je ne pouvais pas imaginer qu’il serait si agréable à jouer tellement la boîte est repoussante. Peut-être l’avez-vous vu passer ? Il s’agit d’Aqua Mirabilis, d’Alessia Luca et publié par Gotha Games. Ce jeu de placement d’ouvriers prévu pour 2 à 4 joueurs nous propulse, en tant que parfumeur au XVIIIe siècle, en charge de créer des parfums dans le but de séduire le roi et sa cour. Le thème n’est pas un thème qui m’attire mais je dois reconnaitre qu’il est très présent dans le jeu et pas du tout plaqué. Les mécaniques le servent et cela fonctionne super bien. On se prend au jeu, qu’on aille au marché chercher nos fleurs, nos essences de parfums, qu’on aille séduire les personnes de la cour ou présenter nos fragrances. C’est un jeu expert mais qui n’est pas non plus d’une grande complexité. Certes, il est difficile de se démarquer pour faire le maximum de points de victoire mais il est fluide et rythmé. En tout cas, personnellement, ce jeu fut une belle claque ludique, ce pourquoi il est mon coup de cœur. Mais s’il-vous-plait, si quelqu’un le localise, il faudra vraiment revoir l’illustration de la boîte !
The King’s Dilemma
Coup de cœur de Stéphane
Mon coup de cœur : Thé King’s Dilemma ! Le jeu de société est ma passion. Le jeu de rôle est ma maîtresse. Quand on combine les deux et, en plus, on y ajoute un petit côté politique c’est plus que gagnant ! Un jeu qui mérite toute mon attention, et cela des plus grands ludistes de ce monde : The King’s Dilemma de Horrible Games. Qu’est-ce que ce jeu ? Un jeu de type « legacy » dans lequel les joueurs incarnent les conseillers du royaume d’Ankist et dont les agendas ne coïncident pas toujours avec les intérêts du peuple, voire du roi ! S’adressant à un groupe de deux à cinq joueurs, l’expérience de jeu est susceptible d’être plus complète à quatre ou plus. Chaque partie voit une série de dilemmes/problèmes affecter le règne du roi d’Ankist et seul ses conseillers peuvent lui trouver la solution adéquate. À chaque problème révélé, les joueurs, tout en étant dans le rôle de leurs conseillers respectifs, doivent discuter de deux possibles solutions soit en votant « oui » pour la solution proposée sur la carte jouée ou en votant « non » pour simplement la refuser intégralement ou en partie. Cependant, attention ! Avant de passer aux votes, il est important de discuter du problème et d’en négocier la conclusion ! Les pots de vin fusent, ainsi que les coups bas ! Chaque problème en provoque un subséquent de partie en partie ce qui rend l’expérience des plus intéressantes. À jouer toujours avec les mêmes copains et, surtout, en campant son rôle à fond comme dans une partie de jeu de rôle ! Approuvé par le gamer !
A dans trente jours pour une nouvelle sélection ! Et d’ici là, bons jeux !