Les escaliers s’enfoncent encore plus profondément dans les entrailles de la Terre. Une lumière verdâtre éclaire faiblement les marches glissantes et recouvertes d’une sorte de gélatine opaque. Heureusement, l’archère de notre groupe avait l’œil et tout le monde descend sans difficulté. Même le piège dissimulé sur la dernière marche ne nous aura pas résisté bien longtemps. Mais le plus difficile semble devant nous. L’air se réchauffe à mesure que nous avançons dans des couloirs de plus en plus étroits. Un premier portail en fer, puis un deuxième et notre groupe d’aventuriers se retrouve dans une sorte de pièce circulaire éclairée par des torches enflammées. Entièrement construite de roches et de pierres affûtées, l’ensemble nous paraît quelque peu instable. Pas une porte. Pas une seule sortie. Nous voici comme pris au piège, surtout quand le mur derrière nous se referme et bloque la seule sortie possible. Si nous restons quelques instants figés par cet imprévu, on sent bien qu’une présence nous observe. Quelque chose nous regarde. Nous sommes repérés et l’immense œil rougeoyant que nous apercevons entre deux pierres nous force à l’évidence. Nous allons devoir affronter… un dragon !
Adeptes de grandes aventures, férus de mondes remplis d’elfes et de gobelins, amoureux des sous-sols, bienvenue chez vous ! One Deck Dungeon, le jeu dont il est question aujourd’hui nous plonge au cœur de l’action ! Au cœur d’un terrible donjon ! Cet opus médiéval fantastique, né de l’imaginaire de Chris Cieslik, a été édité dans sa version originale anglaise par Asmadi Games. Un éditeur plutôt discret pour nous en francophonie mais qui est par exemple, à l’origine du sympathique Penny Press ou du jeu de civilisation Innovation. Pour One Deck Dungeon, c’est Nuts! qui nous propose le portage francophone de cette petite boîte remplie de grands périls, avec une distribution assurée par Pixies Games.
Un à deux joueurs pourront prendre part à l’aventure, même si l’opus est davantage connu pour son plaisir de jeu en solo. C’est d’ailleurs cet aspect que nous allons aborder avec vous. Comptez entre 30 et 60 minutes de plaisir lugubre pour des parties accessibles en moyenne dès 10 ans.
Comme vous avez pu le comprendre, dans One Deck Dungeon il sera question d’explorer un… donjon ! Mais si, c’est fou ! Et vous incarnerez une aventurière. Car oui, dans One Deck Dungeon point de mâle aux muscles rutilants et au regard d’acier. Les héroïnes investissent les lieux ! A l’aide de dés, vous explorerez le donjon et vous devrez combattre ou éviter de terribles pièges. Le temps vous sera compté pour explorer les trois niveaux du donjon avant d’affronter le redoutable « boss » final !
Maintenant que vous avez rejoint notre guilde, payé votre modeste tribut et chaussé vos bottes, entrez dans ces sombres couloirs et partons pour la découverte de la règle du jeu.
Mais avant de vous en dire plus, regardons le contenu du jeu avec notre rubrique hyperlapse « Y’a Koi Dedans » !
Y’a Koi Dedans ?
Squelette ou dragon ?
Dans One Deck Dungeon, vous incarnez une aventurière explorant un donjon et vous gagnez la partie si à la fin du troisième étage, vous parvenez à combattre le boss final (le gardien). Plusieurs donjons peuvent être explorés avec des niveaux de difficultés croissants.
A chaque tour de jeu, vous dépensez du temps, symbolisé par votre pioche de cartes, pour explorer les différentes salles du donjon ou pour effectuer des rencontres. Ainsi, vous devrez soit combattre une terrible créature, soit déjouer un horrible piège. Chaque carte que vous retournez lors de vos rencontres comporte différents résultats de dés que vous devez atteindre. Soit des jets de force, d’agilité ou de magie. Et le nombre de dé à lancer est directement dépendant des compétences de votre personnages. En cas d’échec, vous perdez des vies et du temps. En cours de partie, vous pourrez augmenter vos compétences, utiliser des potions pour déclencher divers effets ou obtenir des capacités spéciales pouvant affecter les rencontres ou vos jets de dés. Et comme pour tout bon héros explorant un donjon, vous pourrez encore gagner des points d’expérience pour augmenter jusqu’au niveau 4. Chaque niveau vous offre de nouveaux dés ou de nouveaux effets.
Lorsque la pioche est terminée, vous la mélangez à nouveau et vous passez au deuxième étage du donjon. Et vous continuez jusqu’à la fin du troisième étage qui déclenchera alors la rencontre avec la vile créature que vous devrez combattre pour remporter la partie. Vous gagnerez seulement si vos compétences sont assez développées, si vous disposez d’un nombre suffisant de dés et si votre lancé est concluant.
Un jeu donjon m’en lasse pas !
Mais comment un tel jeu, peut-il tenir dans une si petite boîte ? C’est déroutant ! Mais à l’intérieur, tout y est. Un vrai concentré de donjon sans mention « pauvre en calories » ! Un joli deck de cartes qu’il vous faudra impérativement protéger, des fiches de personnages, des petits dés gravés et colorés, des cubes et des cœurs en bois, ainsi que la règle du jeu. Un document qui peut faire peur avec ses 40 pages. Mais rappelons que nous sommes sur un format plus petit que A6 et que le livret est ponctué de nombreuses illustrations. Honnêtement c’est vite lu.
Si le document est vite lu, prévoyez quand même une partie de découverte car certains points de règle mériteront des éclaircissements. Tout comme il vous faudra arriver au moins à la fin d’une première partie pour comprendre la façon de développer judicieusement son jeu et les éléments essentiels pour vaincre le gardien. Cependant, l’opus reste clairement facile à prendre en main avec son tour de jeu particulièrement intuitif. Les seuls deux actions possibles contribuent elles aussi à cette facilité d’accès. Pour nous, il s’agit d’un des points forts de One Deck Dungeon ! On a également apprécié la rapidité de mise en place. Après avoir choisi son personnage, placé le deck et déterminé le donjon, on peut immédiatement commencer.
La partie graphique, plutôt sombre, colle bien à la thématique tout comme le gameplay. Les visuels nous mettent dans l’ambiance et on se prend vite au jeu. Honnêtement, on pourrait appliquer toute sorte de thème sur les mécanismes utilisés ici mais au final, l’ensemble est cohérent. D’ailleurs, on notera au passage que One Deck Dungeon connaîtra bientôt sa version « spatiale », preuve en est les déclinaisons thématiques qui sont possibles avec ce type de gameplay.
Avec ce titre, pas trop de surprise dans les mécanismes utilisés qui sont essentiellement basés sur de l’exploration et des lancés de dés. S’il est possible grâce à certains effets ou capacités spéciales de modifier légèrement certaines faces des dés, nous sommes clairement dans un jeu basé sur la chance. Même les différentes rencontres sont piochées au hasard. Mais cela ne veut pas dire que le personnage subit le jeu et reste complètement oisif. Les actions sont nombreuses, il y a des choix à effectuer, des effets qu’il vaut mieux déclencher au bon moment, etc. Par ailleurs, le joueur peut toujours décider de fuir si le danger lui paraît trop important. Ainsi, il n’y a pas qu’un seul « chemin », déjà tout tracé, pour finalement se heurter à un boss imbattable. Au contraire, en fonction de son niveau et de ses capacités, il faudra choisir ses bons adversaires et ne pas hésiter à renoncer à certaines rencontres.
Cependant, soyons clairs, le jeu est relativement difficile. Il n’est pas simple de l’emporter ! Bon, rappelons quand même qu’il s’agit là d’un donjon sérieux avec des dragons, des yétis et tout un tas de personnages aussi terrifiants les uns que les autres. Vous ne pensiez tout de même pas que le jeu vous ferait affronter des licornes, des papillons et des arcs-en-ciel ? Non mais ! Cela dit, One Deck Dungeon dispose également de son mode campagne et là, il est un peu plus simple de parvenir à ses fins. D’ailleurs, ce mode permet agréablement de renouveler son expérience de jeu. Et ça c’est plutôt bien vu par l’éditeur !
Un tour de jeu de One Deck Dungeon est plutôt rapide mais c’est le côté « nerveux » qui nous a le plus intéressés. Rythmé par les combats, les rencontres, les pièges, on sent bien qu’on est dans un lieu où la castagne est omniprésente. Les lancés de dés associés aux pioches de cartes et aux déclenchements de divers effets en font un jeu dans lequel il se passe toujours quelque chose. C’est franchement plaisant et les sensations restent positives d’une partie à l’autre.
Sachez encore que One Deck Dungeon connaît déjà une première extension, ou plutôt un standalone avec le titre Forest of Shadows. Un opus qui rajoute de nouveaux personnages, de nouveaux donjons, de nouvelles rencontres mais aussi et surtout des jetons de poison. Sinon, rien de nouveau niveau gameplay. Forest of Shadows n’est cependant que disponible en anglais. Notons encore qu’un joli tapis de jeu est disponible, aux couleurs de Forest of Shadows, mais parfaitement utilisable avec les deux boîtes de jeu. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le tapis de jeu reste cependant difficile à dénicher.
Au final, c’est réellement un joli coup de cœur pour One Deck Dungeon qui nous livre de l’aventure à l’état brut ! Avec sa simplicité d’accès et la convivialité de son gameplay, on passe un excellent moment et on s’amuse beaucoup à jouer les brutes épaisses. Mais en version féminine bien sûr ! Un grand jeu dans une petite boîte qu’on aura forcément plaisir à emporter avec soi lors de nombreuses occasions. Les donjons humides et inhospitaliers n’attendent désormais plus que vous.
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
One Deck Dungeon dans la chronique de la Zone Jeu de Société
La fiche du jeu sur le site de Board Game Geek
Le site de l’éditeur Nuts!