Accueil > Articles > Museum, l’Art d’exposer du Prestige

Museum, l’Art d’exposer du Prestige

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 553 vues 16 minutes de lecture

Mon cœur palpite. Est-ce la chaleur ou une légère claustrophobie depuis que je me suis engagé dans cette petite alcôve sous le sarcophage ? Juste après la grande allée avec plein de statues. La sueur perle sur mon front mais je reprends rapidement mes esprits. Ces fouilles sont sans doute les plus incroyables depuis celles de Carter en 1922. Mais il fait noir. Trop noir ! On ne voit rien du tout dans ce fichu tombeau. Et je ne voudrais pas que ce tombeau soit mon tombeau… Aziz, lumière ! Ah, c’est nettement mieux et j’arrive maintenant à distinguer très clairement les premiers hiéroglyphes qui ornent ce magnifique artefact. L’œil de Tiamat ! Encore un petit coup de pinceau pour en dégager les derniers grains de sable… Incroyable ! Étincelant, brillant et magnifiquement conservé. Comme disait un éminent professeur dont le nom m’échappe, sa place est dans un musée !

En novembre 2017, on vous parlait déjà de Museum. Un jeu qu’on avait eu l’occasion d’essayer avec l’équipe d’Holy Grail Games lors du Spielmesse d’Essen. Mais si, vous savez, Holy Grail, les p’tits gars à l’origine de Rising 5, Outlaws. Et bientôt Rallyman GT et Dominations ! Pour Museum, on vous avait promis d’y revenir dans un article complet. Considérez donc que c’est à présent chose faite ! On avait été enchantés de l’expérience ludique qui nous paraissait très prometteuse. Maintenant que le jeu a été finalisé et qu’il débarque dans toutes les bonnes crémeries, voyons si notre première bonne impression se confirme.

Mais avant toute chose, revenons un peu en arrière. En décembre 2017, après une campagne participative sur Kickstarter, Museum parvenait à convaincre quelques 680 conservateurs pour une jolie cagnotte de 250’000€ récoltés. Il faut dire que ce qui n’était alors qu’un projet, ne manquait pas d’atouts. Et la promesse était belle. Endosser le rôle d’un conservateur de musée, rassembler des œuvres et des trésors archéologiques provenant des quatre coins du globe, et les exposer dans sa galerie ! Plutôt sympa vous nous trouvez pas ?

Et pour couronner le tout, les auteurs du jeu, Olivier Melison et Eric Dubu se sont entourés de Vincent Dutrait. L’homme qui manie les pinceaux traditionnels mieux que personne ! Ainsi, Holy Grail Games propose un opus riche et complet pour des parties de 60 minutes environ, accessibles dès 10 ans et pour 2 à 4 joueurs. A noter qu’une extension solo est également disponible mais cette dernière est exclusive aux contributeurs du financement participatif. Museum se décline également sur d’autres extensions, mais nous y reviendrons plus en avant dans ce sujet.

On vous le disait, vous voilà à présent devenus un conservateur de musée. Mais alors, que nous réserve Museum ? Dans ce titre, principalement composé de cartes, vous serez occupés à sélectionner des reliques dans quatre continents, pour les exposer dans votre musée. Vous devrez composer des collections afin de marquer des points de victoire. Et bien entendu, comme un trésor est unique, vous vous disputerez peut-être avec les autres joueurs pour l’acquérir. Mais des événements et de multiples effets viendront assurément vous compliquer la tâche.

Avant de vous expliquer pourquoi on a décidé de vous en parler, faisons un petit tour dans le livret d’instruction avec un aperçu des règles du jeu.

Je sens que je vais ma musée !

Dans Museum, vous endossez le rôle d’un conservateur de musée. Le but du jeu sera d’acquérir des artéfacts pour les exposer dans votre musée, les regrouper en collections et ainsi, gagner de précieux points de victoire. Le gagnant sera le joueur qui disposera du plus grand nombre de points de victoire une fois la partie terminée. Vous pourrez effectuer des collections par type de domaines, de civilisations ou un mélange des deux selon les objectifs de certaines cartes.

A son tour, le joueur actif commence par une phase d’exploration consistant à récupérer une carte d’artefact, sur le plateau central. Cette carte vient alors dans la main du joueur ce qui constitue sa réserve personnelle. Les autres joueurs peuvent alors décider de récupérer également une carte sur le plateau central, pendant le tour du joueur actif. Si tel est le cas, le joueur actif récupère alors des jetons de points de prestige.

Le joueur actif décide alors de placer des artefacts, provenant de sa main, de sa défausse ou de la défausse des autres joueurs, dans son musée. Chaque nouvel objet placé dans le musée doit être payé avec les cartes en mains, et octroie également des points de victoire immédiats. Les cartes sont placées de manière à constituer des collections dans les différentes salles du musée et doivent être adjacentes pour que la collection soit valide. A noter qu’il est possible de réorganiser ses cartes à tous moments.

A chaque 10 points de victoire, les joueurs récupèrent une carte de mécène qui fonctionne comme un bonus pouvant être joué n’importe quand durant leur tour. Et à chaque nouveau tour de jeu, une carte « A la une » est piochée par le joueur qui en applique les effets pour l’ensemble des joueurs. Et la partie se poursuit ainsi jusqu’à ce qu’un des joueurs atteigne 50 points de victoire. Chacun va alors marquer des points en fonction de ses collections présentes dans son musée. Le gagnant sera alors parvenu à réunir les plus impressionnantes et vastes collections pour embellir son musée. Et il remporte la partie !

Y’a Koi Dedans ?

Alors cette boîte, on Louvre ?

On se demande… La boîte de jeu de Museum pourrait-elle devenir une relique ? Sans doute vu la qualité de ses composants. En ouvrant le couvercle, on retrouve plus de 290 cartes toilées, un immense plateau central, 4 plateaux de musées et un plateau experts, une bonne série de jetons et marqueurs en carton, des aides de jeu et un grand livret de règles. A noter que nous avons la version Kickstarter entre les mains et cette dernière rajoute des cartes supplémentaires pour quelques extensions, divers plateaux de jeu et des figurines en plastique. Que vous disposiez d’une version ou d’une autre, on ne peut que relever le soin et l’excellente qualité du matériel de jeu. L’éditeur y a apporté une attention toute particulière et cela se voit très rapidement.

Surtout que les composants du jeu revêtent les superbes illustrations de Vincent Dutrait. On sait que l’artiste a consacré énormément de temps à se documenter et à produire son impressionnant travail graphique. Le jeu n’aurait sans doute pas été le même sans ce rendu réalisé à la main. Et grâce à cela, on plonge davantage au cœur de la thématique et l’immersion est totale ! Pour couronner le tout, chaque carte propose des précisions et des informations historiques sur l’artefact qui y est représenté.

Côté règle du jeu, on se retrouve sur un document d’une vingtaine de pages. Un livret plutôt agréable à lire et ponctué d’illustrations et de nombreux exemples. Tout y est bien expliqué. Le tour de jeu est détaillé et la partie peut rapidement commencer. La mise en place consistera principalement à placer certains jetons sur le plateau et mélanger les différents decks de cartes. Autant vous dire que le setup n’est guère complexe et même plutôt rapide. Ça y est vous pouvez passer aux choses sérieuses.

Techniquement, il n’est pas nécessaire de prévoir une partie de découverte. Cependant, on aurait tendance à vous le conseiller. La règle du jeu n’est pas complexe mais vous constaterez rapidement que pas mal de subtilités se cachent durant la partie et que la règle mérite une première approche afin de bien comprendre les tenants et les aboutissants de Museum. D’autant plus si vous jouez avec tous les composants. Et surtout de voir in finece que peut comporter le décompte des points de victoire. Ainsi, on note une légère courbe d’apprentissage pour maîtriser pleinement le gameplay. D’ailleurs, ne vous y trompez pas, car même si le jeu est présenté comme étant un titre plutôt familial, on aurait tendance à le trouver assez exigeant et plus subtil qu’il n’y paraît.

Et en parlant de gameplay, on retrouve principalement un jeu de gestion de main de cartes au cœur de la mécanique. Tout l’art de Museum sera de sélectionner les bonnes cartes, de décider de les jouer en tant qu’artefacts ou pour les points d’achats, puis de créer avec ces dernières un moteur de jeu efficace. D’autant plus qu’avec les cartes de faveur, il existe de beaux combos possibles. Un moteur de jeu qui devra ainsi s’articuler autour de collections. Et même de collections croisées puisque trois grands domaines sont possibles pour marquer des points de victoire. Autant vous dire que parfois, cela peut faire un peu mal au crâne ! Le placement se retrouve aussi au cœur des mécanismes puisque les collections doivent être placées efficacement dans nos musées respectifs. Mais avec une réorganisation possible durant toute la partie et même une fois terminée, juste avant de procéder au décompte des points. Finalement, Museum ne serait pas Museum sans l’opportunité qui va avec. Car oui, le titre est un jeu d’opportunité. A toute moment cet opportunisme doit être exploité par les joueurs. Que ce soit sur le plateau principal ou même chez les adversaires. En effet, le jeu permet également l’acquisition de cartes dans les fonds des autres joueurs (comprenez pas là, leur défausse). En définitive, on ne retrouve pas d’innovation majeure dans le système de jeu mais on constate des mécanismes travaillés, bien dosés et qui fonctionnent admirablement entre eux.

Les tours de jeu sont plutôt vifs et on a apprécié le fait de pouvoir également jouer durant ceux des autres joueurs. Ainsi, on ne reste pas oisif à regarder les adversaires, en attendant que notre tour revienne. En terme de complexité, il faudra bien réfléchir à optimiser ses actions. Anticiper son jeu et donc préparer soigneusement son tour, faute de quoi, il est certain que la partie pourra durer plus longtemps qu’espéré.

La rejouabilité est un véritable point fort de Museum. Les cartes sont très nombreuses et à chaque partie leur tirage se veut différent. Rajoutez à cela les huit musées (de la boîte de base) qui proposent tous une configuration différente. Cumulez encore avec les effets des spécialistes, les cartes d’événements, les choix différents effectués en fonction des collections mécénales. On serait véritablement enclins à vous dire que cette rejouabilité est gigantesque. Et si vous en voulez encore plus, il y a des extensions ! Là, l’éditeur a réellement mis la barre très haute et on ne peut que le féliciter pour la richesse de cette démarche éditoriale.

L’interaction est également largement développée dans Museum. Outre le fait de pouvoir jouer durant le tour des autres joueurs, on a beaucoup aimé pouvoir également utiliser les cartes des adversaires. En effet, les fonds des autres joueurs (c’est-à-dire les collections présentes dans leur défausse) restent accessibles et vous pouvez les utiliser. C’est « tordu » et à la fois très bien pensé en terme de sensations de jeu et d’interaction. Le plateau central propose aussi de quoi interagir avec les autres. Car rappelons-le, l’opus est un jeu d’opportunité et la globalité du titre en fait un jeu où l’interaction est bien présente.

Vous allez croire qu’on a peut-être été payés par les auteurs à force d’encenser leur jeu. Mais on le pense réellement. Museum a été – et l’est toujours – une superbe expérience ludique. L’aspect visuel et le travail d’illustration nous ont beaucoup plus. Tout l’univers graphique a été réalisé au pinceau par Vincent Dutrait et la cohérence du rendu est bien là. Sur tous les composants du jeu ! Un vrai parti pris pour l’éditeur mais un résultat global que l’on trouve totalement en adéquation avec le thème. Mais beau ne suffit pas, il faut que le jeu « tienne la route » et encore une fois, on n’a pas été déçus. Les choix et les possibilités sont très nombreux. On interagit avec les autres, on saisit les opportunités mais on doit aussi optimiser son jeu. Les mécanismes sont travaillés et quand le jeu nous prive de certaines options, il y a presque toujours un pendant pour contre-balancer ces différents effets. Les joueurs doivent continuellement s’adapter et même ajuster leur stratégie pendant la partie. Impossible de se reposer sur ses lauriers et mettre la cinquième une fois notre moteur de jeu mis en place. Museum nous réserve toujours des particularités pour tenter de gripper nos rouages. On a aussi bien aimé le fait de jouer avec les cartes des autres joueurs. Parfois, rien ne nous satisfait sur le plateau central et notre main de cartes peut ne pas toujours être optimal. C’est là qu’intervient le fonds des autres joueurs. Et quoi de plus intéressant que de jouer avec des cartes qui finalement ne nous appartiennent pas. Tout comme il est possible de choisir des artefacts sur le plateau central, uniquement pour priver un adversaire de la pièce qu’il lui manquait pour sa collection. On a adoré cela !

Et on pourrait encore continuer tant le gameplay est riche. Les collections croisées, les différents événements qui viennent bousculer les stratégies ou nous bloquer pendant un tour, les experts pour palier à certains effets négatifs du jeu, Etc. En définitif, le côté travaillé et bien pensé de Museum nous séduit totalement. A deux ou à quatre, les diverses configurations fonctionnent parfaitement. Nous n’abordons volontairement pas l’aspect solitaire du jeu puisque seuls les contributeurs de la campagne Kickstarter ont accès à ce mode. D’ailleurs, cela nous semble un peu dommage d’avoir misé sur l’exclusivité du mode solo, surtout que l’IA peut être rajoutée en multi-joueur. Mais le titre reste suffisamment riche pour avoir de quoi jouer les conservateurs, durant des heures et des heures et des heures…

Quand le musée s’agrandit

On vous le disait, Museum propose suffisamment de choses pour en faire déjà un titre extrêmement riche avec la seule boîte de base. Nous n’avons donc pas eu l’occasion de pratiquer les extensions, mais sachez qu’elles existent. Et qu’elles seront disponibles dans le commerce pour poursuivre l’expérience de jeu et rajouter de nouvelles mécaniques.

Ainsi, vous retrouverez quatre boîtes nouvelles. La première rajoute simplement les composants pour un cinquième joueur et de nouvelles petites mécaniques. Il existe également l’introduction du marché noir et ses 60 cartes pour rajouter entre-autre des faveurs, des objets, de nouvelles civilisations et même des événements, le tour sur le plateau du marché noir. Mais l’utiliser sera aussi synonyme de perte de points de victoire en fin de partie. L’exposition universelle fait également son apparition. Trois plateaux pavillon (communs) se rajouteront au jeu, et de nouvelles cartes détermineront quels artefacts devront être utilisés pour l’expo offrant ainsi des points de victoire. Et finalement, l’extension des archéologues et son plateau spécifique. Les archéologues, propres à chaque joueur, apporteront des bonus et de nouveaux points de victoire. Et bien sûr de nouvelles cartes experts, événements et cartes de faveur. Mais surtout, ces derniers vous permettront de marquer votre présence dans certains continents. Un extension qui va rajouter de la complexité au jeu pour un gameplay nettement plus exigeant.

Toutes les extensions sont compatibles entre-elles et peuvent être « mixées » selon les envies du moment ou selon la configuration des différents joueurs autour de la table. Dans tous les cas, vous devrez encore gérer des paramètres de jeu supplémentaires. Bon courage amis conservateurs !

Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.

La règle du jeu en français
La fiche du jeu sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Holy Grail Games

Rédacteur de l’article : Léo

VOUS POUVEZ EGALEMENT AIMER

Laisser un commentaire