Tiré abruptement d’un sommeil sans rêve par le cliquetis du train, un rapide coup d’œil vous permet de constater que vous êtes enfin arrivé à bon port ; la ville se dresse devant vous. Deviendra-t-elle votre nouveau domaine ou la perdrez-vous au profit de pauvres mortels ? Voici Masters of the night, dès demain sur Kickstarter.
Des origines sang pour sang véridique ! Ou pas…
De nos jours, le vampire tient une place de choix dans la mythologie des créatures légendaires, puisant ses origines dans de multiples folklores et superstitions différentes à travers le monde. Anciennement orthographié « Vampyre », le personnage est introduit dans le langage courant au 18e siècle, popularisé notamment par les récits des auteurs dit « romantiques ». Les origines du mythe sont cependant quelque peu obscures. Bon nombre de croyances véhiculent à partir du Moyen-Age, ayant pour composante commune « l’être surnaturel assoiffé de sang ». Sa forme diffère selon la période et les régions, mais donne peu à peu vie au mythe. Démon aérien durant l’antiquité, esprits maléfiques du vent nocturne au Proche-Orient, créature à l’apparence féminine (à l’instar des sirènes) pour les Romains…
Mais quid de ses origines ? Le personnage de Lilith, présentée comme la première femme d’Adam (et accessoirement démon féminin aux cheveux longs et pourvu d’ailes dans la tradition juive) constitue une figure récurrente dans les croyances esoterico-fantastico-religieuses. Les récits derrière ce personnage forment d’ailleurs une toile d’araignée assez complexe et joyeusement alambiquée, à bien des égards. En résumant un tantinet, Lilith aurait été façonnée avec de la terre impure, en même temps qu’Adam, ce qui expliquerait sa nature démoniaque. Dieu, n’ayant pas vu le coup venir, punit sa créature en la condamnant à voir mourir ses enfants à la naissance. Lilith, qui l’a un peu mauvaise, décide alors de se suicider. Parce que ! Cependant, après avoir reçu un pouvoir des anges (lui permettant de tuer les enfants des hommes) et fricoter avec le démon Samaël, cette dernière change d’avis et décide de fomenter sa vengeance. Elle deviendra le serpent provoquant la chute d’Ève (lève-toi…) et incitera Caïn à tuer Abel. Adam et Ève formeront alors la portion « bénéfique » de l’humanité, alors que Lilith et Caïn, considérés comme les premiers vampires de l’histoire, en seront quitte pour former la portion « maléfique » un brin moins folichonne. Les détails de leurs origines sont supposément censés être consignés dans le Livre de Nod, présenté (à tort) comme un authentique ouvrage biblique… La réalité est cependant tout autre puisque le Livre de Nod n’est qu’une pure fiction inventée de toutes pièces pour les besoins du très célèbre jeu de rôle « Vampires – La Mascarade ». Quand un mythe en rencontre un autre…
Une nouvelle qui risque de se répandre comme une traînée de sang
Le personnage du vampire a déjà été utilisé à de maintes reprises dans le monde ludique. À commencer évidemment par le jeu de rôle précité « Vampire – La Mascarade » (White Wolf publishing), mais également dans l’univers du jeu de société avec des titres tels que Nosferatu, Vampire pour une nuit, Requiem, Dracula ou encore Forever Young pour ne citer que ces derniers… Pour l’anecdote d’ailleurs, le site Boardgamegeek référence à lui seul 2 pages de titres comprenant le simple mot « vampire »… Voilà. C’est pour vous, c’est cadeau.
Quoiqu’il en soit, 2020 va accueillir un nouveau membre dans la famille… Ares Games, à qui l’on doit notamment des titres tels que Wings of Glory, Sword & Sorcery et plus récemment, Battlestar Galactica lance une campagne de financement participative sur Kickstarter – là, maintenant – pour éditer son nouveau jeu Masters of the Night.
150% coopératif et conçu par Nikolay Aslamov, Masters of the Night est prévu pour 1 à 5 joueurs dès 13 ans pour une durée de partie variable entre 60 et 120 minutes. Il sera édité par Ares Games en partenariat avec Igrology, le studio de design russe à l’origine des jeux (4X) Master of the Galaxy et Nightmarium.
Quand je mords dans un steak, j’aime bien qu’il se défende…
Dans Masters of the Night, les joueurs vont incarner les membres d’une même famille de vampires, fraîchement débarqués dans une ville inconnue après un long et pénible voyage, ayant pour défis de survivre et d’établir leur domination dans la cité. Mais cela ne sera pas chose aisée : de mystérieux agents de l’Inquisition légèrement vindicatifs tenteront de les arrêter… Avec l’aide de sbires, fidèles serviteurs de la famille, chaque joueur affrontera tôt ou tard l’Inquisition, tentera de semer la peur au sein de la population à grand renfort de chasses légèrement sanguinolentes et façonnera d’effrayants sceaux disséminés à travers les quartiers de la ville. Toutes ces actions n’auront pour but que de préparer l’avènement de la Lune de Sang, Le grand rituel qui confirmera leur domination sur la ville et qui scellera définitivement son sort. Cependant, il s’agira aussi pour les joueurs de ne pas perdre trop de temps en conjectures. La phase préparatoire ne devra pas perdurer éternellement, car les ennemis seront constamment à leur traque et même la magie au combien puissante des vampires ne serait en mesure de les arrêter si le « voile » qui les dissimule devait potentiellement s’effondrer.
C’est justement un facteur que les joueurs devront surveiller de très très près (représenté par une échelle) qui mesurera continuellement à quel point les citoyens de la ville sont conscients des activités et de la localisation des vampires. Alors que les agents de l’Inquisition poursuivront sans cesse leur traque, l’échelle du Voile se décrémentera lentement mais sûrement jusqu’à tomber à zéro, provoquant par la même occasion la levée du voile et une disparition mortelle relativement soudaine des joueurs. Un peu moisie comme conclusion ! Les joueurs devront donc collaborer efficacement pour terminer les préparatifs en temps et en heure leur permettant de lancer avec succès le fameux rituel de la Lune de Sang avant qu’ils ne soient découverts et joyeusement vaporisés.
C’est le moment d’avoir les dents qui raient le parquet
Techniquement parlant, Masters of the Night se joue sur un plateau modulaire composé de neuf tuiles, représentant chacune un quartier de la ville. Chaque quartier dispose d’un effet qui lui est propre et qui devra être activé en temps voulu. Côté personnages, six vampires sont disponibles, chacun avec des capacités spécifiques ; et il va sans dire que bon nombre de combinaisons intéressantes seront possibles entre personnages. Un aspect justement très intéressant du jeu concerne notamment la possibilité pour un joueur de contrôler plus d’un vampire, fut-ce en solo ou avec d’autres joueurs, offrant ainsi un large panel de variations sur le même thème.
Le jeu est divisé en rounds, eux-mêmes subdivisés en 2 phase distinctes : la nuit et (attention, vous allez être surpris) le jour. Durant le jour, les joueurs, plus vulnérables, devront appliquer les effets des différents quartiers et tirer une carte évènement, dont les effets seront immédiats. Ces cartes permettront notamment de déterminer le nombre d’agents qui apparaîtront nouvellement en ville ainsi que leur localisation. La phase diurne se terminera par une attaque (potentielle) en règle des agents de l’Inquisition sur les membres de la famille ou/et leurs sbires.
En phase nocturne, la fête du slip côté vampire pourra enfin commencer. Les joueurs auront notamment le loisir de dépenser des points pour exécuter un certain nombre d’actions, tels que se déplacer entre quartier, plomber joyeusement des agents à grand renfort de règles de combat, échanger des reliques, apposer un sceau de terreur dans un quartier voire, pourquoi pas, initier le fameux rituel de la Lune de Sang (si le cœur leur en dit) …
L’accomplissement du Rituel et par la même occasion, la victoire pourront éventuellement être assurés si les joueurs arrivent à coopérer efficacement pour éloigner les agents de l’Inquisition des quartiers cruciaux et maintenir l’approvisionnement en sang à grand renfort de chasse au citoyen lambda. De puissantes cartes reliques dissimulées dans le quartier des musées pourront également leur être d’une grande aide ; chaque relique offrant des avantages substantiels et non négligeables !
Un jeu qui a du mordant !
En sus des tuiles de quartier, fiches de personnage, dés et autres tokens sympathiques, une série de figurines en résine à l’effigie des personnages (vampires et agents) feront partie du voyage. Et c’est bien évidemment sans compter les surprises potentielles que l’éditeur garde actuellement bien cachées dans son tiroir…
La campagne est lancée le 14 janvier pour se conclure le 30 janvier 2020; soit une campagne relativement courte… On ne sait pas pour vous, mais en ce qui nous concerne, nous sommes particulièrement Impa-sang… Euh… Impatient !
La campagne participative sur Kickstarter
Master of the night sur Tabletopia
Les règles du jeu (en anglais)
Un trailer « funky » du jeu