« Strike the Pose ! »
Prêt-à-Porter est un jeu de stratégie économique dans lequel vous êtes à la tête d’une compagnie de mode qui se doit de proposer les meilleures collections dans les défilés et gagner ainsi de la notoriété. Prévue pour deux à quatre joueurs, cette troisième version du best-seller sorti en 2011 mêle placement d’ouvriers, interaction directe et gestion de ressources. Zéro place à la chance, chaque décision prise influencera votre stratégie et votre course à la victoire.
Aujourd’hui, son auteur Ignacy Trzewiczek (connu notamment pour ses jeux estampillés Expert, tels que Imperial Settlers, Robinson Crusoe ou Detective) nous propose une version reliftée et modernisée de son heavy euro-game très couture. Pour ce faire, il a notamment fait appel à Kwanchai Moryia, un prolifique illustrateur dont vous avez pu admirer le talent dans Dinosaur Island, Kepler 3042 ou Kodama, pour ne citer qu’eux. Une campagne éclair de 14 jours sur Kickstarter a permis le financement de cette troisième édition de Prêt-à-Porter en juillet 2019 et a permis de récolter plus de 270’000 dollars pour plus de 4’800 backers, confirmant ainsi le succès et l’engouement pour ce gros placement d’ouvriers élégant et hautement stratégique qui ravira tous les joueurs adeptes de jeux économiques ! A vous d’être celui qui fera prospérer votre entreprise, en y gérant vos employés, vos bâtiments et vos contrats afin de présenter les collections les plus rentables !
La mode c’est vous !
Dans Prêt-à-Porter, chaque joueur est à la tête d’une entreprise de mode et sera chargé de la rendre la plus prospère que possible, et ce, en présentant durant les Fashion Shows les collections créées et en les vendant. Le jeu se déroule sur une année représentée en 12 rounds (symbolisant les mois de l’année), eux-mêmes regroupés en 4 saisons ; dans chaque saison, vous aurez deux étapes de travail et une étape de show, pendant laquelle vous présenterez vos collections et qui se situe à la fin du dernier mois de chaque saison. Ce show vous rapportera des points de Prestige qui seront comptabilisés en points de victoire pour votre score final et augmenteront la valeur marchande de vos collections. Pendant le reste de votre année, vous serez chargés de préparer les shows lors des étapes de travail. Vous pourrez par exemple signer des contrats à court terme, agrandir votre entreprise avec de nouveaux bureaux, engager de nouveaux employés pour améliorer votre productivité et évidemment, créer de nouveaux designs. Mais attention, cela vous coûtera de l’argent et il vous faudra être vigilant pour équilibrer vos comptes, entre l’entrée de revenus grâce à la vente de vos collections et vos dépenses, et éviter ainsi la banqueroute.
Chaque joueur commence la partie avec un petit pécule de départ ainsi que deux Design Cards déterminées au hasard au moyen d’un token qui influencera le type de vêtements que votre entreprise confectionne ; les collections que vous créerez en fonction de ce type de prédilection vous rapportera plus de points par exemple. Chaque étape de travail se divise en quatre phases : la phase de Planning, la phase d’Action, la phase de Croissance et enfin la phase d’Entretien. Dans la phase de Planning, les joueurs placeront à tour de rôle leurs trois jetons d’action sur les différentes zones du plateau, en fonction de leur stratégie de jeu. Ils pourront ainsi acquérir (gratuitement ou non) des cartes Contrat, Bâtiment, Employé voire de nouveaux designs ou encore acheter des matériaux nécessaires à la confection de vos collections. La phase d’Action sert à résoudre toutes les actions que vous avez réservées lors de la phase de Planning. La phase de Croissance permet d’upgrader vos employés et vos bâtiments (mais attention à avoir assez d’argent pour cela !), et enfin la phase d’Entretien. Cette phase, la seule à être résolue simultanément par tous les joueurs, vous sert à payer les loyers et les salaires, activer les effets des cartes déjà devant vous, recevoir des tokens de Prestige, Qualité, Relations Publiques et Trend et éventuellement… rembourser les prêts contractés. Car, en effet, si vous êtes dans l’incapacité de payer vos dus, vous serez forcés de faire un prêt ! Et évidemment, cela est préjudiciable pour les affaires, car les taux d’intérêt seront importants. Pour éviter cette fatalité, vous avez l’option de contracter un crédit en plaçant un de vos jetons d’action à la banque lors de la phase de Planning ; mais encore une fois, soyez vigilants de liquider vos dettes avant la fin du jeu, autrement vous perdrez des points de victoire ! Lorsque la phase d’Entretien est terminée, les cartes restantes sur le plateau sont remplacées par de nouvelles et les tokens Matériaux rajoutés.
Les Shows seront le moment de lumière pour vos collections : ces rounds sont divisés en cinq phases. Premièrement, l’étape d’échange des Points de Prestige en Points de Victoire reçus dans les tours précédents. Deuxièmement, la phase de Show : présentez vos collections. Une collection est l’ensemble de cartes Design partageant le même style et qui contiennent tous les matériaux nécessaires à sa confection. Plus une collection est importante, plus elle vous rapportera de l’argent et des récompenses. Ces récompenses sont nécessaires pour la phase suivante. En effet, la phase d’Awards récompensera en points de Prestige le joueur qui aura la majorité de certains tokens indiqués par le jeu à chaque Show round. Vient ensuite la phase de Vente. Pour toute collection présentée et vendue, vous recevrez des points de Prestige ainsi que de l’argent en fonction de sa valeur. La dernière phase est celle de l’Entretien et elle a exactement la même fonction que celle présente dans l’étape de travail. Reprenez le cours de vos affaires en avançant le token sur la piste représentant l’année après chaque round. Enfin, le dernier trimestre sera essentiellement une course aux points afin que vous puissiez optimiser votre score final. Pour ce faire, des cartes spéciales prendront la place de celles que vous avez utilisées le reste de l’année. Car ne l’oubliez pas, le joueur ayant le plus de points de victoire à la fin de la partie remporte le jeu et est sacré meilleur designer de prêt-à-porter !
Le diable s’habille en… PaP
Il est vrai que les rééditions de jeux populaires sont légion et une fois de plus, Prêt-à-Porter n’a pas échappé à la règle. Mais quoi de plus légitime qu’un jeu sur le thème de la mode pour se payer un petit lifting afin d’être pile dans l’air du temps ? Car il est vrai que lorsqu’on possède une boîte de Prêt-à-Porter 3ème édition, on ne peut se dire que « Whaouh ! ». La qualité du matériel est au rendez-vous, notamment grâce aux tokens en bois et un double insert thermoformé adapté pour chaque élément du jeu. Il vous suffira de le sortir de la boîte et la poser à côté de votre plateau de jeu pour mettre votre partie en place ! La campagne Kickstarter a permis de débloquer divers sets de cartes Design qui ont été illustrées par des designers invités pour l’occasion. Par exemple, notre rédactrice possède un set illustré par Mathieu Leyssenne, connu pour avoir notamment dessiné les pirates de Jamaica !
Terminé le côté gris-beige austère et chargé de la première édition (pourtant validé par Kim Jong-un himself), nous nous retrouvons avec un design pop et coloré, qui est vraiment dans l’air du temps. Les illustrations de Kwanchai Moryia apportent un côté moderne et tendance à un gameplay qui se veut intemporel. Si le plateau de jeu reste chargé, il est devenu néanmoins plus léger et aérien à la lecture grâce aux codes couleurs et aux pictogrammes ; c’est un jeu lourd en stratégie qui demeure accessible visuellement parlant et surtout très esthétique.
Le thème moderne s’associe à merveille avec le gameplay qui pourrait paraître austère ; ne l’oublions pas, il s’agit d’un gros jeu de placement d’ouvrier, à l’image des euro-games très germaniques. Ce thème de la mode apporte avec justesse de la fraicheur à l’ensemble pour un jeu intense en stratégie. Cette troisième édition apporte aussi des règles du jeu revues et corrigées, pour le bonheur des ludistes qui pouvaient reprocher un manque de clarté dans la première édition. Une mise en place fluide et limpide ainsi que des explications claires illustrent l’ensemble des étapes du jeu ; cela est grandement appréciable pour en acquérir la maitrise ! D’ailleurs, la mise en place (qui peut prendre un peu de temps pour les non-habitués) est expliquée point par point ; il sera donc impossible de se tromper si l’on est attentif !
La prise en main de Prêt-à-Porter sera un jeu d’enfant pour les adeptes d’euro-games et les amateurs de jeux où il est nécessaire de construire une stratégie dès le départ. Car ce jeu ne laisse place à aucun hasard et implique une grosse dose d’interaction directe entre les joueurs. En revanche, novices et rechigneurs du genre, s’abstenir ! Portal Games l’a d’ailleurs précisé durant la campagne KS : si vous n’aimez pas calculer, anticiper vos tours, gérer vos ressources et vous battre contre vos adversaires pour obtenir les récompenses, alors ce jeu n’est pas fait pour vous ! Prêt-à-Porter est un jeu à la mécanique bien huilée et chaque action que vous prendrez aura une incidence sur la suite de votre réussite (ou défaite, selon l’angle de vue mouahahaha rires démoniaques). Car le gameplay sera intense, impitoyable et sans concession, à l’image du business de la mode tel qu’on le connait ; un monde féroce et cruel qui n’hésitera pas à faire fi des entreprises plus fragiles. L’interaction entre les joueurs sera clairement le point fort de Prêt-à-Porter. Avec seulement six actions avant chaque show, vous devrez faire preuve d’ingéniosité pour exécuter votre business plan avant les autres et trouver un équilibre dans vos objectifs. Une partie est prévue pour 90 minutes, ce qui est relativement court pour un jeu de cet acabit. Les tours s’enchaînent rapidement, le rythme est soutenu malgré la multitude d’options qui s’offrent à vous. La rejouabilité sera aussi au rendez-vous, notamment grâce au setup de départ pour chaque joueur qui sera différent à chaque partie et évidemment, grâce au tirage des cartes présentes sur le plateau à chaque tour.
Pas de mode solo pour Prêt-à-Porter ; sinon où serait l’intérêt d’un jeu avec autant d’interactions… ? Il fonctionne très bien à deux joueurs, mais sa configuration optimale demeurera à quatre joueurs. Plus d’adversaires donc plus de compétition pour la première place sur le catwalk ! La victoire sera vraiment disputée, pour le grand bonheur des plus compétiteurs d’entre vous.
Anna Win(le)tour
Prêt-à-Porter fait partie de ces classiques dont il est nécessaire de parler, tant il a reçu d’innombrables critiques positives et nominations pour divers prix ludiques. Initialement édité en 2011, il est rapidement devenu l’un des jeux à stratégie économique les plus emblématiques de sa génération et au thème très immersif et original. A l’image d’une collection capsule haute-couture, le succès fut tel que les 1000 premières copies de ce jeu furent rapidement sold-out et depuis, malgré une seconde édition ayant corrigé quelques coquilles, la demande grandissante sur le marché de l’occasion pour Prêt-à-Porter a incité l’éditeur Portal Games à nous offrir une nouvelle possibilité d’acquérir cette pépite ludique. Prêt-à-Porter entre donc dans la catégorie des jeux « Gros Jeux », tout en y apportant élégance et fashion-attitude. Et aux joueurs réticents par le thème qui pourrait paraître de prime abord trop « fifille » : il n’en est rien. C’est rigoureux, stratégique et très efficace. Soyez certains que vous vous prendrez très vite au jeu de directeur de maison de couture !
La règle du jeu (en anglais)
Prêt-A-Porter sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Portal