« Le dernier lancement de la fusée, opéré conjointement par les Russes, les Chinois, l’Europe et les Etats-Unis a été une nouvelle fois un échec. Ce dernier a coûté des milliards de dollars et comprenait des humains ainsi qu’énormément de matériel destiné à la terraformation de Mars. La proposition de certains chercheurs du CNRS semble devenir plus intéressante pour essayer de sauver la Race Humaine. Une start-up australienne est la première entreprise à utiliser ses recherches et a commencé le projet « Atlantis ». Ce projet explique que si nous n’avons plus de place sur terre, notre planète, étant recouverte de 72% d’eau, il serait intéressant d’exploiter les fonds marins. Cependant, suite aux alertes des différentes ONG, il a été décidé que s’il fallait exploiter ces fonds sous-marins, afin d’y installer l’humanité, alors il ne serait pas question de refaire les mêmes erreurs que l’Homme a faites sur terre. C’est-à-dire qu’il sera obligatoire de respecter la flore et la faune aquatique. Une course pour la survie de l’Humanité est en route. Le futur Homme sera-t-il un Homme aquatique ou un Homme Martien ? L’avenir nous le dira mais à ce jour le projet Atlantis semble être le plus probable pour le salut de l’Humanité ».
Fin 2018, lors du salon d’Essen, est sorti un jeu de gestion un peu de nulle part. A la tête de ce jeu, Vladimír Suchý qu’on a pu connaître – entre autre – au travers de Last Will ou encore plus récemment Pulsar 2849. L’auteur tchèque assisté par Milan Vavroň pour la partie artistique a fait confiance à une très jeune société d’édition, Delicious Games pour faire paraître son dernier jeu.
Ce titre prévu pour 1 à 4 joueurs vous propose de prendre la tête d’une grande entreprise de construction. Dans un monde où la surpopulation ne donne plus place au développement, et où la conquête de Mars prend du retard, le salut de l’Humanité passera par le développement de cités sous-marines. Cependant, hors de question de refaire les mêmes erreurs que sur Terre. Il faudra donc développer des fermes d’algues, des laboratoires et stations de dessalement pour rendre ces nations sous-marines autosuffisantes. Cité par cité vous devrez développer, trouver un équilibre et aussi relier les métropoles côtières afin de pouvoir commercer avec elles.
Tu viens jouer Marine ?
Dans Underwater Cities, vous allez jouer 10 manches. Chaque manche se compose de 3 tours équivalents à 3 actions par joueur. A la fin de la 4ème, 7ème et dernière manche, une étape de production a lieu permettant ainsi de récupérer les ressources et autres gains. A l’issue de la 10ème manche, un décompte de points de victoire final aura lieu et celui d’entre vous en ayant le plus sera vainqueur de la partie.
Le cœur du jeu est dans l’utilisation d’actions. Il y a 12 à 15 actions disponibles (selon le nombre de joueurs) et par manche chaque action est unique. Lorsqu’un joueur effectue une action, cette dernière ne sera plus disponible jusqu’à la fin de la manche en cours. Les différentes actions sont séparées en 3 couleurs : jaune, rouge et verte. Nous avons constamment en mains 3 cartes. Lorsqu’on effectue une action, il faut jouer une carte en même temps que cette dernière. Les cartes se voient associées une couleur comme les actions (jaune, rouge ou vert) et lorsque la carte jouée est de la même couleur que l’action, alors cette dernière s’active. Il y a plusieurs types de cartes et activations. Avec effet immédiat, avec effet permanent, cartes action, cartes production et cartes de décompte final.
Dans le jeu, on va utiliser les actions afin de récupérer des ressources, construire de nouvelles cités, des tunnels reliant ces dernières ou encore des installations permettant – lors de la phase de production – de produire des ressources. Il est possible également d’améliorer les diverses constructions afin qu’elles soient plus efficaces et produisent mieux. Lors des phases de production les joueurs verront leurs cités produire des ressources et des points de victoire afin de mieux préparer l’ère suivante.
J’adoooore les Suchý !
En possession d’une des rares boîtes de ce nouveau jeu qu’est Underwater Cities, notre excitation était vraiment palpable. C’est un peu retombé à l’ouverture du boitage car les composants sont à manipuler avec précaution. Tout comme on vous conseille vivement de protéger vos cartes, ne serait-ce que pour une question de durée de vie ! L’éditeur est plutôt « jeune » et il prendra sans doute un peu d’expérience avec le temps sur la qualité des composants. Allez-y donc doucement… mais on vous rassure, vous pouvez quand même y jouer sans aucun soucis.
Cependant il n’y a pas à s’offusquer car il y a beaucoup de matériel dans la boîte. Un plateau recto/verso, 4 plateaux individuels double-face. Mais aussi plus de 200 cartes qui sont incluses ainsi que des tuiles ressources en carton et des tuiles métropoles en carton. Avec tout cela, des disques en bois pour les joueurs, 30 dômes en plastique pour les cités ainsi que plus de 100 jetons plastiques pour les différents laboratoires, fermes et stations de dessalement. Le matériel est joli et permet vraiment une excellente immersion dans le jeu.
Le travail graphique est plaisant, les plateaux sont très lisibles et les illustrations sur les cartes sont jolies et on entre vraiment dans le thème. De plus, il y a peu de texte sur les composants et ce texte reprend les pictogrammes des actions. Cela permet de bien clarifier ces différents pictos et c’est toujours très positif.
La règle est très bien écrite et facile à prendre en main. Les 16 pages concernant l’explication sont faciles à comprendre avec de nombreuses illustrations. De plus, en fin du livret, des pages donnent davantage de précisions sur les diverses actions. Une FAQ est aussi présente. Pas mal ! Accompagnant le livret, une aide de jeu dense mais complète est distribuée à chaque joueur leur rappelant les divers coûts ou productions. Cette aide est vraiment très pratique pour aider à mieux optimiser et gérer son entreprise ainsi que s’orienter vers la victoire.
La prise en main se veut facile et rapide et les mécanismes de jouabilité sont très simples. Si on se met rapidement à jouer à Underwater Cities, il est plus complexe à imaginer les orientations que nous allons prendre durant le jeu. On se laissera néanmoins diriger par les différentes cartes que nous récupérerons durant la partie. C’est véritablement à l’issue de la première phase de production, à la fin de la 4e manche, que nous nous rendons compte d’une potentielle stratégie à mettre en place pour tenter de gagner. Il est toujours appréciable de trouver un jeu complexe qui se comprend rapidement. Bien évidemment, il y a une forte marge de progression et il ne semble pas y avoir une stratégie plus forte qu’une autre. Rapidement, on se rend compte que le jeu est bien équilibré et cela, c’est toujours une excellente chose.
Les mécanismes d’Underwater Cities sont juste formidables. N’ayons pas peur de le dire ! Cela paraît simple de prime abord mais le fait d’associer une carte à une action et de chercher les meilleurs combos… wouaw ! On a des possibilités de « brasser » les cartes afin d’optimiser celles qu’on a en mains car la limite de 3 à la fin du tour est autant pénalisante qu’elle nous aide. Le second mécanisme intéressant est celui de la production. Il faudra chercher absolument à bien choisir les bâtiments à construire et à faire évoluer afin de pouvoir orienter au mieux notre production selon nos objectifs. Ce qui nous a également interpellés en tant que mécanismes c’est le scoring. Tout au long de la partie on marque des points de victoire mais un décompte final est également fait. Celui-ci est multiple. Des cartes nous permettent de faire un décompte, le nombre de bâtiments différents et les diverses ressources et crédit en fin de partie y participent. C’est très intéressant car cela permet d’avoir plusieurs axes de développement afin de chercher la victoire.
Le dernier titre de Vladimír Suchý nous emporte dans son thème, via les diverses actions et on ressent bien que ce dernier n’est pas plaqué sur les mécanismes mais adapté à celui-ci.
Durant la partie, bien qu’elle dure un temps certain, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer. Nous sommes constamment en train de planifier et croiser les doigts pour que la prochaine action souhaitée soit disponible car toute la tension vient de là. En effet, le fait que les actions une fois utilisées sont indisponibles pour les autres joueurs apporte énormément de tension et de rivalité. On ne fera jamais de partie sans râler sur le joueur précédent car il a pris « notre action ». Underwater Cities est un gros jeu de gestion mais cette partie d’interaction le rend « fun » et on s’y amuse vraiment. C’est très rare d’avoir un jeu de cette dimension apportant autant de plaisir entre les joueurs car même si l’action est bloquée, au final on n’est pas tant bloqué et il y a toujours quelque chose à faire.
Le jeu s’adapte bien quel que soit le nombre de joueurs. En effet, le plateau recto/verso permet sur une face de jouer à 1 ou 2 joueurs. Sur l’autre face, pour 3 et 4 joueurs, on va pouvoir découvrir des actions supplémentaires par rapport à la face 1 et 2 joueurs. Lorsqu’on joue à 4, une action unique par phase permet de pouvoir effectuer une action déjà bloquée par un autre joueur. Grâce à ces petites différences et adaptations, le jeu s’adapte parfaitement au nombre de joueurs autour de la table afin qu’on puisse vraiment y prendre du plaisir.
Ce jeu a vraiment été une très bonne surprise du salon Essen. Un jeu velu qui bien qu’il se joue en quelques heures est facile à prendre en mains et donne une sensation d’accomplir quelque chose. En général, après une partie, on a juste envie de ressortir le jeu et en refaire une. Il fait partie de ces rares jeux de gestion qu’on a envie de sortir régulièrement bien que ce ne soit pas toujours évident de trouver un public souhaitant jouer 2 à 3h par partie. C’est pour nous une grande réussite de la part de l’auteur et un jeu vraiment accompli.
Aujourd’hui (janvier 2019) Underwater Cities n’est disponible qu’en anglais mais il serait étonnant de ne pas le voir arriver en version française durant l’année 2019. Surtout que l’éditeur évoque une version francophone aux environs de fin avril 2019 avec une production d’ores et déjà en cours. Par ailleurs, la règle VF est déjà disponible en téléchargement. Souvent comparé à Terraforming Mars, l’opus est quand même bien différent et fait qu’il peut facilement trouver sa place dans une ludothèque aux côtés des expéditions martiennes. Allons à présent rejoindre Jacques Mayol, prenons notre souffle et plongeons pour le bien de l’Humanité !
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu en français
Le site de l’éditeur Delicius Games