Les super-moteurs du vaisseau diminuent doucement en puissance. Après la sortie de l’hyper-espace, les propulseurs conventionnels prennent le relais. En ces territoires inconnus et encore inexplorés, tout l’équipage est aux aguets. Et les données ne tardent pas à arriver après un rapide scannage des environs par l’ordinateur de bord. Le sonar ne détecte aucun mouvement hostile et les premières télémesures s’affichent sur l’écran central. Personne ne lâche des yeux les moniteurs. Surtout que les données sont à peine croyables ! Des dizaines de petites planètes sont détectées par les capteurs du vaisseau. La liste s’actualise petit à petit et l’ordinateur de bord est formel… Oxygène, hydrogène, azote, carbone, phosphore… Des éléments essentiels au développement de la vie y sont présents ! Mais, ces planètes, seront-elles hostiles ou hospitalières ? Il n’y a pas d’autre choix; il faut visiter ces nouveaux mondes !
Quand il s’agit de jouer les explorateurs intrépides aux confins d’une galaxie inconnue, on répond présents ! Surtout si les gars de Catch Up Games ont affrété une navette exprès pour nous… Et puis, fichtre, on les aime bien nous les gars de Catch Up ! Surtout qu’on les suit depuis le début et qu’on a déjà été séduits par bon nombre de leurs jeux. On vous a déjà parlé de Twelve Heroes, Paper Tales et son extension, CuBirds, Fertility, Pharaon; vous vous en souvenez ?
Pour cette nouveauté ludique qu’est Wild Space, le designer Johachim Thrôme a pris les commandes. Capitaine Thrôme avait d’ailleurs déjà fait parler de lui avec la réalisation du jeu Dicium, chez Geek Attitude Games. Et pour l’univers graphique, il a été confié aux bons soins d’Amélie Guinet. 1 à 5 capitaines émérites pourront prendre part à une partie de Wild Space, pour un temps de jeu d’environ trente minutes. Peut-être une dizaine de minutes en plus si on veut prendre le temps d’optimiser correctement son jeu.
Parce que oui, il sera surtout question d’optimisation dans Wild Space ! Avec votre équipage, des animaux aux capacités dont il est impossible de se passer aux confins de la galaxie, vous devrez naviguer de planètes en planètes en les explorant. En dix tours, vous utiliserez vos membres d’équipage pour gagner de précieux « crédits » en fin de partie. Basé essentiellement sur des cartes, votre jeu devra présenter des combos optimisés pour espérer remporter la victoire. Un titre stratégique, de collection d’ensemble, qui vous emmène dans les étoiles… Vous embarquez avec nous ?
Un jeu qui a du crédit !
Le but du jeu est de devenir l’explorateur le plus riche de la galaxie en fin de partie. Vous devrez constituer votre équipage pour gagner des « crédits », sachant que chaque joueur débute la partie avec une carte de capitaine posée devant lui. Wild Space se joue en dix tours de jeu.
A votre tour, vous devez soit jouer une de vos cinq navettes sur une des planètes accessibles situées au centre de la table. Ou alors, explorer une planète sur laquelle vous avez déjà fait atterrir une de vos navettes. Si vous décidez de jouer une de vos navettes sur une planète, vous devrez préalablement vous poser sur l’un des deux secteurs (droit ou gauche) puis satisfaire au pré-requis de cette zone de pose. Ensuite, vous pourrez effectuer l’action du bas de la tuile. Si au contraire vous choisissez d’explorer la planète où vous avez préalablement atterri, vous déplacez simplement votre pion navette vers le haut du secteur de la tuile, puis vous effectuez l’action indiquée.
A présent, voyons en quoi consiste ces fameux pré-requis et les actions possibles. Vous avez débuté la partie avec trois cartes de membres d’équipage dans votre main. Chaque pré-requis vous demandera par exemple de défausser des cartes spécifiques de votre main sachant qu’il existe différents membres d’équipage : des spécialistes avec des différents types de métiers, des robots et des émissaires. Vous pourrez aussi devoir posséder certains types de membres d’équipage dans votre équipe, ou devoir retirer un membre de votre équipage. Les actions quant à elles, consisteront à piocher de nouvelles cartes ou d’en poser devant vous. Les poser devant vous consiste à compléter votre équipage et seules les cartes posées vous permettront de remporter des crédits en fin de partie. Lorsqu’une carte est posée, il est alors possible de déclencher l’effet qui y est indiqué. Ces effets consistent également à vous faire piocher des membres d’équipage ou d’en poser de nouveaux dans votre équipe. Et à chaque fois qu’une nouvelle carte est posée, son effet peut se déclencher, ce qui explique de nombreux enchaînements possibles.
Quand chaque joueur a posé et déplacé ses cinq navettes, et donc joué dix tours de jeu, la partie prend fin. On procède alors au décompte des points. Les membres d’équipages identiques posés devant vous rapportent des crédits. Tout comme une série de six membres différents. Les émissaires en jeu et les robots de votre équipe rapportent également des crédits. Et finalement, il est encore possible de compléter son score avec certains effets de sa carte capitaine. In fine, le plus riche l’emporte.
Cap sur planète combos…
Un petit format de boîte qui nous vend un jeu stratégique, estampillé Catch Up Games; forcément cela suscite chez nous un vif intérêt. A l’ouverture du boitage, il n’y a pas vraiment de surprise. On s’attendait à une production réussie et force est de constater que la promesse est remplie. Plus de 100 cartes au format carré, des tuiles bien épaisses pour les planètes, quelques jetons en carton, 25 navettes en bois, un feuillet de score, et le livret des règles. Des composants – et plus spécialement les cartes – que les plus soigneux, remarquez que nous n’avons pas dit « maniaques » – ne manqueront pas de protéger vu qu’elles ne comportent pas de toilage.
Mais ce qui nous ravis à l’ouverture de la boîte, c’est véritablement la thématique qui a été magnifiquement illustrée par Amélie Guinet. Déjà, on apprécie l’originalité d’un équipage spatial composé d’animaux. Il fallait oser. Et les visuels, tous réalisés en 2D rappellent les univers graphiques de CuBirds, et de manière plus éloignée, de Paper Tales; tous les deux de précédents jeux édités chez Catch Up. Même si cela n’était pas voulu, l’éditeur suit une certaines cohérence dans les jeux qu’ils proposent. Et tant mieux, parce que le rendu est véritablement réussi.
En revanche, il faut bien le reconnaître, si le thème a été joliment travaillé et de manière originale, on se retrouve un peu en décalage avec le gameplay de Wild Space. Certes ce n’est pas évident de faire correspondre thématique et gameplay, mais lors des actions de jeu, il nous faut une bonne dose d’imagination pour nous imaginer sur une planète éloignée, en train de requérir les compétences spécifiques de nos membres d’équipage. Concrètement, notre cerveau imagine plutôt les bons combos à effectuer sans pour autant se rattacher au thème. Mais, cela n’enlève vraiment rien au plaisir ludique et à la satisfaction de se retrouver face à un système de jeu bien abouti et qui nous met au défi.
Côté règles, le document de douze pages offre une excellente approche et tout est parfaitement rédigé. En une lecture, le gameplay sera assimilé et Catch Up Games n’a laissé aucune place à l’interprétation. De nombreuses illustrations ponctuent le document d’instruction avec des exemples et un résumé des différents pictogrammes. Cerise sur le gâteau, les plus paresseux seront ravis, puisque l’éditeur propose aussi l’ensemble de la règle dans un tutoriel vidéo de neuf minutes. On vous met le lien au bas du sujet.
Prendre en main Wild Space aura été pour nous relativement simple. A notre tour, il n’y a que deux actions possibles et les options offertes aux joueurs permettent de ne pas s’éparpiller. Avant de débuter la partie, on vous conseille vivement une petite lecture du résumé des pictogrammes, et il n’y aura aucun problème pour entrer dans le vif du sujet. En revanche, comptez deux ou trois parties pour optimiser vos combos. En effet, on peut être un peu dérouté lors de l’approche initiale avec les nombreux enchaînements possibles que proposent les effets des cartes. Et surtout avec les meilleurs enchaînements à mettre en place. Il y a là une belle courbe d’apprentissage qui ne nous a franchement pas déplu.
Basés essentiellement sur des cartes, les mécanismes utilisés font appel à de la gestion de main, à laquelle s’ajoute un gameplay axé sur des combos. On vous l’a déjà dit mais cet aspect du jeu est vraiment central dans Wild Space. La réflexion s’invite très rapidement à la partie et on savoure véritablement le fait d’enchaîner les poses de cartes. Ainsi, les mécanismes offrent de quoi optimiser ses parties et si on apprécie un minimum la stratégie ludique, on est vraiment servi avec cette petite boîte de jeu qui regorge de possibilités. A tout cela s’ajoute encore le mécanisme des collections qui est bien connu dans le monde du jeu. Mais l’ensemble « match » pour une bonne fluidité. Cependant, paramètre important à prendre en compte, surtout pour certains joueurs, à savoir que nous sommes un peu dépendants du tirage des cartes. Nous avons aucunement été gênés avec cela car il faut s’adapter et le système de jeu offre suffisamment de possibilités. Mais… certains n’apprécient pas toujours. Dernière précision, on vous conseille d’enchaîner vos poses de cartes sans jamais rien lâcher car en cours de partie, il n’est pas toujours facile d’avoir une vision de votre scoring. Et encore moins de celui de votre voisin. Ainsi, autant donner le meilleur de vous-même !
Le déroulement des tours n’est pas complexe et cela va assez vite avec peu d’actions à effectuer. Même s’il faudra quand même laisser le temps aux joueurs de planifier leurs enchaînements. Ce n’est pas toujours simple de tout prendre en compte. Il y a quand même une bonne fluidité de partie en partie et cela est plutôt plaisant.
Pas de souci à vous faire en matière de rejouabilité. A chaque partie, toutes les planètes ne sont pas utilisées. Par ailleurs le deck de cartes est vraiment important et les diversités des enchaînements assurent des parties qui se renouvellent à chaque fois.
Fenêtre de lancement définie
Wild Space s’avère incontestablement une excellente expérience ludique. Son thème ne manque pas d’originalité et on retrouve un bon système de jeu bien mijoté aux petits oignons par Catch Up Games. A chaque partie, il faut faire la part des choses entre le fait de piocher des cartes ou d’en poser. Le but n’est pas de posséder beaucoup de cartes en main, mais de pouvoir les comboter entre-elles. Et ces fameux combos composent le cœur même de ce qu’est Wild Space. Tout simplement savoureux ! A deux ou à plus de deux, on passe à chaque fois un super moment à s’amuser et à profiter de ce que l’auteur nous a concocté.
On ne l’a pas non plus précisé de manière détaillée, mais l’opus propose aussi une version solo, pour laquelle l’adversaire utilise un deck de type automa. L’occasion pour nous de revenir sur le sujet dans un autre article.
L’appel des étoiles et de la découverte de nouvelles planètes aux confins de la galaxie font que nous allons sous peu nous replonger dans une partie. Et vous, quand est-ce que vous vous y mettez ?
Maintenant, à vous de vous forger votre propre avis.
La règle du jeu en français
La règle en vidéo
Wild Space sur Board Game Geek
Le site de l’éditeur Catch Up Games