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Solenia, Dutrait-bon Pearl Games !

par jeudeclick
Publié : Dernière mise à jour le 607 vues 10 minutes de lecture

En cette rentrée 2018, l’éditeur belge Pearl Games, en la personne de son capitaine Sébastien Dujardin, vous propose de quitter le 22e siècle et ses tréfonds océaniques parcourus dans Otys pour monter à bord de votre meilleur engin spatial et décoller en direction des étoiles… Direction la planète Solenia.

Il était une fois…

Sortant de l’Hyperespace, le Pearl, puissant vaisseau-cargo de la flotte marchande de l’Hémisphère Sud s’immobilisa à quelques encablures de la planète Solenia. Le Capitaine Dujardin, aux commandes du navire depuis l’année stellaire 2-0-10, ordonna aux navigateurs de garder la position jusqu’à nouvel ordre. Un message du centre de contrôle Solène avait requis la paralysie totale du trafic autour de la planète et ce jusqu’à nouvel ordre – ce qui n’était pas sans causer quelques grincements de dents. Le Capitaine Dujardin, d’un naturel plutôt calme, se laissa même aller à quelques verbiages fleuris saupoudrés de qualificatifs peu glorieux de son cru personnel qui seraient très inopportuns à rapporter en ces lignes. Au même moment, la frégate scientifique DEUS apparu à son tour aux abords de la planète, revenant probablement d’une énième exploration lointaine. La mission officiellement officielle du Deus et de son frère jumeau était d’explorer l’espace lointain, mais tout le monde savait qu’il ne s’agissait là que d’un argument commercial de façade sensé dissimuler des ambitions de colonisation bien moins nobles. Mais personne n’en parlait ouvertement… Un vrai secret de polichinelle.

Le message du contrôle Solène continuait à défiler inlassablement sur l’écran de contrôle principal. Mâchant frénétiquement son bâton de réglisse, le Capitaine Dujardin oscillait nerveusement du regard entre la vieille tocante qu’il gardait religieusement accrochée à son poignet, tel le vestige nostalgique d’une époque révolue et une série de documents annotés de toutes parts qui manifestement lui causait un sérieux problème, puisque ce dernier semblait froncer un peu plus les sourcils à chaque nouvelle ligne.  S’avançant au bord de l’espace de commandement, il envoya tout valdinguer par-dessus la rambarde à la surprise générale. Fulminant, le regard noir, il hurla à travers la boutique : « Comm! Balancez-moi illico les Dames de Troyes sur la ligne ; ça va swinguer dans le palto ! »

Le capitaine haïssait profondément l’administration étatique et son extrême inefficacité couplé à une lenteur décisionnelle notoire qu’il n’hésitait pas à dénoncer ouvertement dès que l’occasion lui était donnée. C’est dire si les concernés exultaient quand ils pouvaient occasionnellement lui faire ravaler son caquet. La réponse ne tarda d’ailleurs pas à tomber. « Capitaine ! Contrôle vient de répondre. En substance, ils disent qu’Attila a déjà été défait par le passé aux portes de Troyes et qu’en conséquence, cela pourrait se reproduire si… – excusez-moi du terme, je ne fais que répéter les mots de Contrôle… Si vous ne la mettez pas en veilleuse. »

Dujardin marmonna quelque chose d’indicible dans sa barbe, plus remonté que jamais. Aurait-il été le Commandant d’un navire de guerre, l’assaut aurait déjà été ordonné. Mais le Pearl avait beau avoir ce qu’il fallait où il fallait – comme le Capitaine appréciait à le souligner, il aurait été incapable de rivaliser avec les cuirassiers Classe Tournay dernière génération qui étaient chargés de défendre la planète. Et puis, au-delà du sentiment de vendetta personnelle, même piqué au vif, Dujardin n’était pas assez cinglé pour sacrifier un équipage et une carrière sur un coup de tête. Il prendrait dès lors son mal en patience, non sans mal et non sans démonstrations verbales et gestuelles hautes en couleur…

En attendant, les vaisseaux continuaient à affluer aux abords de la planète et la région commençait sérieusement à se densifier. Le soulagement fut palpable au travers de l’équipage lorsqu’une petite heure plus tard, le message sur l’écran principal signala que les problèmes ayant causé l’interruption du trafic étaient désormais réglés et que les autorisations pour atterrir seraient rapidement délivrées.  « Rapidement… Mais bien-sûr… Qu’ils aillent tous se faire monopoliser la face ! », maugréa Dujardin en s’affalant dans son siège.  Quelques 30 minutes plus tard, suivant le décollage de la frégate scientifique DEUS-EGYPT, frère jumeau flambant neuf du DEUS et véritable bijou de technologie, le Pearl reçu enfin le signal tant attendu, signal que le Capitaine Dujardin agrémenta d’un « Ce n’est pas trop tôt… » du coin des lèvres… Le vaisseau Cargo se mit en branle en direction de l’obscurité permanente de l’Hémisphère Nord.

Les conteneurs furent rapidement débarqués puis alignés sur le tarmac du spatioport de Black-Angel, véritable ville marchande drapée de néons, vivier nocturne éternel, brûlant et asphyxiant ou se côtoyaient toutes les strates sociales, du navigateur expert au contrebandier crapuleux. La Venise du Nord, comme le Capitaine avait tendance à l’appeler, probablement en référence aux multiples canaux qui traversaient la ville, était une sorte de Mos-Eisly sous stéroïde qui aurait fait fuir n’importe quel humanoïde normalement constitué mais qui s’avérait aussi malheureusement être un passage obligé pour qui voulait pérenniser ses activités commerciales sur Solenia.

Depuis des millénaires, le cycle du jour et de la nuit s’était figé sur cette minuscule planète, plongeant son hémisphère nord dans une obscurité permanente et son hémisphère sud dans une clarté ininterrompue. La mission du Pearl et de son équipage était celle de bien d’autres avant eux: livrer aux habitants de la planète les ressources qui leur faisaient cruellement défaut. Les habitants du Sud avaient un besoin constant en pierre et en eau (rares dans leur hémisphère) tandis que ceux du Nord avaient un besoin vital de bois et de blé. Mais l’industrie du commerce était florissante et de jeunes loups assoiffés d’aventure, de gloire et d’or venaient concurrencer sans aucune gêne les vieux loups de l’acabit du Capitaine Dujardin. Mais il n’en avait cure… Tout était question d’efficacité, de constance et de sang-froid, critères dont les jeunes loups manquaient cruellement selon lui.

Il ne fallut que 5 heures de plus pour que le Pearl retrouve un chargement au complet à livrer. Dujardin rappela ses troupes – la pause était manifestement terminée…

Ooooooo Solenia Miooooo

Solenia est un jeu familial de Pick-up & Delivery conçu par Sébastien Dujardin (Tournay, Deus, Troyes…) et illustré par Vincent Dutrait (Lewis and Clark, Museum…). Prévu pour 1 à 4 joueurs dès 10 ans, pour une durée de jeu moyenne de 45 minutes. Le titre est édité par la casa Dujardin alias Pearl Games et sortira pour la Spielmesse d’Essen 2018, en version française, cela va sans dire.

Côté pitch, vous l’aurez probablement compris à travers le récit ponctuant le début de cet article, l’action se déroule sur une planète répondant au nom de Solenia qui possède la particularité d’avoir un hémisphère nord constamment nocturne et un hémisphère Sud tout aussi constamment diurne. L’idée pour les joueurs sera donc de jouer les livreurs de matières premières de part e d’autre pour remporter des étoiles en or,correspondant aux points de victoire dans le jeu. Le joueur qui, à la fin du jeu, sera en possession du plus grand nombre de ces étoiles sera déclaré vainqueur.

Comment qu’il fonctionne ?

Avant de poursuivre, il serait judicieux de s’attarder quelques secondes sur quelques éléments composant la mise en place du jeu. Le plateau de jeu est constitué de 5 bandelettes de 5 tuiles enchâssées les unes aux autres, simulant les phases nocturnes, d’aurore et diurnes et permettant de faire évoluer la composante temporelle par le déplacement de ces dernières. Il comporte également une figurine géante d’Aéronef en son centre qui se déplacera tout au long de la partie et dont l’utilité sera évoquée ultérieurement. 4 tuiles de « livraisons » de chaque type (diurne/nocturne) seront également disposées à l’usage de chacun. Ces tuiles, comportent une requête d’une certaine quantité de ressources, correspondant en quelque sorte à des contrats que les joueurs devront honorer au cours du jeu. Ceci étant, nous y reviendrons un chti-poil plus tard…

Mais pour le moment, reprenons mes bons amis. Dans les grandes lignes, une partie de Solenia se déroulera en une succession de 16 tours de table durant lesquels chaque joueur devra jouer une carte (parmi les 3 qu’il aura en main) en respectant 2 petites règles. A savoir, placer cette dernière sur un emplacement libre (sans carte) et adjacent au géant Aéronef ou à une autre carte jouée par un adversaire. Les joueurs auront le choix entre 2 types d’emplacement : les « îles de production » et les « cités volantes ». Cibler une île de Production permettra aux joueurs de récupérer autant de ressources que la valeur de la carte jouée. Le type de ressource dépendra évidemment du type d’île (bois / pierre / blé / eau). Les cités volantes permettront quant à elles de récupérer autant d’étoiles en or que la valeur de la carte jouée. Cependant, opter pour les points de victoire s’accompagnera également d’une petite clause écrite en bas de contrat que les joueurs devront respecter. A savoir, procéder à une « livraison » en honorant un contrat sur une tuile correspondant au type de la cité (diurne/nocturne). Bien évidemment, les joueurs pourront dès lors récupérer la tuile concernée et la remplacer par une nouvelle de la pioche.

Il ne subsistera alors que 2 actions. Déplacer l’Aéronef en ligne droite d’une case si une carte de valeur nulle a été jouée et résoudre le pouvoir dit « d’expulsion ». Le pouvoir d’expulsion permettra de modifier un tantinet le plateau du jeu en retournant la première bandelette de tuile et en la glissant du coup à la dernière place : la nuit suivante désormais peu à peu le jour. Ce qui aura aussi pour effet de faire défausser toutes les cartes présentes sur la bandelette de tuiles concernée. Selon indications sur lesdites cartes, les joueurs recevront une certaine quantité de ressources.

Après les 16 tours de jeu, il ne restera plus qu’à procéder au décompte des points pour déterminer le vainqueur. Emballé, c’est pesé M’sieur-dames.

Un titre phare ?

Si vous êtes à la recherche d’un défi intéressant, que le concept de Pick-up and Delivery vous parle, que des notions telles que dilemme, questionnement et frustration ne vous révulsent pas et que vous êtes sensibles à l’esthétique d’un jeu, ne cherchez pas plus loin: Solenia est fait pour vous. Il sera en effet question de Momentum, de bonnes décisions prises au bon moment, d’observations judicieuses par rapport aux adversaires et à leurs décisions sans pour autant renier une certaine forme de fourberie et d’opportunisme. Et que dire des qualités illustratives si ce n’est peut-être que Vincent s’est de nouveau distingué. La couverture du jeu, aussi poétique que sublime personnifie avec brio toute la notion de dualité (nocture/diurne) sur lequel repose le jeu. Dutrait-très bon Vincent! Sébastien Dujardin, le talentueux magicien derrière Pearl Games, enchaîne les succès depuis la publication de Troyes en 2010. Il y a donc fort à parier que Solenia sera l’un des titres phares de cette rentrée 2018, trouvant une place de choix au sein du Panthéon ludique que composent ses illustres prédécesseurs… À bon entendeur.

Rédacteur de l’article : Patrick

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