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Moai, Noël au balcon, Pâques au tison !

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 557 vues 13 minutes de lecture

Rapa Nui ! Sous le nom plus connu de… l’Ile de Pâques. Une terre à la fois inhospitalière et légendaire. Une toute petite île polynésienne perdue au milieu de l’Océan Pacifique. Rattachée au Chili, ce petit banc de terre a été découvert le jour de Pâques, en 1722, par l’amiral néerlandais Jakob Roggeveen. Un navigateur qui y découvrira l’un des mystères les plus fascinants de notre histoire, toujours en partie préservé à ce jour; les fameuses statues Moaï. D’immenses monolithes sculptés par les locaux, entre le 13ème et le 15ème siècle, alors que les moyens sur place étaient rudimentaires. Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, Rapa Nui cultive toujours l’imaginaire des uns et la soif d’aventure des autres. Une culture, une légende, un peuple,… un thème idéal pour un jeu de société !

Dans quelques minutes, nous atterrirons à l’aéroport de Mataveri, sur l’Ile de Pâques. Nous vous invitons à relever les tablettes situées devant vous et à bien vouloir attacher votre ceinture. Bienvenue au Chili ! Sur une île qui accueille « Moai », un jeu sorti il y a quelques années. Certains le feront même passer pour une vieillerie, alors que l’opus date de 2007. Mais comme on le dit souvent, il n’y a pas que les nouveautés qui sont intéressantes.

Moai, c’est une boîte de jeu qui a quand même pris un petit coup de vieux, édité par Face2Face Games. Une entreprise qui n’existe plus à ce jour. Autant vous dire – et vous l’aurez sans doute compris – que si votre crémier ne dispose pas encore d’un dernier exemplaire en stock dans sa cave, vous aurez bien du mal à en dénicher un à l’état de neuf.

Aux commandes du titre, on retrouve Adrian Dinu, un auteur suisse qui n’a que peu fait parler de lui mais qu’on retrouvera avec un nouveau jeu en 2020. Deux à cinq joueurs peuvent taquiner « Moai » pour des parties d’environ 75 à 90 minutes, accessible dès douze ans.

Avec Moai, le jeu cherche à représenter le développement insulaire avant que le navigateur Roggeven découvre l’île. En tant que chef de clan, nous revivons les pénuries de ressources, les faibles récoltes de la population, et bien sûr, l’édification des fameux Moai. A chaque tour, les joueurs devront récolter du bois et de la nourriture, sachant qu’il n’y en aura pas assez pour tous les clans. Il faudra aussi se rendre sur les pentes du volcan Rano Raracu pour y sculpter et transporter les Moai. Un jeu de gestion de main de cartes, de positionnement, de gestions de ressources face cachée et qui fera le plaisir des esprits les plus aguerris.

On vous détaille cela sans plus attendre puis on vous en dit davantage.

Cache cache chez les polynésiens

Chaque joueur est à la tête d’un clan de Rapa Nui. Pour l’emporter, il faudra scorer le maximum de points de prestige. Les points de prestige s’acquièrent avec la hauteur des Moai sculptés, avec les membres du clan vivant sur le plateau en toute fin et avec le bois restant chez les joueurs.

Tous les joueurs commencent par une phase d’enchère, en utilisant les valeurs des cartes qu’ils ont en main. Ceci dans le but d’être le premier à acquérir des cartes d’époque, mais aussi pour être « l’homme oiseau »; c’est-à-dire être ainsi le premier joueur du tour. Les cartes d’époque permettent notamment de définir combien de bois est mis en jeu à ce tour, mais aussi de déclencher immédiatement divers effets, etc. S’ensuit la phase principale du jeu durant laquelle, tous les joueurs envoient à tour de rôle les membres de leur clan sur le plateau central représentant l’île. Chaque membre du clan est représenté par un pion en bois de valeur 1 à 3. Les pions sont placés face cachée sur les différentes actions et quand chacun les a tous assignés, les valeurs sont révélées. Ainsi, il est possible de collecter du bois, de nourrir les autres membres de son clan, de sculpter des Moai sur les pentes du volcan, ou même de pêcher en mer grâce à des cartes d’époque comportant un bateau.

Le volcan permettra ainsi de sculpter des Moai de taille différente en fonction de la force des pions des joueurs. La forêt va rapporter du bois qui sera utilisé pour transporter les Moai jusqu’à la cote et ainsi marquer des points de prestige. Et les points de nourriture seront utilisés pour nourrir chaque membre du clan, faute de quoi le membre affamé est retiré du jeu. Ensuite, chaque joueur refait sa main de cartes, puis retire un certain nombre de membres du clan du plateau de jeu en fonction de la carte épique choisie en début de tour. Finalement, de nouveaux membres du clan peuvent arriver, certains peuvent être enlevés aux autres joueurs, et des bateaux de pêche peuvent être construits avec les ressources de bois.

Un nouveau tour recommence et la partie se termine lorsque la carte de l’Amiral Roggeveen est révélée dans le deck d’époque. L’île est à présent colonisée et c’est là que l’histoire de nos insulaires se termine.

Une valeur sûre !

Moai a été édité en 2007. Oui d’accord, on le répète, mais n’empêche que la production s’en ressent un peu. Vous allez comprendre. Non pas que cela soit mauvais, bien au contraire. Mais on retrouve un gros « marqueur » en carton comme pion du premier joueur, un plateau de jeu – certes joliment illustré – sans oublier des marqueurs en bois, un deck de cartes, des jetons, des tuiles en carton qui se ressemblent toutes, et la règle du jeu. La production se veut réussie et tout rentre parfaitement dans le thermoformage contenu dans la boîte. En revanche, il faudra accepter de composer avec un petit style rétro, tant sur les nombreux éléments en bois que sur les illustrations du jeu. Cependant, nous on aime bien et il faut se remettre dans le contexte, il y a douze ans en arrière.

Thématiquement, on a beaucoup apprécié l’univers visuel qui nous plonge au cœur de la Polynésie. Tout comme les actions du jeu pour lesquelles on ressent bien les phases de pénuries de ressources, mais aussi la création des Moai et leurs transports du volcan jusqu’aux régions côtières de l’île. Un thème qui n’est donc nullement plaqué et dont le contexte colle très bien aux faits historiques.

Côté règle du jeu, le livret de huit pages témoigne d’une bonne efficacité même si on sent bien qu’on a fait mieux depuis. Les informations sont quelque peu entassées et on aurait aimé une organisation optimisée du feuillet. Cela étant, comme on dit chez nous, « il fait le travail » et vous pourrez rapidement débuter votre première partie sans trop de soucis. Subsiste peut-être quelques infos un peu vagues mais lancez-vous dans la partie et tout deviendra clair.

La mise en place ne vous prendra que quelques minutes. Grâce au thermoformage, les composants sont déjà triés ce qui facilite donc le setup. Ainsi, vol direct et rapide vers Rapa Nui pour débuter une première partie. Les sensations du début sont assez bonnes avec très peu de retours dans la règle. Quelques petits pictogrammes bien réalisés qui aident indéniablement et une bonne accessibilité. Notre première impression est donc positive, parole de polynésien !

Avec Moai, nous sommes clairement sur un jeu de type « Euro ». C’est-à-dire un bon jeu de cubes en bois. Ce qui est un comble alors que les insulaires de l’île se battent pour collecter le bois qui y est rare ! Et donc forcément, on retrouve les mécanismes qui vont avec ce type de jeu. Mais pas uniquement et c’est là où le titre en devient sympathique. On retrouve donc une gestion de cubes de valeurs différentes, associée à du placement sur l’espace central et de l’opportunisme. En effet, il faudra saisir les bons emplacements avant que les autres joueurs ne les accaparent mais aussi positionner stratégiquement les forces de bonnes valeurs pour y être majoritaire. Comme cela se fait face cachée, ou partiellement face cachée selon l’avancement du jeu, la stratégie peut aussi être mêlée à du bluff. Mais ce n’est pas obligatoire de l’utiliser. On retrouve aussi une gestion de main de cartes qui va nous aider au fur et à mesure que la partie se poursuit. Car petit à petit, certains effets, assez punitifs, vont entrer en jeu et une bonne gestion des cartes sera donc impérative, même si vous devrez vous adapter. Et les cartes seront à la fois utilisées pour des enchères mais aussi pour remettre en jeu les membres de notre tribu ou pour effectuer des raids sur les tribus adverses. On a vraiment été séduit par cette particularité amusante du gameplay ! Avec ces mécanismes de type « Euro », on va concrètement récupérer des ressources pour nourrir les membres de notre tribu, qui eux même seront utilisés pour collecter des ressources, mais surtout tailler des Moai, les transporter et donc, collecter des points de victoire. Un moteur plutôt intelligent et efficace qui devra être mis en place par les joueurs, tout en gardant en tête que les autres pourront venir gripper les rouages à leur profit.

Vous l’aurez constaté, pas de grande originalité dans les mécanismes du jeu. Toutefois, Moai brille par son efficacité. Un jeu comme on en faisait il y a quelques années et qui nous laisse ce sentiment d’une « valeur sûre » ! L’originalité se trouve en revanche sur le thème du jeu et on note aussi ce petit twist bien sympa consistant en des placements face cachée sur le plateau central. De notre côté, on a vraiment apprécié ce mélange qui fonctionne très bien et qui nous laisse ce petit goût sympa d’île à l’autre bout du monde.

Et puisqu’on évoque la Polynésie, impossible de ne pas penser à l’interaction entre les joueurs. Là où généralement ce type de jeu fonctionne plutôt en « chacun chez soi », avec Moai on sort de ce cadre. Le jeu se veut plutôt interactif avec des échanges fréquents durant toutes les différentes phases du jeu. C’est très plaisant !

Un petit mot encore sur la rejouabilité qui ne pose aucun souci. Avec les différents mécanismes présents dans le jeu, impossible qu’une partie ressemble à une autre. D’autant qu’il y a toujours une nouvelle stratégie à exploiter !

On ouvre une parenthèse pour les parties à deux joueurs. Moai se joue parfaitement en duo mais on vous conseille vraiment de retirer certaines cartes époque comme évoqué dans la règle. En effet, à deux joueurs, les parties s’éternisent inutilement si on joue avec l’entier du deck de cartes. Mais finalement, c’est à vous de décider.

Au final, une bien bonne expérience que ce petit voyage en terre chilienne sur les traces de ces fameux Moai. On a découvert là, un jeu travaillé et efficace. Une jolie interaction entre les différents clans et pas mal de stratégie à mettre en place. Les effets des cartes rajoutent aussi un soupçon de méchanceté envers les autres joueurs. Thématiquement les mécanismes collent parfaitement avec le système de jeu et l’ensemble fonctionne à merveille. Même les aspects historiques collent avec la règle, jusqu’à l’arrivée sur l’île de l’Amiral Roggeven ! En outre, on aura aussi aimé un gameplay qui repose sur des valeurs sûres et qui a été sublimé par de petits twists pas piqués des vers… Un seul regret, et il est de taille, c’est bien la disponibilité du jeu ! L’éditeur n’existe plus et comme Moai date de plus de dix ans, il s’avère presque impossible à dénicher en dehors du marché de l’occasion. Ce qui nous laisse clairement penser que ce chouette opus mériterait sans doute une réédition. L’appel est lancé !

Dans quelques minutes nous re-décollerons de l’aéroport de Mataveri. Notre séjour sur l’île de Pâques toucha à son terme. Nous vous remercions d’avoir choisi notre compagnie et nous vous laissons vous préparer au take off…

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
La fiche de Moai sur Board Game Geek

Rédacteur de l’article : Léo

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